La Voisine Idéale. Блейк Пирс
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Heureusement pour elle, son petit copain, qui avait récemment emménagé chez elle et Hannah, était un agent de la police de Los Angeles décoré qui semblait capable d’affronter un taureau en furie dans le cadre d’une compétition de lutte. Ryan Hernandez, le principal enquêteur de la SSH, la Section Spéciale Homicide de la police de Los Angeles, mesurait un mètre quatre-vingt-deux et pesait quatre-vingt-dix kilos sans graisse. Jessie avait parfois l’impression de sortir avec son garde du corps personnel, même si ce n’était pas le cas maintenant.
– Ça va ? demanda-t-elle quand il alla s’asseoir sur le sofa et s’y allongea en posant ses pieds nus sur l’accoudoir.
– Très bien, dit-il.
Alors, il décida de la taquiner.
– Tu leur mets assez de liquide vaisselle, à ces plats ?
– Tu te rendras vite compte de la quantité de liquide vaisselle que j’utilise si tu ne retires pas tes pieds puants de mon sofa.
Il obéit sans dire un mot, mais lui tira la langue. Elle essaya de ne pas sourire.
En plus d’avoir cet homme fort comme compagnie, elle se sentait aussi rassurée parce que son appartement était en grande partie un bunker. Il avait été conçu de la sorte quand elle avait été pourchassée par son propre père biologique, un tueur en série du nom de Xander Thurman, qui avait décidé qu’elle marcherait dans les pas de son père ou en deviendrait la prochaine victime.
Donc, elle avait emménagé à un endroit où des policiers à la retraite servaient de vigiles, où le parking était fermé et surveillé 24 heures sur 24 et 7 heures sur 7 et où des caméras de sécurité avaient été installées dans tous les halls et dans tous les espaces publics, mais ce n’était que le début.
Elle était un des quelques résidents, tous dotés de professions très en vue, qui habitaient au treizième étage, l’étage secret dont presque aucun des résidents de l’immeuble ne connaissait l’existence. On ne pouvait y accéder que par les escaliers venant des douzième et quatorzième étages et dont les portes étaient cachées derrière des placards de service.
En plus de tout ça, Jessie avait installé son propre système de sécurité élaboré pour l’appartement, comprenant plusieurs serrures et alarmes. Le seul avantage d’avoir été l’épouse d’un conseiller financier assassin mais riche et accompli, c’était que, quand elle avait divorcé de lui, elle était devenue non seulement indépendante mais également riche elle-même.
En dépit de toutes ces précautions, elle savait que Kyle, un sociopathe qui l’avait trompée pendant dix ans, était rusé et impitoyable. Il avait presque réussi à tuer sans se faire arrêter. Il avait réussi à échapper à une peine de prison prolongée par la négociation. Elle n’allait pas sous-estimer sa capacité à contourner ses mesures de sécurité.
– Tu es prête pour le dessert ? lui demanda Hannah de la table, remmenant Jessie au moment présent pendant qu’elle rinçait les derniers plats. J’ai préparé des tartelettes aux poires.
Jessie n’avait plus faim mais ne voulait pas fragiliser encore plus l’ambiance positive de cette soirée.
– Je suis pleine à craquer, mais je pourrais essayer une petite tartelette, dit-elle en obtenant un sourire satisfait de la part de sa demi-sœur.
Ces jours-ci, tous les sourires qu’elle pouvait obtenir étaient autant de victoires. Même si, dans son appartement, tout paraissait agréable, il y avait incontestablement une tension tout juste palpable. Quand Ryan avait envisagé de vivre avec Jessie et de lui en parler, il avait d’abord demandé la permission à Hannah. Même s’il avait ainsi fait preuve de considération, Jessie sentait que Hannah avait consenti plus par politesse que par enthousiasme sincère.
Il était clair que Hannah voulait que Jessie soit heureuse, mais il était tout aussi évident qu’elle n’adorait pas l’idée de partager un appartement à deux chambres avec un couple amoureux, particulièrement parce que ces deux-là étaient tous deux membres de la police.
Alors que Jessie réfléchissait à ce problème, Hannah approcha, sortit les tartelettes du four et, sans un mot, posa la plus petite, qui était aussi un peu brûlée, sur le plan de travail mouillé à côté de Jessie.
– Bon appétit, marmonna-t-elle.
– Merci, dit Jessie en décidant de mettre l’accent sur le cadeau plutôt que sur la manière dont il était offert.
Parfois, la légère rancœur de Hannah s’exprimait sous la forme de remarques adolescentes passives-agressives ou, dans ce cas, de tartelettes aux poires brûlées. Parfois, elle se manifestait par un silence renfrogné. Ce n’était pas constant, mais cela se produisait assez souvent pour être visible. Ses yeux verts se faisaient ombrageux, son grand corps prenait une posture voûtée et ses cheveux blond roux se retrouvaient soudain attachés en une queue de cheval austère et dédaigneuse.
Les circonstances n’étaient pas non plus idéales pour Jessie et Ryan. Aucun des deux ne sentait qu’il pouvait se laisser aller sur le plan amoureux quand une fille de dix-sept ans était présente dans une chambre située juste de l’autre côté du salon. Cela faisait moins d’un mois qu’ils vivaient ensemble comme cela, mais il devenait déjà clair qu’une conversation sur l’avenir de leur vie commune allait s’avérer inévitable.
– Avec toute la sécurité que tu as ici, nous pourrions peut-être investir dans l’isolation sonore de la chambre.
C’était le seul trait d’humour que Ryan avait formulé sur ce sujet. Ensuite, il y avait l’autre question, celle qui les concernait tous. Hannah Dorsey était-elle stable ? Jessie avait récemment décidé d’assurer la garde de la demi-sœur dont elle n’avait découvert l’existence que lorsque son père tueur en série avait assassiné les parents adoptifs de Hannah. Ensuite, un autre tueur du nom de Bolton Crutchfield avait massacré ses parents adoptifs, kidnappé Hannah et tenté de l’endoctriner pour qu’elle devienne comme lui. Cela exigeait beaucoup de résilience pour qui que ce soit, surtout pour une jeune lycéenne.
– Fais attention avec ce couteau, je te prie, dit-elle quand Hannah s’en servit imprudemment pour détacher les tartelettes restantes du papier cuisson qui couvrait le plateau.
– Merci, maman, marmonna Hannah à voix basse tout en continuant d’utiliser la lame en acier comme brosse à récurer.
Jessie soupira sans répondre. Voir sa demi-sœur tenir un long couteau-scie était déconcertant. Alors qu’elle essayait de lui créer un environnement sûr, Jessie craignait qu’un résidu de pulsions homicides n’ait été implanté dans cette fille. Avait-elle secrètement acquis une soif de sang après avoir découvert la puissance cruelle que la violence offrait à ceux qui s’y adonnaient ? Est-ce qu’un gène d’instinct meurtrier avait d’une façon ou d’une autre été transmis du père à la fille ? Enfin, si tel était le cas, est-ce que Jessie l’avait aussi ?
C’était une question sur laquelle elle avait ruminé pendant des mois. Elle l’avait soumise à la thérapeute, la docteure Janice Lemmon, qui avait aussi examiné Hannah. C’était une question qu’elle avait même posée à son mentor, le célèbre profileur criminel Garland Moses, mais personne ne pouvait fournir de conclusion définitive sur la nature de Hannah, tout comme Jessie semblait incapable de fournir une réponse certaine sur