L'Odyssée. Homer
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Le soleil s'élevait déjà sur la plaine des eaux lorsque Minerve et Télémaque arrivèrent à Pylos. Les habitants, assemblés sur le rivage, offraient à Neptune neuf taureaux noirs. La déesse descendit du vaisseau la première et, s'adressant au fils d'Ulysse, elle lui dit:
—Télémaque, ne sois point timide; n'oublie pas le but de ce voyage qui est de rechercher ton père; parle à Nestor et supplie-le de te dire la vérité.
Télémaque lui répondit:
—Je n'ose m'approcher, n'ayant point l'expérience des sages discours, et je me sens bien jeune pour interroger un vieillard.
Minerve le rassura, lui disant:
—Télémaque, cherche dans ton esprit ce que tu dois dire, un dieu t'inspirera.
Ils arrivèrent auprès des Pyliens. Nestor, avec ses fils et ses compagnons, préparaient le festin: apercevant les étrangers, ils vinrent à leur rencontre, les invitant à s'asseoir. Pisistrate, fils de Nestor et son frère Thrasymède leur offrirent les viandes rôties et, dans une coupe d'or, le vin ambré. Pisistrate dit alors à la fille de Zeus ces paroles de bienvenue:
—Noble étranger, invoque le premier Neptune souverain, en l'honneur duquel nous célébrons ce banquet; puis donne à ton jeune compagnon la coupe de vin parfumé pour qu'il prie à son tour les Immortels.
Il dit et lui présente le vin généreux. Minerve, charmée de la sagesse du héros, adresse les vœux suivants à Neptune.
—O Neptune, écoute ma prière: donne la gloire à Nestor et à ses fils; accorde aux Pyliens la douce récompense de cette hécatombe magnifique, et à Télémaque et à moi, de revenir dans notre patrie, ayant accompli le dessein qui nous amène ici sur notre vaisseau noir.
Ayant ainsi prié, elle donna la coupe au fils chéri d'Ulysse, qui pria à son tour. Dès qu'ils eurent mangé et bu, Nestor prit la parole:
—Etrangers, qui êtes-vous? D'où venez-vous, quel intérêt vous amène à Pylos? Vous n'êtes certes pas des pirates errant sur les routes humides et pillant l'innocente barque?
Télémaque lui dit avec assurance:
—O Nestor, fils de Nélée, grande gloire des Grecs, nous venons d'Ithaque à la recherche de mon père, le divin Ulysse, qui, avec toi, renversa la ville des Troyens. J'ignore s'il a péri; je t'en conjure aujourd'hui, dis-moi la vérité. As-tu été témoin de sa triste fin ou quelque mortel te l'a-t-il racontée?
Nestor, cavalier de Gérène, lui répondit:
—O ami, tu me rappelles les douleurs des indomptables Achéens, errant sur les sombres mers, ou combattant la ville de Priam. Là sont tombés les plus vaillants: Ajax, Achille, Patrocle et mon fils Antiloque, si beau, si brave, si léger à la course et si ferme au combat. Que de maux soufferts encore! Comment les raconter tous? Cinq ou six années même n'y suffiraient pas, et fatigué, tu retournerais dans ta patrie avant la fin de mon récit...—Pendant neuf ans, nous luttâmes et nul n'osa jamais se comparer à Ulysse pour la prudence et la ruse. En t'écoutant, je crois entendre parler ton père, avec lequel nous n'avions qu'un cœur dans l'assemblée des Argiens...—Quand la formidable Ilion fut renversée, nous nous en retournâmes sur nos navires emportant nos richesses et nos prisonnières à la large ceinture, mais Zeus nous dispersa pour nos injustices. Ménélas voulait, sans tarder davantage, traverser les plaines humides, mais Agamemnon refusa. Il resta avec la moitié de l'armée pour immoler de saintes hécatombes et apaiser la déesse aux yeux bleus. Arrivés à Ténédos, nous offrîmes les sacrifices divins; Zeus cependant ne nous accorda pas le retour; il alluma parmi nous la funeste discorde. Les uns suivirent le sage Ulysse: pour moi, je continuai ma route avec Tydée et ses compagnons. Ménélas nous rejoignit à Lesbos; nous délibérions sur notre route et les dieux nous envoyèrent un présage, nous ordonnant de voguer vers l'Eubée pour échapper au péril, laissant à gauche, Chio rocailleuse, la côte de Psyria et fuyant le ventueux Minias. Nos navires rapides traversèrent les plaines poissonneuses et abordèrent à Géreste. Le quatrième jour, Diomède atteignit Argos; moi, je me dirigeai vers Pylos et j'ignore, mon cher enfant, quel fut le sort des autres Achéens. J'ai ouï dire que depuis, les Myrmidons valeureux, conduits par le fils d'Achille, ont revu l'heureux jour du retour; de même Philoctète, fils de Péan, et Idoménée. Quant au fils d'Atrée, vous savez sa fin déplorable, mais Egisthe a expié son crime; heureux le héros qui laisse en mourant un fils vengeur. Toi aussi, mon ami, sois vaillant, afin que nos descendants parlent de toi avec honneur.
Le sage Télémaque lui dit:
—Divin Nestor, Oreste a bien vengé son père et la postérité l'honorera. Ah! si les dieux m'avaient donné la force de punir l'insolence des prétendants qui m'outragent! Mais ils me l'ont refusée et je dois souffrir aujourd'hui.
Le cavalier Nestor répondit:
—O ami, je connais tes malheurs et l'arrogance des prétendants qui poursuivent ta mère, mais qui sait si le héros ne reviendra pas les punir? Si Minerve te chérit comme elle chérissait Ulysse, ces audacieux oublieront vite l'hymen.
Télémaque, tristement, lui dit:
—Ah! je n'ose espérer ce bonheur, même avec la volonté des dieux.
La déesse aux yeux bleus dit à son tour:
—Télémaque, quelle parole a franchi la barrière de tes dents? Un dieu, s'il le veut, sauve un mortel, même de loin; cependant les dieux mêmes ne peuvent écarter de lui la mort, commune à tous, quand il est désigné par le destin funeste.
Télémaque lui répondit:
—Mentor, je voudrais maintenant interroger le fils de Nélée sur un autre sujet.—Dis-moi, Nestor, comment est mort Agamemnon? Ménélas n'était donc pas dans Argos, quand Egisthe tua ce héros plus vaillant que lui?
—Mon enfant, lui dit Nestor, voici la vérité: Pendant que sous les murs d'Ilion, nous accomplissions de nombreux travaux, Egisthe, paisible dans Argos, charmait par ses paroles l'épouse d'Agamemnon. La divine Clytemnestre, à la vérité, recula longtemps devant le crime honteux, car près d'elle veillait l'aède charmeur désigné par le fils d'Atrée pour protéger l'épouse. Mais quand l'heure du destin la dompta, l'infidèle suivit le séducteur après qu'il eut fait périr l'aède divin. Ménélas et moi revenions alors des rives de Troie, quand Phébus, près de Sunion sacrée, frappa de ses douces flèches le fils d'Onétor, Phrontis, pilote habile au gouvernail. Ménélas, retenu par les funérailles de son compagnon, atteignit ensuite la haute Malée, et Zeus, déchaînant les vents rapides, dispersa ses vaisseaux, jetant les uns vers la Crète habitée par les Cydons, près de la roche polie par les vagues, à l'extrémité de Gortyne, où le Notos pousse le flot sombre. Là, se brisèrent les vaisseaux, d'où les hommes n'échappèrent qu'avec peine; les autres furent portés vers l'Egypte. Pendant ce temps, Egisthe tuait le fils d'Atrée, soumettait le peuple et régnait sur la riche Mycènes. La huitième année, Oreste, revenant d'Athènes, immolait le meurtrier de son père, le jour même du retour de Ménélas, brave au cri de guerre. Mais toi, ami, ne t'éloigne pas longtemps de ta demeure, pars maintenant pour Lacédémone, où te conduira l'un de mes fils, et là, supplie le blond Ménélas de te dire tout ce qu'il sait du divin Ulysse.
Il dit. Le soleil se coucha; Minerve alors