L'Odyssée. Homer

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу L'Odyssée - Homer страница 7

Автор:
Серия:
Издательство:
L'Odyssée - Homer

Скачать книгу

enfants, nul ne peut égaler Zeus en richesses; celles que vous admirez sont le fruit de mes longues courses et de nombreuses souffrances. Je les ai ramenées sur mes vaisseaux après avoir erré huit ans à Cypre et en Phénicie, en Egypte et en Ethiopie, à Sidon et chez les Erembes, et en Libye où les agneaux naissent avec des cornes, et où ni maîtres, ni pasteurs ne manquent de fromage, de viande et du lait doux des brebis. Tandis que j'errais, amassant des richesses, un homme aidé d'une épouse perfide, tua traîtreusement mon frère; aussi, sur ces biens, je règne sans joie. Vos pères connaissent déjà ces aventures. Souvent, assis dans mon palais, je pleure sur ces guerriers morts devant la vaste Troie et je repais mon âme de douleur; mais souvent aussi, je sèche mes larmes, car la tristesse glace les sens. Cependant, de tous mes regrets, le plus cruel est le souvenir d'Ulysse et de ses nombreuses souffrances, et nous ignorons encore s'il vit ou s'il est mort. Le vieux Laërte le pleure sans doute avec la prudente Pénélope et Télémaque, laissé si jeune dans son palais.

      Il dit, et à ses paroles, Télémaque versant des larmes, se voila le visage de son manteau de pourpre. A ce moment, Hélène semblable à Diane sortait de son appartement; Adresté lui avança un siège magnifique; Alcippé lui apporta un tapis moelleux, et Phylo, une corbeille d'argent, don d'Alcandre, épouse de Polybe, habitant Thèbes l'Egyptienne. Polybe avait donné à Ménélas deux baignoires d'argent, deux trépieds et dix talents d'or. Son épouse avait offert à Hélène une quenouille d'or et une corbeille d'argent rehaussé d'or, sur laquelle Phylo posa la quenouille entourée de laine violette. Hélène s'assit, puis elle interrogea son époux en ces termes:

      —Divin fils de Zeus, quels sont ces hôtes arrivés dans notre demeure? A la vérité, je n'ai jamais vu chez un homme autant de ressemblance que celui-ci en a avec Télémaque, qu'Ulysse laissa si jeune dans son palais, lorsque les Achéens, à cause de moi vinrent à Troie porter la guerre terrible.

      Le blond Ménélas répondit:

      —C'est aussi ma pensée, femme, ce sont bien là les yeux, la tête et les cheveux d'Ulysse, et, à l'instant, me souvenant du héros, je racontais ses maux endurés pour moi, et celui-ci versait des larmes amères, couvrant ses yeux de son manteau.

      Pisistrate, prenant la parole, dit:

      —Divin fils d'Atrée, chef des peuples, celui-ci, comme tu le dis, est bien le fils d'Ulysse, mais sa modestie l'empêche de te parler, à toi, dont la voix nous charme comme celle d'un dieu. Nestor de Gérène m'a choisi pour être son compagnon, il désirait te voir, obtenir de toi des conseils ou des secours, et te parler de son père absent, car il ne trouve personne parmi son peuple pour écarter de lui le malheur.

      Ménélas lui répondit:

      —Dieux grands, voici donc dans ma demeure le fils d'un homme qui m'est si cher et que je m'étais promis d'honorer à son retour plus que tous les autres Argiens. Je voulais lui donner dans l'Argolide une ville et lui construire un palais. Rien ne nous eût alors séparés avant la mort aux ombres noires, mais un dieu nous a privés de ce bonheur.

      Il dit et tous pleuraient; Pisistrate pensant à son frère Antiloque prononça ces paroles ailées:

      —Divin Ménélas, Nestor souvent nous a parlé de ta sagesse; écoute-moi, pourquoi nous affliger pendant le repas; demain à la matinale Aurore, nous pleurerons les guerriers fauchés par le Destin. Mon frère aussi a péri; tu l'as connu: Antiloque, rapide à la course et supérieur au combat?

      Le blond Ménélas lui répondit:

      —O ami, tes paroles sont d'un sage; laissons donc là les pleurs et continuons notre repas; demain Télémaque et moi, nous parlerons ensemble.

      Il dit, et Asphalion, serviteur fidèle, leur versa l'eau sur les mains, puis ils continuèrent le festin.

      Hélène alors, jeta dans le cratère où les convives puisaient le vin, un breuvage qui fait oublier la tristesse, et que lui avait donné Polydamne, épouse de Thon, l'Egyptien. Et s'adressant à son époux, elle lui dit:

      —Fils d'Atrée et vous, nobles héros, mangez et buvez; je vais vous raconter maintenant des choses qui vous charmeront. Je vais vous dire ce que le courageux Ulysse osa faire chez les Troyens:—S'étant meurtri de coups et revêtu de vils haillons, il entra dans la ville ennemie déguisé en mendiant; seule, je le reconnus malgré sa ruse et je l'interrogeai. Il voulut m'échapper, mais lorsque j'eus lavé et oint son corps et que je lui eus donné d'autres vêtements, je lui jurai de ne point révéler son nom aux Troyens avant qu'il fût de retour à ses vaisseaux rapides. Il me découvrit alors les desseins des Grecs auxquels il rapporta de précieux renseignements. Mon cœur se réjouissait, car déjà mon désir était de revoir ma maison; je pleurais sur la faute que Vénus m'avait fait commettre, quand, me conduisant à Troie, elle m'éloigna de ma fille et de mon époux qui ne le cède à personne pour l'esprit et pour la beauté.

      Ménélas dit alors:

      —Femme, tu as parlé selon la convenance. J'ai vu bien des héros, mais jamais encore je n'ai connu un mortel semblable à Ulysse. Voici ce que ce guerrier courageux osa faire dans le cheval de bois où nous étions cachés, apportant aux Troyens le carnage et la mort:—Tu t'approchais du piège perfide, suivie de Deiphobe; trois fois tu en fis le tour; tu en touchas les flancs et tu appelas par leur nom les premiers des Danaéens, imitant la voix de leurs épouses. Le fils de Tydée, Ulysse et moi entendîmes tes appels. Diomède et moi voulions nous élancer; Ulysse nous retint, calmant notre impatience, et Anticus ayant voulu te répondre, il lui tint la bouche fermée et sauva ainsi les Grecs.

      Télémaque, ému à ces récits, s'écria:

      —Ménélas, chef des peuples, tes paroles augmentent ma tristesse, car les exploits d'Ulysse n'ont pu lui éviter la triste mort, malgré son cœur de fer. A présent, fais-nous conduire à notre couche afin que nous goûtions les douceurs du sommeil.

      Alors Hélène l'Argienne leur fit dresser sous le portique des lits aux belles couvertures de pourpre, et le fils d'Atrée se retira dans sa demeure avec la divine Hélène au long voile.

      Quand parut l'Aurore aux doigts de rose, Ménélas sortit de son appartement; il vint auprès de Télémaque et lui dit ces mots:

      —Dis-moi, Télémaque, quelle affaire t'amène dans la divine Lacédémone?

      Télémaque lui répondit:

      —Fils d'Atrée, je suis venu te demander des nouvelles de mon père. Je te supplie de me raconter sa triste fin si tu en as été témoin; par pitié ne me cache pas la vérité.

      Ménélas gémissant, lui dit:

      —A tes questions, à tes prières, je ne répondrai rien qui s'écarte de la vérité; voici:

      »Les dieux me retenaient encore dans Pharos près des bouches de l'Egyptos. Pendant vingt jours, le vent favorable cessant de souffler, toutes nos provisions s'étaient épuisées; une déesse prit pitié de moi, Idothée, fille du puissant Protée, dont je touchai le cœur. Pendant que mes compagnons, errant sur le rivage, cherchaient à calmer leur faim dévorante, elle s'approcha de moi et me dit ces paroles:

      »—Etranger, es-tu donc si dépourvu de sens et te complais-tu dans la souffrance que tu ne trouves un terme à tes peines et à celles de tes compagnons.

      »Je lui répondis:

      »—Déesse, je ne suis point ici par ma volonté; j'ai, sans doute, offensé les Immortels; dis-moi, car les dieux savent

Скачать книгу