Cara. Hector Malot

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Cara - Hector Malot

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      —J'irai avec vous! s'écria Madeleine.

      Léon comprit qu'il valait mieux la laisser agir; cette attente dans l'immobilité, cette anxiété étaient horribles et devaient fatalement briser le courage le plus résolu.

      —Oui, dit-il, allons avec eux.

      —Je vas vous éclairer, dit Pécune.

      Et ayant mouché sa torche à demi consumée, en posant son sabot dessus, il la leva en l'air, éclairant Madeleine et Léon qui le suivirent, tandis que les autres pêcheurs se dispersaient ça et là dans les rochers.

      Ils arrivèrent assez rapidement sur l'îlot de rochers où M. Haupois avait disparu, ce qui rendit leur marche plus lente, plus difficile et plus pénible, car les pierres étaient couvertes d'herbes glissantes, et çà et là se trouvaient des crevasses pleines d'eau qu'il fallait traverser en se mouillant à mi-jambes; mais Madeleine n'était sensible ni à la fatigue, ni à l'eau; elle allait courageusement en avant, regardant autour d'elle bien plus qu'à ses pieds et se cramponnant à la main de Léon quand elle faisait un faux pas.

      Pendant longtemps ils explorèrent ainsi cet îlot, mais, hélas! inutilement; ce qui de loin et dans l'ombre avait une forme humaine, de près et sous la lumière de la torche n'était qu'une pierre recouverte de goëmons à la longue chevelure.

      La marée, en montant, les força de revenir en arrière près des pêcheurs réunis sur le sable.

      L'un d'eux comprit le désespoir de cette pauvre fille.

      —Nous reviendrons à la basse mer du jour, dit-il.

      Pour Madeleine, cette parole était une espérance.

      On revint lentement à Saint-Aubin. La nuit était avancée, et, dans l'aube qui blanchissait déjà l'orient, l'éclat des phares de la Hève pâlissait.

       Table des matières

      Léon ayant reconduit Madeleine jusqu'à sa porte pria Pécune de bien vouloir le guider jusqu'à l'hôtel où une chambre lui avait été retenue, et qu'il eût été bien embarrassé de trouver seul.

      D'ailleurs il voulait consulter le pêcheur, ce qu'il n'avait pu faire en présence de Madeleine.

      —Croyez-vous donc que nous devons renoncer à l'espérance de retrouver mon oncle? demanda-t-il.

      —Non, monsieur, je ne crois pas ça; même qu'on le trouvera pour sûr; c'est le courant qui aura entraîné le corps, mais il le ramènera. Et puis, voyez-vous, il n'y a pas de danger: Haupois était bien vêtu, il avait un bon pantalon de laine, un paletot, une grosse cravate et des bottes; je l'ai vu passer quand il est parti pour la pêche; les crabes, les pieuvres et toute la vermine de la mer ne pourront pas lui faire de mal. Ce n'est pas comme mon pauvre père et mon garçon que j'ai perdus il y a trois mois; eux, ils n'avaient qu'une mauvaise blouse et des sabots, et les sabots, vous savez, ça flotte, ça ne coule pas avec le corps. Quand il a été bien certain qu'ils étaient noyés, je me disais: «S'ils pouvaient seulement revenir pour que j'aille les chercher tous les deux, le père et le garçon.» C'était toute mon espérance, toute ma consolation. Ils sont revenus; mais en quel état, mon Dieu! Vous n'avez pas ça à craindre pour votre oncle. Et mademoiselle Madeleine, la chère demoiselle, pourra embrasser son père une dernière fois; ça lui sera bon.

      —Mais quand?

      —Le bon Dieu seul le sait!

      —Je voudrais qu'un bateau croisât toujours dans ces parages à la mer haute, et qu'à la mer basse on continuât les recherches.

      —Le bateau, c'est trop tôt.

      —Peut-être, mais cela rassurera Madeleine, elle verra que son père n'est pas abandonné. Trouvez-moi ce bateau, et qu'on soit ce matin même sur les îles de Bernières pour ne plus s'en éloigner.

      —Eh bien, j'irai, si vous voulez, avec mon bateau; seulement je ne vous cache pas qu'il y a pour le moment plus de chance sur la grève.

      —Je placerai des hommes sur la grève.

      —Il faudrait prévenir aussi les douaniers.

      —Je m'occuperai de cela.

      Léon ne se coucha pas mais, s'étant fait allumer un grand feu, il se sécha et se réchauffa; puis, quand les maisons commencèrent à s'ouvrir, il fit ce que Pécune lui avait recommandé.

      Quand il se présenta chez Madeleine, il la trouva assise devant la cheminée de sa petite salle: elle non plus ne s'était pas couchée:

      —Je t'attendais, dit-elle, veux-tu que nous allions sur la plage?

      —Ce que tu veux, je le veux.

      Ils se dirigèrent vers le rivage, et quand ils arrivèrent en vue de la mer, Léon vit les yeux de Madeleine prendre une expression affolée.

      Alors, étendant la main dans la direction de l'ouest, il lui montra une barque aux voiles d'un roux de rouille qui courait une bordée devant le sémaphore de Bernières.

      —C'est la barque de Pécune, dit-il, elle restera là à croiser en examinant la mer, tant qu'il sera utile, et ne rentrera que la nuit.

      Il lui expliqua aussi ce qu'il avait fait pour mettre des hommes en vedette sur la côte depuis le phare de Ver jusqu'à l'embouchure de l'Orne.

      Elle marchait près de lui, seule, sans lui donner le bras; tout à coup elle s'arrêta, et, lui tendant la main:

      —Tu es bon, dit-elle.

      Il garda cette main dans la sienne, puis la plaçant sous son bras, il se remit en marche se dirigeant vers Bernières.

      —Je n'ai pas voulu parler de toi jusqu'à présent, dit-il, de moi, ni de nous; c'était à un autre que nous devions être entièrement d'esprit et de coeur; mais il faut que tu saches que tu n'es pas seule au monde, chère Madeleine, et que tu as un frère.

      Elle tourna vers lui son visage convulsé, et dans ses yeux hagards, quelques instants auparavant, il vit rouler des larmes d'attendrissement.

      Il continua.

      —Dans mon père, dans ma mère, dans ma soeur, sois certaine que tu trouveras une famille, sois certaine aussi que le différend survenu si malheureusement entre nos parents n'a altéré en rien les sentiments de mon père; il m'a toujours parlé de toi avec tendresse, et s'il était ici il te tiendrait ce langage avec plus d'autorité seulement, mais non avec plus d'amitié, avec plus d'affection; notre maison est la tienne.

      —Je voudrais rester ici, dit-elle.

      —Assurément nous y resterons tant que cela sera nécessaire, j'y resterai avec toi; tu comprends bien que je ne te parle pas d'aujourd'hui.

      —Je comprends, je sens que tu es la bonté même, mais tout le reste je le comprends mal, pardonne-moi, mon

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