LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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bête, en effet, confessa Sernine, mais il y a un moyen.

      – Lequel ?

      – Retire-toi.

      – Ne blague pas. C’est sérieux. La proposition que je vais te faire est de celles qu’on ne rejette pas sans les examiner. Bref, en deux mots, voici : Associons-nous.

      – Oh ! Oh !

      – Bien entendu, nous resterons libres, chacun de notre côté, pour tout ce qui nous concerne. Mais pour l’affaire en question nous mettons nos efforts en commun. Ça va-t-il ? La main dans la main, et part à deux.

      – Qu’est-ce que tu apportes ?

      – Moi ?

      – Oui. Tu sais ce que je vaux, moi ; j’ai fait mes preuves. Dans l’union que tu me proposes, tu connais pour ainsi dire le chiffre de ma dot… Quelle est la tienne ?

      – Steinweg.

      – C’est peu.

      – C’est énorme. Par Steinweg, nous apprenons la vérité sur Pierre Leduc. Par Steinweg, nous savons ce qu’est le fameux projet Kesselbach.

      Sernine éclata de rire.

      – Et tu as besoin de moi pour cela ?

      – Comment ?

      – Voyons, mon petit, ton offre est puérile. Du moment que Steinweg est entre tes mains, si tu désires ma collaboration, c’est que tu n’as pas réussi à le faire parler. Sans quoi tu te passerais de mes services.

      – Et alors ?

      – Alors, je refuse !

      Les deux hommes se dressèrent de nouveau, implacables et violents.

      – Je refuse, articula Sernine. Lupin n’a besoin de personne, lui, pour agir. Je suis de ceux qui marchent seuls. Si tu étais mon égal, comme tu le prétends, l’idée ne te serait jamais venue d’une association. Quand on a la taille d’un chef, on commande. S’unir, c’est obéir. Je n’obéis pas !

      – Tu refuses ? Tu refuses ? répéta Altenheim, tout pâle sous l’outrage.

      – Tout ce que je puis faire pour toi, mon petit, c’est de t’offrir une place dans ma bande. Simple soldat, pour commencer. Sous mes ordres, tu verras comment un général gagne une bataille et comment il empoche le butin, à lui tout seul, et pour lui tout seul. Ça colle, pioupiou ?

      Altenheim grinçait des dents, hors de lui. Il mâchonna :

      – Tu as tort, Lupin… tu as tort… Moi non plus je n’ai besoin de personne, et cette affaire-là ne m’embarrasse pas plus qu’un tas d’autres que j’ai menées jusqu’au bout… Ce que j’en disais, c’était pour arriver plus vite au but, et sans se gêner.

      – Tu ne me gênes pas, dit Lupin, dédaigneusement.

      – Allons donc ! Si l’on ne s’associe pas, il n’y en a qu’un qui arrivera.

      – Ça me suffit.

      – Et il n’arrivera qu’après avoir passé sur le corps de l’autre. Es-tu prêt à cette sorte de duel, Lupin ?… duel à mort, comprends-tu ? Le coup de couteau, c’est un moyen que tu méprises, mais si tu le reçois là, Lupin, en pleine gorge ?…

      – Ah ! Ah ! En fin de compte, voilà ce que tu me proposes ?

      – Non, je n’aime pas beaucoup le sang, moi… Regarde mes poings… je frappe et l’on tombe… j’ai des coups à moi… Mais l’autre tue… rappelle-toi la petite blessure à la gorge… Ah ! Celui-là. Lupin, prends garde à lui… Il est terrible et implacable… Rien ne l’arrête.

      Il prononça ces mots à voix basse et avec une telle émotion que Sernine frissonna au souvenir abominable de l’inconnu.

      – Baron, ricana-t-il, on dirait que tu as peur de ton complice !

      – J’ai peur pour les autres, pour ceux qui nous barrent la route, pour toi, Lupin. Accepte ou tu es perdu. Moi-même, s’il le faut, j’agirai. Le but est trop près… j’y touche… Va-t’en Lupin !

      Il était puissant d’énergie et de volonté exaspérée, et si brutal qu’on l’eût dit prêt à frapper l’ennemi sur-le-champ.

      Sernine haussa les épaules.

      – Dieu ! Que j’ai faim ! dit-il en bâillant. Comme on mange tard chez toi !

      La porte s’ouvrit.

      – Monsieur est servi, annonça le maître d’hôtel.

      – Ah ! Que voilà une bonne parole !

      Sur le pas de la porte, Altenheim lui agrippa le bras, et, sans se soucier de la présence du domestique :

      – Un bon conseil… accepte. L’heure est grave… Et ça vaut mieux, je te jure, ça vaut mieux… accepte…

      – Du caviar ! s’écria Sernine… ah ! C’est tout à fait gentil… Tu t’es souvenu que tu traitais un prince russe.

      Ils s’assirent l’un en face de l’autre, et le lévrier du baron, une grande bête aux longs poils d’argent, prit place entre eux.

      – Je vous présente Sirius, mon plus fidèle ami.

      – Un compatriote, dit Sernine. Je n’oublierai jamais celui que voulut bien me donner le tsar quand j’eus l’honneur de lui sauver la vie.

      – Ah ! Vous avez eu l’honneur… un complot terroriste, sans doute ?

      – Oui, complot que j’avais organisé. Figurez-vous que ce chien, qui s’appelait Sébastopol…

      Le déjeuner se poursuivit gaiement, Altenheim avait repris sa bonne humeur, et les deux hommes firent assaut d’esprit et de courtoisie. Sernine raconta des anecdotes auxquelles le baron riposta par d’autres anecdotes, et c’étaient des récits de chasse, de sport, de voyage, où revenaient à tout instant les plus vieux noms d’Europe, grands d’Espagne, lords anglais, magyars hongrois, archiducs autrichiens.

      – Ah ! dit Sernine, quel joli métier que le nôtre ! Il nous met en relation avec tout ce qu’il y a de bien sur terre. Tiens, Sirius, un peu de cette volaille truffée.

      Le chien ne le quittait pas de l’œil, happant d’un coup de gueule tout ce que Sernine lui tendait.

      – Un verre de Chambertin, prince ?

      – Volontiers, baron.

      – Je vous le recommande, il vient des caves du roi Léopold.

      – Un cadeau ?

      – Oui, un cadeau que je me suis offert.

      –

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