LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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Adieu, Geneviève, et surtout soyez tranquille. Je suis là.

      Il ferma la porte, se retourna et, tout de suite, eut un léger mouvement de recul.

      En face de lui, se tenait, la tête haute, les épaules larges, la carrure puissante, l’homme au monocle, le baron Altenheim.

      Ils se regardèrent deux ou trois secondes, en silence. Le baron souriait.

      Il dit :

      – Je t’attendais Lupin.

      Si maître de lui qu’il fût, Sernine tressaillit. Il venait pour démasquer son adversaire, et c’était son adversaire qui l’avait démasqué, du premier coup. Et, en même temps, cet adversaire s’offrait à la lutte, hardiment, effrontément, comme s’il était sûr de la victoire. Le geste était crâne et prouvait une rude force.

      Les deux hommes se mesuraient des yeux, violemment hostiles.

      – Et après ? dit Sernine.

      – Après ? Ne penses-tu pas que nous ayons besoin de nous voir ?

      – Pourquoi ?

      – J’ai à te parler.

      – Quel jour veux-tu ?

      – Demain. Nous déjeunerons ensemble au restaurant.

      – Pourquoi pas chez toi ?

      – Tu ne connais pas mon adresse.

      – Si.

      Le prince saisit rapidement un journal qui dépassait de la poche d’Altenheim, un journal qui avait encore sa bande d’envoi, et il dit :

      – 29, villa Dupont.

      – Bien joué, fit l’autre. Donc, à demain, chez moi.

      – À demain, chez toi. Ton heure ?

      – Une heure.

      – J’y serai. Mes hommages.

      Ils allaient se séparer. Altenheim s’arrêta.

      – Ah ! Un mot encore, prince. Emporte tes armes.

      – Pourquoi ?

      – J’ai quatre domestiques, et tu seras seul.

      – J’ai mes poings, dit Sernine, la partie sera égale.

      Il lui tourna le dos, puis, le rappelant :

      – Ah ! Un mot encore, baron. Engage quatre autres domestiques.

      – Pourquoi ?

      – J’ai réfléchi. Je viendrai avec ma cravache.

      – 2 –

      À une heure exactement, un cavalier franchissait la grille de la villa Dupont, paisible rue provinciale dont l’unique issue donne sur la rue Pergolèse, à deux pas de l’avenue du Bois.

      Des jardins et de jolis hôtels la bordent. Et tout au bout elle est fermée par une sorte de petit parc où s’élève une vieille et grande maison contre laquelle passe le chemin de fer de Ceinture.

      C’est là, au numéro 29, qu’habitait le baron Altenheim.

      Sernine jeta la bride de son cheval à un valet de pied qu’il avait envoyé d’avance, et lui dit :

      – Tu le ramèneras à deux heures et demie.

      Il sonna. La porte du jardin s’étant ouverte, il se dirigea vers le perron où l’attendaient deux grands gaillards en livrée qui l’introduisirent dans un immense vestibule de pierre, froid et sans le moindre ornement. La porte se referma derrière lui avec un bruit sourd, et, quel que fût son courage indomptable, il n’en eut pas moins une impression pénible à se sentir seul, environné d’ennemis, dans cette prison isolée.

      – Vous annoncerez le prince Sernine.

      Le salon était proche. On l’y fit entrer aussitôt.

      – Ah ! Vous voilà, mon cher prince, fit le baron en venant au-devant de lui… Eh bien ! Figurez-vous… Dominique, le déjeuner dans vingt minutes… D’ici là qu’on nous laisse. Figurez-vous, mon cher prince, que je ne croyais pas beaucoup à votre visite.

      – Ah ! Pourquoi ?

      – Dame, votre déclaration de guerre, ce matin, est si nette que toute entrevue est inutile.

      – Ma déclaration de guerre ?

      Le baron déplia un numéro du Grand Journal et signala du doigt un article ainsi conçu : Communiqué.

      « La disparition de M. Lenormand n’a pas été sans émouvoir Arsène Lupin. Après une enquête sommaire, et, comme suite à son projet d’élucider l’affaire Kesselbach, Arsène Lupin a décidé qu’il retrouverait M. Lenormand vivant ou mort, et qu’il livrerait à la justice le ou les auteurs de cette abominable série de forfaits. »

      – C’est bien de vous, ce communiqué, mon cher prince ?

      – C’est de moi, en effet.

      – Par conséquent, j’avais raison, c’est la guerre.

      – Oui.

      Altenheim fit asseoir Sernine, s’assit, et lui dit d’un ton conciliant :

      – Eh bien, non, je ne puis admettre cela. Il est impossible que deux hommes comme nous se combattent et se fassent du mal. Il n’y a qu’à s’expliquer, qu’à chercher les moyens : nous sommes faits pour nous entendre.

      – Je crois au contraire que deux hommes comme nous ne sont pas faits pour s’entendre.

      L’autre réprima un geste d’impatience et reprit :

      – Écoute, Lupin… À propos, tu veux bien que je t’appelle Lupin ?

      – Comment t’appellerai-je, moi ? Altenheim, Ribeira, ou Parbury ?

      – Oh ! Oh ! Je vois que tu es encore plus documenté que je ne croyais ! Peste, tu es d’attaque… Raison de plus pour nous accorder.

      Et, se penchant vers lui :

      – écoute, Lupin, réfléchis bien à mes paroles, il n’en est pas une que je n’aie mûrement pesée. Voici… Nous sommes de force tous les deux… Tu souris ? C’est un tort… Il se peut que tu aies des ressources que je n’ai pas, mais j’en ai, moi, que tu ignores. En plus, comme tu le sais, pas beaucoup de scrupules… de l’adresse… et une aptitude à changer de personnalité qu’un maître comme toi doit apprécier. Bref, les deux adversaires se valent. Mais il reste une question : Pourquoi sommes-nous adversaires ? Nous poursuivons

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