Théologie hindoue: Le Kama soutra. Vatsyayana

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Théologie hindoue: Le Kama soutra - Vatsyayana

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la persistance et l'habileté des aristocraties héréditaires. Gens essentiellement pratiques et aptes aux affaires, juristes, financiers, administrateurs, diplomates, au besoin soldats et généraux, dialecticiens vigoureux, subtils, polémistes sans scrupules, poètes élégants, ingénieux et quelquefois pleins d'éclat et de génie, ils se rendirent indispensables aux princes et aux grands par les services qu'eux seuls savaient leur rendre, et gagnèrent leur faveur par l'agrément de leur esprit et de leurs talents et par la souplesse de leur caractère. En même temps qu'ils développaient dans les masses le vichnouvisme ou plutôt la religion de Krishna que le Bouddha avait condamnée, ils produisaient beaucoup d'oeuvres remarquables. Ils ennoblissaient par de grandes épopées et popularisaient par des légendes écrites les dieux et les héros. Restés les seuls héritiers du genre Aryen dans l'Inde et possédant dans la langue sanscrite un admirable instrument pour la poésie et la philosophie[3], ils renouvelèrent tout: hymnes, poèmes épiques, systèmes théosophiques, codes de lois. Ce fut une véritable renaissance. Des rois, amis de l'ancienne littérature, tinrent à leur cour des Académies de poètes aimables et de beaux esprits qu'ils payaient fort cher. On y improvisait des vers et jusqu'à des madrigaux et des épigrammes. Parmi ces poètes, on cite Kalidaça, l'auteur du drame si admiré de Çakountala. Commencé avant l'ère chrétienne, ce mouvement littéraire se continua jusqu'à la conquête musulmane. Cette littérature des Brahmes plaisait beaucoup plus que la soporifique et nuageuse métaphysique des Bouddhistes. La faveur des princes les aidait à écraser leurs adversaires. Ils achevèrent de se la concilier en ayant pour leur usage et pour celui de ce qu'on appellerait aujourd'hui la haute société et la bonne compagnie et pour eux-mêmes, en ce qui concerne les plaisirs charnels, une morale des plus faciles. Les règles ont été tracées par Vatsyayana dans le Kama-Soutra ou traité de l'amour (art d'aimer), qui est considéré comme le chef-d'oeuvre et le code sur la Matière.

      [Note 3: Ce mouvement extraordinaire suivit de près l'invention et l'adoption de l'écriture sanscrite qui servirent à la fois au Bouddhisme et à la renaissance brahmanique, de même que la découverte de l'imprimerie favorisa le développement de le Réforme et de la Renaissance.]

      Ce livre doit être rattaché à la renaissance brahmanique; il a été écrit pendant la lutte entre les brahmes et les bouddhistes, puisqu'il défend aux épouses de fréquenter les mendiantes bouddhistes (on sait que les religieuses bouddhistes étaient mendiantes).

      L'Inde a plusieurs autres livres érotiques fort répandus, la plupart postérieurs au Kama-Soutra. On se procure facilement les suivants, écrits en sanscrit:

      1° Le Ratira hasya, ou les Secrets de l'Amour, par le poète Koka. Il a été traduit dans tous les dialectes de l'Inde et est fort répandu sous le nom de Koka-Shastra; il se compose de 800 vers, formant dix chapitres appelés Pachivédas. Il paraît postérieur au Kama-Soutra et contient la définition des quatre classes de femmes: Padmini, Chitrini, Hastini et Sankini (voir l'appendice du chapitre II du titre I).

      Il indique les jours et les heures auxquels chacun de ces types féminins est plus particulièrement porté à l'amour. L'auteur cite des écrits qu'il a consultés et qui ne sont point parvenus jusqu'à nous.

      2° Les Cinq flèches de l'Amour, par Djyotiricha, grand poète et grand musicien; 600 vers, formant cinq chapitres dont chacun porte le nom d'une fleur qui forme la flèche.

      3° Le Flambeau de l'Amour, par le fameux poète Djayadéva, qui se vante d'avoir écrit sur tout.

      4° La Poupée de l'Amour, par le poète Thamoudatta, brahmane; trois chapitres.

      5° L'Anourga Rounga, ou le Théâtre de l'Amour, appelé encore: Le Navire sur l'Océan de l'Amour, composé par le poète Koullianmoull, vers la fin du XVe siècle. Il traite trente-trois sujets différents et donne 130 recettes ou prescriptions ad hoc. Voici les principales:

      1re Recette pour hâter le spasme de la femme;

      2e Pour retarder celui de l'homme;

      3e Les aphrodisiaques;

      4e Moyens pour rétrécir le yoni, pour le parfumer;

      7e L'art d'épiler le corps et les parties sexuelles;

      8e Recette pour faciliter l'écoulement mensuel de la femme;

      9e Pour empêcher les hémorragies;

      10e Pour purifier et assainir la matrice;

      11e Pour assurer l'enfantement et protéger la grossesse;

      12e Pour prévenir les avortements;

      13e Pour rendre l'accouchement facile et la délivrance prompte;

      14e Pour limiter le nombre des enfants;

      21e Pour faire grossir les seins;

      22e Pour les affermir et les relever;

      23e, 24e, 25e Pour parfumer le corps; faire disparaître l'odeur forte de la transpiration; oindre le corps après le bain;

      26e Parfumer l'haleine, en faire disparaître la mauvaise odeur;

      27e Pour provoquer, charmer, fasciner, subjuguer les femmes et les hommes;

      28e Moyens pour gagner et conserver le coeur de son mari;

      29e Collyre magique pour assurer l'amour et l'amitié;

      30e Moyen pour triompher d'un rival;

      31e Filtres et autres moyens de captiver;

      32e Encens pour fasciner, fumigations excitant la génésique;

      33e Vers magiques qui fascinent.

      Etc. etc.

      Il est évident que ce livre fourmille d'erreurs; selon toute probabilité, il ne dit rien qui ne soit acquis à la science moderne.

      L'Art d'Aimer, de Vatsyayana, se distingue de tous ces écrits par son caractère et sa forme exclusivement didactiques. Chacune de ses parties forme un catéchisme: catéchisme des rapports sexuels sous toutes les formes et du fleurtage pour les deux sexes; catéchisme des épouses et du harem; de la séduction et du courtage d'amour; et enfin catéchisme des courtisanes. C'est un document historique précieux, car il nous initie de la manière la plus intime aux moeurs de la haute société hindoue de l'époque (il y a environ 2,000 ans) et aux conseils de plaisir et de duplicité des Brahmes.

      La curiosité qu'éveille le fonds ne suffirait peut être pas à faire supporter la sécheresse de la forme, si le lecteur était strictement limité aux leçons de Vatsyayana; pour éviter cet écueil on a mis à la suite de chacune d'elles, dans un appendice au chapitre qui la contient, les équivalents ou les correspondants de la morale payenne qui se trouvent dans les poètes, les seuls docteurs ès-moeurs de l'antiquité payenne; on a cité aussi quelques poètes hindous et deux morceaux concernant les Chinois. On a complété chaque appendice par la morale Iranienne, soit la morale chrétienne empruntée à la Théologie morale du père Gury, en se bornant à un petit nombre d'articles accompagnés quelquefois de renseignements physiologiques.

      Ce rapprochement des textes divers se rapportant respectivement à chaque sujet, permet au lecteur de se faire une idée relative très exacte des trois morales sur chaque point traité.

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