L'hôtel hanté. Уилки Коллинз

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L'hôtel hanté - Уилки Коллинз

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misérable et un imbécile qu'il est.»

      Elle le regarda soudain, sans dire un mot. Il la comprit et lui demanda pardon. Mais il n'était pas encore redevenu maître de lui.

      «Le jour de l'expiation arrive pour certains hommes, dit-il, même dans ce monde. Il vivra assez pour maudire le jour où il épousa cette femme».

      Agnès prit une chaise à côté de lui et le regarda avec une douce surprise.

      «Est-ce bien raisonnable d'être prévenu contre cette femme, parce que votre frère me l'a préférée».

      Henry lui répondit brusquement:

      —Est-ce que vous défendez la comtesse? Vous seriez la seule au monde.

      —Pourquoi pas, reprit Agnès. Je ne sais rien contre elle. La seule fois où nous nous sommes rencontrées, elle m'a paru une personne singulièrement timide et nerveuse, et de plus, fort malade, si malade qu'elle s'est évanouie, parce qu'il faisait un peu trop chaud dans la pièce où nous étions. Pourquoi serions-nous injustes? Nous savons qu'elle n'est nullement coupable, qu'elle n'a pas voulu me faire du mal, qu'elle ne savait pas la parole que nous avions échangée avec votre frère.»

      Henry leva la main avec impatience et l'arrêta.

      «Il ne faut pas être non plus trop juste et trop prête à pardonner, reprit-il. Je ne peux pas souffrir vous entendre parler de cette façon résignée, après la manière scandaleuse et cruelle dont vous avez été traitée de les oublier tous deux, Agnès, je désire que Dieu me permette de vous y aider!» Agnès lui mit la main sur le bras. «Vous êtes bon pour moi, Henry; mais vous ne me comprenez pas tout à_ _fait. Quand vous êtes entré, je pensais à mes souffrances, mais non pas avec les idées que vous avez. Je me demandais s'il était possible que mes sentiments pour votre frère, qui emplissaient entièrement mon coeur et qui avaient si complètement absorbé mon être avaient pu disparaître comme s'ils n'avaient jamais existé. J'ai détruit les derniers souvenirs qui me le rappelaient: je ne le reverrai plus en ce monde; mais le lien qui nous a jadis unis est-il absolument brisé? Suis-je aussi désintéressée de ce qui peut lui arriver d'heureux ou de malheureux que si nous ne nous étions jamais rencontrés et jamais aimés? Qu'en pensez-vous, Henry? Moi, je ne le crois pas.

      —Si vous pouviez lui faire porter la peine de sa conduite, répondit sévèrement Henry Westwick, je pourrais être de votre opinion.»

      Au moment ou il faisait cette réponse, la vieille nourrice reparut à la porte, annonçant une autre visite.

      «Je regrette de vous déranger, ma chérie. Mais il y a la petite Mme Ferraris qui veut savoir quand elle pourra vous dire un mot.» Agnès se tourna vers Henry avant de répondre. «Vous vous souvenez d'Émilie Bidwell, ma petite élève favorite, il y a bien des années, à l'école du village, qui est ensuite devenue ma femme de chambre? Elle m'a quittée pour épouser un courrier italien nommé Ferraris, et j'ai bien peur qu'elle ne soit pas heureuse. Cela ne vous gêne-t-il pas que je la fasse entrer une ou deux minutes.»

      Henry se leva pour prendre congé.

      «Je serais heureux de revoir Émilie à un autre moment, dit-il, mais il est préférable que je m'en aille. Je n'ai pas tout à fait l'esprit à moi, Agnès, et si je restais ici plus longtemps, je pourrais vous dire des choses qu'il vaut mieux ne pas dire maintenant. Je vais traverser la Manche ce soir et voir ce que me feront quelques semaines de voyage. Il lui prit la main. Y a-t-il quelque chose au monde que je puisse faire pour vous?» demanda-t-il vivement.

      Elle le remercia et essaya de retirer sa main, mais Henry résista par une douce étreinte.

      «Dieu vous bénisse, Agnès!» dit-il avec un tremblement dans la voix, les yeux fixés à terre.

      Le visage d'Agnès se colora d'une soudaine rougeur, puis aussitôt devint plus pâle que jamais; elle connaissait ses sentiments aussi bien qu'il les connaissait lui-même, mais elle était trop troublée pour parler. Il porta la main qu'il tenait à ses lèvres et l'embrassa de toute son âme; puis, sans la regarder, quitta la chambre. La nourrice courut après lui en haut de l'escalier: elle n'avait pas oublié le temps où le plus jeune frère avait été le rival malheureux de l'aîné.

      «Ne soyez pas triste, M. Henry, dit tout bas la vieille femme, avec ce gros bon sens des gens du peuple. Essayez encore, quand vous reviendrez!»

      Laissée seule pendant quelques instants, Agnès fit le tour de la chambre, cherchant à se calmer. Elle s'arrêta devant une petite aquarelle suspendue au mur et qui avait appartenu à sa mère; c'était son portrait quand elle était enfant. Comme nous serions heureux, pensa-t-elle tristement, si nous ne grandissions jamais!

      On fit entrer la femme du courrier: une petite femme douce et mélancolique, avec des cils blonds et des yeux clairs, qui salua avec déférence en toussant d'une petite toux chronique. Agnès lui tendit affectueusement la main.

      «Eh bien, Émilie, que puis-je pour vous?»

      La femme du courrier fit une réponse assez étrange:

      «J'ai peur de vous le dire, mademoiselle.

      —La faveur est-elle si difficile à obtenir? Asseyez-vous et dites-moi d'abord comment vous allez. Peut-être que la demande viendra toute seule pendant que nous causerons. Comment votre mari se conduit-il avec vous?»

      Les yeux gris-clair d'Émilie devinrent plus clairs encore. Elle secoua sa tête et dit avec un soupir de résignation:

      «Je n'ai pas à me plaindre positivement de lui, mademoiselle, mais je crains bien qu'il ne m'aime guère; son intérieur ne lui plaît pas: on dirait qu'il est déjà fatigué de la vie de ménage. Il vaudrait mieux pour tous deux, mademoiselle, qu'il voyageât pendant quelque temps, à tous les points de vue, sans compter que le besoin d'argent commence à se faire joliment sentir.»

      Elle porta son mouchoir à ses yeux et soupira encore avec plus de résignation que jamais.

      «Je ne comprends pas bien, dit Agnès; je croyais que votre mari avait un engagement pour mener des dames en Suisse et en Italie?

      —Oui, mademoiselle, malheureusement; car voici ce qui est arrivé: une de ces dames est tombée malade et les autres n'ont pas voulu partir sans elle. Elles ont donné un mois de gage comme compensation; mais elles avaient pris pour l'automne et l'hiver, et la perte est sérieuse.

      —C'est bien fâcheux pour vous, Émilie; mais il faut espérer qu'il y aura bientôt une autre occasion.

      —Ce n'est plus son tour, mademoiselle, à être proposé, quand les prochaines demandes viendront au bureau de placement des courriers. Il y en a tant sans travail dans ce moment! S'il pouvait être particulièrement recommandé…»

      Elle s'arrêta et laissa la phrase inachevée parler pour elle.

      Agnès comprit sur-le-champ.

      «Vous voulez ma recommandation, répondit-elle; pourquoi ne pas le dire de suite?»

      Émilie rougit.

      «Ce serait une si bonne recommandation pour mon mari, répondit-elle toute confuse. Une lettre demandant un bon courrier pour un engagement de six mois, mademoiselle, est justement arrivée au bureau ce matin. C'est le tour d'un autre à être placé, et le secrétaire

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