Légendes pour les enfants. Anonyme

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Légendes pour les enfants - Anonyme страница 11

Автор:
Серия:
Издательство:
Légendes pour les enfants - Anonyme

Скачать книгу

roi des Franks et bon justicier.

      Ce fut sa première victoire. Deux années après, Chlother mourait et lui laissait la Neustrie et la Bourgogne. Haribert, frère de Dagobert, héritait du royaume d'Orléans et de l'Aquitaine. C'était un prince d'un esprit très-simple.

      Dagobert, investi du pouvoir, s'occupa tout de suite de l'avancement des travaux entrepris à Saint-Denis, et aussi du soin de visiter ses États et d'y faire fleurir lui-même la justice. Les rois ne savent pas, d'ordinaire, combien ils auraient de facilité, s'ils le voulaient, à gagner le coeur de leurs peuples. Il ne s'agit pour eux que de ne pas se croire d'une autre essence que le reste des hommes, de comprendre qu'ils ont reçu du hasard le rang qu'ils occupent, et que celui qui est né roi doit toute sa vie aux fonctions tutélaires du trône. Il faut qu'il ne plaigne pas sa peine, qu'il aille par les chemins, qu'il voie les choses par ses yeux, qu'il s'assure par soi-même de tout ce que ses émissaires lui racontent, et qu'il écoute parler les plus humbles de ses sujets. Ainsi faisait Dagobert, aidé des conseils de l'évêque Arnoul, de saint Éloi et de saint Ouen, l'ami de saint Éloi. La simplicité sied bien aux chefs des peuples. C'est pour donner un prétexte à leurs goûts de luxe, qu'ils parlent quelquefois de la nécessité où ils sont d'avoir autour d'eux une cour pompeuse. La vérité est que les rois qu'on aime et qui sont vraiment puissants, se passent bien de tous ces colifichets. Dagobert fut d'abord un roi tout simple. Sa force éclatait dans sa colère, lorsqu'il avait à punir un rebelle ou à réprimer les injustices de quelque officier qui avait vexé les populations.

       Table des matières

      Portrait du roi Dagobert.

      Le bon roi Dagobert, qu'il ne faut pas nous figurer sous les traits d'un vieillard à cheveux blancs, était, vers sa trentième année, un haut et gros gaillard plein de la plus florissante santé. Grand cavalier, grand jouteur, grand chasseur, grand nageur, grand buveur, grand mangeur, grand rieur, il avait les joues pleines et richement enluminées, la barbe rouge, les cheveux longs, si longs même qu'ils lui couvraient le dos jusqu'à la ceinture. Sa bouche était large et bordée de deux lèvres épaisses; sa moustache retroussée formait deux panaches sur les coins de cette bouche formidable. Son visage n'était éclairé que par deux petits yeux gris qui ne connaissaient que deux manières de traduire aux gens sa pensée: par d'impétueux éclairs de fureur ou par de longs rires de gaieté.

      Quant au costume, les jours de fête, c'était celui des Franks qu'il portait. Et ce costume, un historien du vieux temps, le moine de Saint-Gall, l'a décrit à peu près de cette manière: les ornements des anciens Franks, quand ils se paraient, étaient des brodequins dorés, garnis de courroies longues de trois coudées. Des bandelettes de plusieurs morceaux leur couvraient les jambes. Sous ces brodequins ils portaient des chaussettes et des hauts-de-chausses de lin d'une même couleur, mais d'un travail précieux et varié. Par-dessus les chausses et les bandelettes, les longues courroies des brodequins se croisaient et serraient la jambe de tous côtés. Sur le corps se plaçait une chemise de toile très-fine. Un baudrier soutenait l'épée qui était placée dans un fourreau et entourée d'une lanière et d'une toile très-blanche qu'on fortifiait en la frottant de cire. Le vêtement que les Franks mettaient le dernier, et par-dessus tous les autres, était un manteau blanc ou bleu de saphir, à quatre coins, double, et tellement taillé que, quand on le plaçait sur ses épaules, il tombait par devant et par derrière jusqu'aux pieds, tandis que sur les côtés il s'arrêtait au-dessus du genou. Dans la main droite se portait un bâton de pommier à noeuds symétriques, droit, et garni d'une pomme d'or ciselée avec art et enrichie de pierres précieuses.

      J'oublie les bracelets, les colliers, le bonnet et le manteau de fourrure pour l'hiver.

      Mais Dagobert, qui aimait ses aises, ne s'affublait de ces vêtements que pour les cérémonies; d'ordinaire il avait de grandes bottes, la braie ou culotte gauloise, et une veste plastronnée de cuir velu; une ceinture de peau de daim, bouclée par devant, et à laquelle s'attachait son épée, retenait cette veste; un chapeau fourré lui couvrait la tête. Ainsi vêtu, il montait à cheval et allait à l'église, à la chasse, à la guerre. Il chantait volontiers, et même sur les grands chemins, à la tête de ses compagnons. Saint Éloi ne le quittait guère. On pense bien que lorsque le roi entonnait sa chanson, les hôteliers, les cabaretiers, les cuisiniers et autres gens sortaient de leurs maisons et lui offraient le vin du seigneur. Dagobert vidait lestement son verre, et continuait son chemin. Il n'avait de gardes ni visibles, ni invisibles, et quelqu'un lui ayant dit qu'il ferait bien de placer sous sa veste de buffle une fine cotte de maille d'acier, il répondit en frappant sur sa poitrine: «Crois-tu donc qu'il y ait un bras assez solide pour traverser cela d'un coup d'épée? Va, mon ami, on ne peut pas me tuer tout entier en un seul jour.»

      Si ce n'était pas retarder la marche de cette histoire, il faudrait citer ici quelques-uns des mots de Dagobert. Les mots peignent les hommes. Nous n'en rappellerons qu'un ou deux. On lui apprit un jour qu'un des principaux chefs de bandes franques, retiré dans ses domaines, y faisait de la fausse monnaie. C'était un homme qui devait de l'argent à tout le monde. «Je sais, dit Dagobert à ceux qui lui en parlaient, ce qu'il fabrique là-bas; il ne fait que ce qu'il doit.»

      Souvent il avait de belles paroles pour enflammer le courage de ses soldats. Dans un combat d'avant-garde, il se trouva tout à coup environné par un grand nombre d'ennemis; on l'entoure, on l'arrête, on lui montre le long de toutes les collines des flots de soldats, qui descendent et marchent contre lui. «Nous sommes ici, s'écria-t-il d'une voix tonnante, non pour les compter, mais pour les vaincre,» et aussitôt il s'élance sur l'ennemi, qui est vaincu.

      Tant il y a que par ses victoires, ses bonnes manières de vivre, sa gaieté et sa sévère justice, il devint promptement populaire.

      Le roi Dagobert était surtout cher aux Parisiens auprès desquels il vivait et qu'il visitait souvent.

      Pour ne pas mentir, son Clichy à lui était alors un peu moins laid que le Clichy qui nous appartient. Les chemins de fer qui passent par là n'envoyaient pas leur fumée dans les arbres et ne faisaient tousser personne sur les bords de la rivière; la plaine, moins exclusivement couverte de betteraves, ne s'arrêtait pas court devant les maisonnettes de Batignolles; elle s'élevait peu à peu et formait un plateau boisé qui descendait en collines du côté de Paris. De la Seine à la Seine il y avait une forêt touffue; les prés l'entouraient d'un tapis moelleux qu'émaillaient les pâquerettes et les fleurs de la luzerne. Là où est la chaussée d'Antin et où piaffent dans leurs écuries de marbre les chevaux des banquiers, il se trouvait un délicieux ruisseau bordé de cresson, abrité par les saules et les osiers, çà et là paré de touffes de myosotis. Les biches erraient sur la rive. Du côté de Montmartre, de plus grands arbres élevaient leurs rameaux; les buttes, ces affreux amas de plâtre dont l'aspect aujourd'hui blesse les yeux, ces buttes-là étaient toutes vertes:

Скачать книгу