Maman Léo. Paul Feval

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Maman Léo - Paul  Feval

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beaux établissements de Paris, et, voyez-vous, les fous, ça nous connaît. Quand on pense que la malheureuse enfant a pris en horreur le colonel, son meilleur ami, presque son père, et par-dessus le marché l'homme le plus respectable de l'univers! Quand on pense qu'elle le confond avec un malfaiteur, dans son délire, et qu'il lui fait peur... lui, le saint des saints!... Qu'avez-vous donc?

      La veuve venait de faire un brusque mouvement.

      Son regard s'était porté par hasard vers le poteau derrière lequel Échalot se cachait à demi.

      Elle avait cru voir, dans les ténèbres, qui se faisaient de plus en plus sombres, les regards du bon garçon fixés sur elle avec une expression étrange.

      Elle était sûre d'avoir distingué son doigt qui se posait sur sa bouche, comme pour lui envoyer un avertissement ou un signal.

      —Je n'ai rien, répondit-elle à la question de M. Constant.

      Celui-ci poursuivit:

      —Ça ne vous frappe pas, ce que je vous dis là; mais si vous connaissiez seulement le colonel...

      —Je le connais, repartit la dompteuse, c'est lui qui vint à la baraque avec cette marquise...

      —Juste! et qui vous donna de l'argent pour avoir bien traité sa nièce.

      —Et pour l'emmener, murmura Mme Samayoux.

      —Comme de raison. Chez vous, dites donc, ce n'était pas beaucoup la place d'une héritière de noblesse. Mais j'en reviens à mes moutons: la pauvre demoiselle est pour Mme la marquise d'Ornans comme pour le colonel; elle ne veut plus être sa nièce, elle se croit la sœur de l'homme qu'elle avait consenti à épouser...

      —Voilà ce qui est bien étrange! pensa tout haut Mme Samayoux.

      —Elle n'en démord pas, reprit M. Constant, elle dit à qui veut l'entendre: «Je suis Mlle Valentine d'Arx!» Elle se bat contre des fantômes, les accusant d'avoir tué non seulement son prétendu frère, mais encore son père, le vieux Mathieu d'Arx, qui mourut à Toulouse, on ne sait comment, voilà déjà bien des années.

      —Ah! fit la veuve, on ne sait comment il mourut?

      —Ah ça? demanda M. Constant avec gaieté, est-ce que vous donnez dans les imaginations de la jeune fille?

      —Je vous écoute, et je tâche de me faire une opinion.

      —Pour ça, vous aurez mieux que mes paroles, dit rondement l'officier de santé, car la pauvre chère enfant veut vous voir, et tout ce qu'elle veut, nous le faisons.

      —Comment! s'écria la veuve, on me laisserait aller vers elle?

      —Pourquoi pas? Pensiez-vous donc que nous la tenions sous clef! vous la verrez, maman, et plus tôt que plus tard, car je suis venu vous chercher pour vous conduire auprès d'elle.

      Échalot, profitant de l'ombre croissante, s'était insensiblement rapproché. Il écoutait de toutes ses oreilles et semblait en proie à une singulière perplexité.

      —C'est vrai, se disait-il, qu'ils changent de figures comme de chemises, mais si j'allais me tromper! Et pourtant je ne peux pas laisser la patronne se jeter dans la gueule du loup. Je ne m'en consolerais jamais s'il lui arrivait malheur!

       Table des matières

       Table des matières

      Mme Samayoux s'était levée aux dernières paroles de M. Constant.

      —Partons! dit-elle, rien ne me tient ici, je voudrais déjà être auprès de la chère fille!

      —Minute! minute! fit l'officier de santé bonnement. Il faut que vous ayez votre leçon faite mieux que cela, car un rien, une mouche qui vole la met dans tous ses états. Asseyez-vous encore un petit peu, brave madame... Mais est-ce étonnant comme tout le monde l'aime! j'étais bien certain que vous sauteriez sur l'idée de la voir comme sur du gâteau! Elle a un charme dans son petit doigt, c'est sûr. Allumez donc voir un petit bout de chandelle pendant que je vas fourgonner le poêle. Il n'y a pas de bourrelets à vos portes, dites donc!

      —Allume, Échalot! ordonna Mme Samayoux.

      —Tiens! fit M. Constant, qui avait déjà le tisonnier à la main, j'avais oublié ce bonhomme-là.

      Il ajouta en baissant la voix:

      —Ça aurait pu causer un grand malheur, si quelqu'un avait écouté les choses qu'il me reste à vous dire.

      Échalot venait en ce moment vers la table avec de la lumière. En la posant auprès de la bouteille, et malgré sa timidité accoutumée, il regarda M. Constant bien en face.

      Les yeux de celui-ci étaient justement fixés sur lui par-dessus ses lunettes. Les paupières d'Échalot se baissèrent et le sang lui monta aux joues.

      M. Constant allongea le bras et lui toucha l'épaule.

      Échalot recula.

      —Ma poule, lui dit l'officier de santé, tu as les oreilles longues, je vois ça, et tu voudrais bien écouter la suite.

      —C'est une bonne et simple créature, interrompit la veuve.

      —Brave madame, fit observer M. Constant avec une sorte de sévérité, ce ne sont pas nos affaires que nous traitons ici, et il y a des choses qu'il ne faut pas confier aux innocents. Va-t'en voir dehors si le printemps s'avance, bonhomme!

      Il ajouta:

      —Et souviens-toi que se taire vaut toujours mieux que parler. J'ai ton signalement là.

      Un petit coup sec, frappé entre deux sourcils, ponctua la phrase.

      Échalot, sans répondre, se dirigea aussitôt vers la porte.

      Dès qu'il eut franchi le seuil, il respira longuement et ôta sa casquette, comme s'il avait besoin de baigner sa tête brûlante dans l'air froid du dehors.

      —Si c'est lui, murmura-t-il, mon affaire n'est pas bonne, et ce n'est pourtant pas Amédée qui peut suffire à élever Saladin.

      Il se retourna vivement au souvenir de l'enfant qui restait dans la baraque, et fut sur le point de rentrer. Mais il n'osa pas.

      —Je m'alignerais avec n'importe qui, fit-il comme pour s'excuser vis-à-vis de lui-même. J'irais chercher le petit ou la patronne au fond de l'eau ou au milieu du feu; mais ces gens-là me font peur, quoi! et je n'ai plus de sang dans les veines. Tant que la patronne est là, l'enfant n'a rien à craindre. Je vas guetter, dès qu'elle sera partie, je rentrerai.

      Il

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