Le Domaine de Belton. Anthony Trollope

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Le Domaine de Belton - Anthony Trollope

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tendre dont il lui avait serré la main en prenant récemment congé d’elle à Perivale, n’étaient pas pour quelque chose dans la satisfaction de Clara.

      Et Will, quelle était son opinion à ce sujet? Il réfléchissait de son côté, en se promenant dans sa chambre éclairée par la lune des moissons; car, pour lui, être au lit, c’était dormir. Il faisait ses calculs et ses comparaisons, songeant à sa sœur, à leur vie en commun, à son avenir; et retraçant dans sa mémoire la figure de Clara, sa taille, sa démarche, il résolut qu’elle serait sa femme.

      Miss Amadroz était une belle personne, grande, bien faite, active et pleine de santé. Sa tête et son cou étaient bien posés sur ses épaules, et sa taille n’avait pas cette sveltesse dont les femmes étaient plus fières autrefois qu’aujourd’hui, où elles ont plus de savoir et de goût. Elle ressemblait à son cousin en beaucoup de points. Ses cheveux étaient du même brun, et ses yeux un peu plus foncés et peut-être un peu moins mobiles que ceux de Will; mais ils étaient aussi brillants et possédaient le même pouvoir d’exprimer instantanément la tendresse. Ses traits étaient plus fins; mais elle avait la même bouche un peu grande et les dents aussi blanches et aussi régulières. Comme nous l’avons déjà dit, Clara Amadroz ayait vingt-six ans et ne paraissait pas plus jeune que son âge. Ce n’était pas là un défaut aux yeux de Will. Il pensait que la femme qu’il épouse rait ne devait pas être une enfant. Ayant de la fortune, il comptait bien donner à sa femme une voiture et tout le luxe convenable à sa position; mais il désirait qu’elle le secondât utilement. Elle ne devait pas être une femme au-dessus des soins domestiques ni trop fière pour se soucier de ses vaches. Clara, il en était sûr, n’aurait pas ce sot orgueil, bien qu’elle fût assez distinguée pour faire honneur à la voiture qu’il lui destinait. Et puis, ce mariage la laisserait en possession de l’héritage de son père. Tout serait donc pour le mieux.

      Le lendemain, à son réveil, Will était toujours aussi enchanté de son projet. Devant rester seulement huit jours à Belton, il avait d’abord pensé à remettre sa demande jusqu’à la visite qu’il devait faire à Noël; mais, en se rasant, l’impatience de sa nature reprit le dessus et lui fit juger tout délai inutile et même dangereux. Il n’oublia pas de se dire que très-probablement il ne réussirait pas, la fatuité n’étant pas son défaut; mais, en cela comme en tout ce qui demandait un effort personnel, il se prépara à faire de son mieux, quelles que dussent être les conséquences. En semant son grain, il y apportait tout le soin et toute l’intelligence qui étaient en lui, laissant le ciel lui envoyer la récolte. Et comme il avait trouvé que la récompense de tout travail honnête ne manquait jamais, il comptait suivre le même système en amour.

      Après de longues réflexions, réflexions qui occupèrent tout le temps de sa toilette, Will se décida à parler d’abord à M. Amadroz; mais il se donna encore la journée pour gagner les bonnes grâces du squire, et, le soir, il y avait si bien réussi, que Clara l’appela flatteur et lui avoua qu’elle devenait jalouse de lui.

      Le lendemain, après déjeuner, il emmena M. Amadroz dans le parc, sous prétexte de lui montrer l’emplacement de l’abri qu’il allait faire construire pour les bestiaux; mais pas un mot ne fut prononcé à ce sujet. Dès qu’ils furent seuls:

      «J’ai quelque chose de particulier à vous dire, monsieur,» commença Belton.

      L’opinion de M. Amadroz était que Will lui avait dit, depuis son arrivée, plusieurs choses très-particulières. Il fut un peu effrayé de ce préambule.

      «Qu’y a-t-il? rien de mal, j’espère?

      –Je ne pense pas. Ne croyez-vous pas, monsieur, que ce serait une bonne combinaison si j’épousais ma cousine Clara?»

      Quel terrible jeune homme! M. Amadroz se sentit si étourdi de cette proposition soudaine, qu’il ne put prononcer une parole.

      «Je ne sais pas ce qu’elle en pense, continua Belton; j’ai trouvé qu’il était mieux de venir à vous avant de lui en parler. Je sais qu’elle m’est supérieure en bien des points; elle est plus instruite et peut-être aimera-t-elle mieux épouser un habitant de Londres qu’un garçon qui passe sa vie à la campagne; mais personne ne pourrait l’aimer davantage ni la traiter plus doucement. Ne seriez-vous pas content, monsieur, de savoir votre petit-fils possesseur de Belton? Mais, sans parler de cela, je ne suis pas mal dans mes affaires et pourrais lui donner tout ce qu’elle voudrait; mais peut-être ne se soucie-t-elle pas d’épouser un fermier,» ajouta-t-il d’un ton mélancolique.

      Le squire avait écouté sans dire un mot, et quand Belton eut cessé de parler, il ne trouvait rien à lui répondre. C’était un homme dont les idées sur les femmes étaient chevaleresques et peut-être un peu surannées. Sans doute, lorsqu’il s’agit de mariage, rien de mieux que de s’adresser d’abord au père. Mais M. Amadroz pensait qu’on devait aborder le sujet à mots couverts et avec une grande délicatesse. Au lieu de cela, ce jeune homme, qui n’avait pas été trois jours chez lui, semblait persuadé qu’il lui donnerait sa fille aussi promptement qu’il lui avait cédé sa terre.

      «Vous me surprenez beaucoup, dit enfin le squire.

      –Clara me parait être la femme qui me convient.

      –Mais vous ne la connaissez pas depuis bien longtemps, monsieur Belton?

      –Je sais qui elle est et d’où elle vient, et c’est beaucoup.»

      M. Amadroz frémit en l’entendant parler ainsi, comme si toute personne vivant dans un certain monde pouvait ignorer qui était sa fille!

      «Oui, certainement, dit-il froidement, vous savez cela sur son compte.

      –Et elle en sait autant sur le mien. Me permettez-vous de lui parler?»

      M. Amadroz demanda la nuit pour réfléchir, et, après bien des hésitations, finit par céder à l’impatience de Will.

      «Ce mariage ne pourrait qu’être avantageux à ma fille, lui dit-il, en reprenant la conversation de la veille, car peut-être ne savez-vous pas que je n’ai littéralement rien à lui donner.

      — Tant mieux, en ce qui me concerne; je ne suis pas de ceux qui désirent que la fortune de leur femme les exempte de travailler.

      — J’espère que sa tante fera quelque chose pour elle.

      —Si Clara devient ma femme, mistress Winterfield sera bien libre de donner son argent à d’autres.»

      Le consentement de M. Amadroz obtenu, Will résolut d’essayer quelques démarches préliminaires auprès de sa cousine. Quelles pouvaient être les démarches préliminaires d’une personne de ce caractère, le lecteur peut maintenant se l’imaginer.

      «Pourquoi ne l’appelez-vous pas Will? demanda Clara à son père le soir du jour où M. Amadroz avait donné son consentement au projet de mariage.

      –L’appeler Will! et pourquoi?

      –Vous le faisiez quand il était enfant.

      –Sans doute, mais il y a longtemps de cela. Cette familiarité lui paraîtrait déplacée maintenant.

      –Au contraire, il en serait charmé. Il me l’a dit. Être appelé monsieur Belton par ses parents lui semble froid.»

      Le père regarda sa fille, et pour un moment la pensée qu’elle était d’accord avec son cousin avant que son consentement n’eût

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