L'Holocauste: Roman Contemporain. Ernest La Jeunesse

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L'Holocauste: Roman Contemporain - Ernest La Jeunesse

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il bat!...»

      Ah! tu t'aperçois de ma fureur? tu vois que j'ai mal!

      J'ai une émotion un peu brutale: elle me tue, elle me défonce la poitrine! j'ai un cœur mal élevé qui se heurte, qui se brise, qui bondit de joie et de tristesse et j'ai un sourire aussi qui est un peu naïf, un peu brouillé, trop tendre, trop triste, trop reconnaissant—et qui demande trop de choses...

      Tu es pressée, tu as hâte de t'ensevelir en ton foyer, en ton foyer glacé où il fait moins froid qu'en cette chambre froide.

      Tu prononcerais volontiers des paroles pour caractériser notre délice, pour en dire toute la saveur, toute la férocité, pour souhaiter en notre union la bienvenue à la volupté et pour m'avouer encore que tu m'aimes, que tu es mienne, mais ta voix tremblerait un peu en cet endroit où il n'y a pas de feu—et tu n'as pas le temps.

      Va-t'en donc, douce victime, va-t'en pour me revenir.

      «... demain?»

      Ah! que je t'ai implorée parfaitement! Et comme je suis sincère! Jamais je ne retrouverai l'accent, le ton dont j'ai nuancé, dont j'ai chargé, dont j'ai précisé, dont j'ai élargi, dont j'ai empli d'immensité, de fatalité et de tendresse, cette date, ces deux fades syllabes.

      «Je tâcherai. Oui, je crois. Sois sage.»

      Un baiser qui fuit lui aussi—et c'est ta fuite.

      Je ne te suis pas. Je ne veux pas te voir partir. J'entends ma clef qui tourne, ma porte qui se referme.

      C'est tout.

      Il n'y a plus que moi chez moi. Il n'y a plus que la lassitude et la tristesse.

      Les ailes ont troué ma porte et s'en sont allées.

      PETIT PANTHÉISME SENTIMENTAL

       Table des matières

      La chambre vide, la chambre veuve s'emplit de silence jusqu'aux murs, d'un silence énorme, électrique, hostile, d'un lourd silence de reproche: la lumière de la lampe qui se jeta sur les épaules et sur les seins de celle qui n'est plus ici, qui se baigna à l'ambre pâle de ses hanches, la lumière de la lampe qui, en un tourbillon, s'épandit et s'abandonna, qui dansa, frénétique, qui jaillit et qui fusa comme une rosée, qui garrotta de clarté notre étreinte et qui l'enlaça d'un collier de perles et de flammes, la lumière de la lampe est devenue frêle et frileuse, malheureuse aussi; elle se plaint vers la lune invisible et semble ne plus vouloir briller et agoniser que pour la lune.

      Les fauteuils s'accroupissent comme des Arabes en deuil et c'est comme un affaissement de tout en cette chambre, de toutes les choses sans âme: leur âme, l'âme de cette chambre s'est enfuie.

      Oui, ç'a été une fuite et l'âme est partie trop vite.

      Mais ce n'est pas ma faute.

      Et vraiment, chambre infortunée, tu t'étais trop vite, toi-même, habituée à cette âme blonde.

      Tu n'as pas toujours eu une âme: tu es une chambre médiocre et si la pauvreté l'habita, comme c'est trop vraisemblable, ce fut humblement.

      Je t'ai louée parce qu'un marchand de vin n'avait pas voulu de toi.

      Ton silence, chambre, devient plus agressif.

      Je comprends. Le marchand de vins ne t'a pas louée parce que tu étais prédestinée à moi, à nous et parce que les aventures les plus fatales doivent, par le temps qui court, avoir un prétexte, un alibi naturel, un alibi de banalité.

      Eh! chambre, tu es triste,—comme moi, tu es pauvre, comme moi, tu es vide—comme moi.

      Et nous ne pouvons nous consoler puisque nous sommes faits pour être tristes ensemble et pour nous réjouir ensemble—moins souvent.

      Tu as été sanctuaire: tu as connu la gloire, les fêtes absolues, l'intimité qui comporte, qui apporte avec soi l'immensité, tu as été l'univers et tu as été l'au-delà: c'est fini pour aujourd'hui, morne chambre.

      Et tu ne resteras vêtue que de tes souvenirs et de ton silence.

      Je ne puis te consoler puisque je ne puis être consolé et je trouve comme toi que cette créature hautaine, que cette créature de délice, que cette créature de douceur s'en fut trop tôt, trop rapidement, trop brutalement, que la rue et le monde la tirèrent d'ici, comme on tue.

      Et je vais m'en aller, moi qui te parle. Je serai dans mon tort, parce que les chambres doivent être habitées, mais je te demande pardon, tout de suite. Et je ne vais pas m'en aller tout de suite: j'ai honte. En te délaissant, je délaisse le décor de mon bonheur et mon bonheur et tu vas être si vide, si froide!

      Ah! que l'intensité de nos moments, que la tendre férocité de notre séjour, que l'impatience passionnée de nos rencontres se disperse, s'étende sur ton vide et sur ta médiocrité, petite chambre!

      Tu as abrité des malheurs: tu leur as accordé le leurre du toit, le leurre de la sécurité, le droit de dormir et le droit d'avoir de la pudeur, tu leur as été indulgente en cachant leurs soucis et tu leur as été pénible en leur coûtant leur argent et, parfois, l'argent qu'ils n'avaient pas: tu n'es pas mon gîte à moi et tu n'es pas son gîte à elle: tu n'es même pas le gîte de notre amour, puisque notre amour emplit le monde et que, dans tous les palais et sur toutes les montagnes, il se déchire en petites prières et en jolis murmures, que les oiselles le passent au bec de leurs petits et que les chênes et les fantômes le chantent en leurs frissons, tu es le gîte de notre étreinte.

      Nous ne nous embrassons que chez toi, qu'en toi: sois fière, petite chambre.

      Tu boudes encore et la lumière de la lampe s'écarte de moi: je vais t'endormir avant de partir.

      Je vais te bercer, chambre si pauvre, comme on berce une princesse de soie et d'or, je vais te bercer d'un conte tout neuf, caressant comme les plus vieux contes et vrai comme une caresse: c'est le conte de notre amour.

      Mais tu es une vieille chambre pauvre: tu ne sortis jamais de chez toi: comment te dire les sites qui nous enchantèrent, qui nous attendrirent, qui nous fiancèrent?

      Tu ne sais pas ce que c'est que la mer—et la mer est dans notre amour, tu ne sais pas ce que c'est que le soleil—et le soleil luit en notre amour, tu ne sais pas ce que c'est que la lune et la lune argente, attiédit, enfièvre notre amour et les routes s'y suivent et s'y croisent, les arbres se penchent vers lui: tu ne sais pas ce qu'est un arbre.

      Suis-je bête! Tu as été un arbre et des arbres, tu as été des pierres, tu as été, chambre glacée, du soleil, de la lune, de la nature et de la mer: c'est par mer que, de très loin, les arbres raidis s'en viennent chercher des haches françaises: pardonne-moi: tu connais mieux la mer et le soleil que moi.

      Donc j'allai un jour dans une ville où vont les gens riches. Les gens riches! Tu en as peut-être aperçu un ou deux qui venaient perdre sur ta cheminée, non sans le faire remarquer, une, deux ou trois pièces de monnaie—ou qui réclamaient d'autres pièces de monnaie, de très haut, du haut de leur

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