Les aventures du capitaine Corcoran. Alfred Assollant

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Les aventures du capitaine Corcoran - Alfred  Assollant

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te taire?

      Veux-tu marcher,

      Te promener,

      Te balancer,

      Te retourner

      Pour être photographié?

      Ran tan plan! ran tan plan!

      C'est moi qui monte l'éléphant.

      Enfin l'Allemand se décida à prendre Rama de face et Scindiah de profil, et cria le sacramentel: Ne bougeons plus! Une minute après il enleva la plaque. Par malheur, pendant qu'il la montrait à Rama enchanté de son image, Scindiah, qui le suivait, voulut aussi regarder son portrait, et comme l'Allemand étonné ne crut pas nécessaire de le lui montrer, le vindicatif éléphant alla remplir d'eau sa trompe, revint sournoisement et arrosa le photographe des pieds à la tête.

      Rama éclata de rire en voyant la bonne plaisanterie de son gros ami; Sita, pour consoler l'Allemand, lui fit donner des habits secs et deux mille roupies, puis gronda sévèrement Scindiah, qui paraissait enchanté de sa belle action. Sougriva secoua lentement la tête.

      «Madame, dit-il, Scindiah n'a jamais fait de mal à personne, et il se connaît en physionomie. Si le visage de cet étranger lui déplaît, il doit avoir ses raisons pour cela. Dieu veuille que nous n'ayons pas à nous repentir d'avoir reçu chez nous cet Allemand! Au reste, il faut attendre le retour du maharajah.»

      Ce retour ne tarda guère. Cinq jours plus tard, Corcoran entra dans le palais et reçut dans ses bras sa femme et son fils.

      Le petit Rama grimpa, suivant son habitude, le long de son père, atteignit sans effort la ceinture, et se plaça enfin jambe de-ci, jambe de-là sur le cou du capitaine, d'où, comme du haut d'un trône, il dominait tous les assistants.

      «Papa, demanda-t-il, as-tu vu mon portrait?

      – Quel portrait? dit Corcoran étonné.

      – Le mien et celui de maman. Tu verras comme Scindiah est beau de profil.

      – Où donc est le peintre? demanda Corcoran.

      – Cher seigneur, interrompit Sita, c'est un étranger qui est venu en ton absence, et nous a offert ses services.»

      Le maharajah fronça légèrement les sourcils.

      «Qu'on me l'amène, dit-il.... Quant à toi, ma douce et charmante Sita, tu ne peux rien faire que de bon; mais ton âme candide ne croit pas au mal, et l'on peut aisément te surprendre.»

      A ce moment l'Allemand entra. Ses lunettes bleues qui cachaient son visage ne plurent pas à Corcoran.

      «Qui êtes-vous?» demanda-t-il.

      L'autre raconta l'histoire qu'il avait déjà dite à Sita, et ajouta que le glorieux maharajah....

      «C'est bon! c'est bon! interrompit Corcoran avec une certaine impatience. Je sais d'avance ce qu'on dit aux rois quand on est devant eux, et ce qu'on en dit quand ils ont le dos tourné.... D'où vient que vous parlez l'allemand avec un léger accent anglais?

      – Seigneur, répliqua le photographe, ma mère était Anglaise, et moi-même j'ai passé une partie de ma vie en Angleterre. Mais je suis fort connu des frères Schlagintweit, qui voyagent en ce moment dans l'Himalaya; du docteur Vogel, de Berlin, et du célèbre Humboldt.

      – Vous pourriez le prouver?

      – Oui, seigneur, et j'avais même une lettre d'introduction de M. de Humboldt auprès de Votre Majesté; mais je l'ai perdue dans un naufrage avec beaucoup de livres et de papiers précieux, et il ne m'est resté qu'une lettre de sir Samuel Barrowlinson, de Londres, qui a bien voulu me recommander à vous.

      – Oui, je connais beaucoup sir Samuel, dit Corcoran avec un sourire, et, quoique ses lettres de recommandation ne m'aient pas servi à grand'chose, je ferai volontiers honneur à sa signature.... Voyons cette lettre.»

      Il la prit et la lut avec attention. Sir Samuel Barrowlinson recommandait, en effet, son protégé à Corcoran avec beaucoup de chaleur et le désignait comme un des savants les plus illustres de toute l'Europe, ou du moins comme un de ceux qui le deviendraient bientôt.

      «Excusez la sévérité de cet interrogatoire, dit Corcoran; j'ai le droit de me défier des Anglais, et au premier abord j'ai cru.... mais la lettre de sir Samuel me rassure, et je veux désormais vous considérer comme un ami. Vous aurez une maison dans Bhagavapour. N'épargnez rien pour vos recherches. Demandez-moi des éléphants, des voitures, des chevaux, des serviteurs, une escorte et tout ce qu'il vous plaira. Mon palais est le vôtre, et je serai heureux de voir à ma table un illustre savant.»

      En même temps il le congédia sans attendre les remercîments dont l'autre allait être prodigue.

      «Et toi, Sougriva, continua Corcoran quand l'Allemand fut parti, ne le perds pas de vue. Je ne sais pourquoi.

      Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille.

      Du reste, ne lui refuse ni argent ni renseignements, de quelque nature que ce soit. Si c'est un espion, sa trahison en sera plus noire et plus indigne de pardon; si, au contraire, comme je le souhaite, c'est un honnête homme, je ne veux pas qu'il puisse se plaindre de mon hospitalité.»

      Sougriva s'inclina et dit:

      «Seigneur, votre volonté sera faite.

      – Voilà, se dit Corcoran quand il fut seul, une de ces occasions où ma pauvre Louison aurait fait merveilles. En dix minutes elle aurait reconnu l'espion sous la peau du savant, si c'est réellement un espion. Par Brahma et Vichnou, elle faisait admirablement ma police; mais où est-elle maintenant? Dans les bois sans doute, avec son grand nigaud de tigre. Ah! Louison, Louison, vous n'êtes qu'une ingrate!»

      Il oubliait sa propre ingratitude. Au reste, il était plus près de revoir Louison qu'il ne le croyait.

      V. La famille de Louison.

      Quelques jours après, l'Allemand était déjà le compagnon inséparable du maharajah. Bon convive, très-gai, plein de belle humeur, il montait parfaitement à cheval, chassait à merveille, discutait théologie, théogonie, cosmogonie, histoire naturelle avec une verve extraordinaire, ne contredisant qu'avec modération,– juste assez pour animer le discours, pas assez pour l'aigrir; enfin, il était pour le petit Rama d'une complaisance inépuisable: il jouait avec lui à la main chaude, il lui construisait des vaisseaux de guerre en bois et lui montrait la lanterne magique et le diable qui tire la queue du cochon, et le pauvre homme qui tire la queue du diable; bref, c'était un homme universel, et personne ne pensait plus à le surveiller.

      Une occasion se présenta cependant où Corcoran conçut de nouveau quelques soupçons; mais ce jour-là il lui arriva un événement si heureux et si inespéré que toute inquiétude disparut dans la joie de cet événement.

      C'était un matin du mois de janvier 1860. Corcoran partit à cheval pour chasser le rhinocéros. Le docteur Ruskaert l'accompagnait avec une vingtaine de serviteurs chargés de traquer l'animal. Tous deux étaient bien armés et bons cavaliers, de sorte que la chasse du rhinocéros, qui n'est jamais sans danger, à cause de la force prodigieuse du quadrupède, de son aveugle impétuosité et de son impénétrable cuirasse, ne paraissait cependant pas pouvoir mal tourner.

      Sita

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