Les terres d'or. Gustave Aimard

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Les terres d'or - Gustave  Aimard

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de la Compagnie d’Hudson: là il demanda aide et vengeance.

      Sur le champ le Settlement tout entier fut sur pied, à la recherche du criminel. Chose étrange! ce dernier n’avait pas même songé à fuir: on le trouva dans le bois, à proximité du théâtre de son crime. Quand il vit arriver la foule menaçante et irritée, il promena sur elle des regards hautains et resta fièrement immobile: mais lorsque les clameurs dont il était le but lui eurent appris qu’on l’accusait d’avoir commis un homicide volontaire sur la personne d’Henry Edwards, il eut un tressaillement terrible et renversa sa tête en arrière avec une expression de mortelle angoisse.

      Le corps inanimé d’Edwards fut transporté à Fairview, le chef-lieu du comté; là il fut déposé dans un caveau provisoire, en attendant la session des assises criminelles du district.

      CHAPITRE IV. L’INFORMATION

      C’était Allen qui soutenait l’accusation contre Newcome; lorsqu’on lui demanda quel autre témoignage pourrait être fourni dans l’enquête préparatoire, il fut forcé, bien à contre-cœur, de nommer Alice Newcome comme étant la seule personne qui pût confirmer la terrible vérité.

      Cependant il devait y avoir d’autres individus informés des sentiments hostiles que le prévenu nourrissait contre sa victime; suivant l’usage, le juge les adjura de se produire pour éclairer la justice.

      D’autre part, il semblait par trop cruel de demander à la propre fille du prisonnier des révélations fatales pour son père: chacun comprenait bien les angoisses dans lesquelles devait être plongée la malheureuse enfant. Allen s’offrit pour aller la trouver et entrer en pourparlers avec elle.

      La cabane de Thomas Newcome était placée au centre d’une clairière, sur le sommet d’une colline dont la pente gazonnée descendait en ondulant jusqu’à la rivière Iowa: de cette élévation la vue découvrait un riant paysage tout le long du Missouri. Cette esplanade naturelle était couverte, sur trois côtés, par une épaisse ceinture de hautes futaies; verdoyants remparts tout crénelés de festons fleuris où s’entrelaçaient la liane odorante et la vigne sauvage. Devant la maison surgissaient partout des groseillers, des fraisiers, des ronces aux fruits rouges et des arbrisseaux disposés en bosquets irréguliers; le tout formant un fouillis adorable comme tous les trésors naturels que la main prodigue du Créateur a semés au sein de cette heureuse nature vierge.

      La jeune maîtresse du logis s’occupait diligemment de préparer le repas de midi, mais non sans faire de fréquentes pauses pour aller sur le seuil enguirlandé de la chaumière réjouir ses yeux à l’aspect des cieux, des bois, des flots joyeux: comme un écho vivant des harmonies printanières, la gracieuse enfant chantait aussi en même temps que les oiseaux et les brises murmurantes.

      En s’approchant de la cabane, Allen entendit la fraîche voix d’Alice: ses genoux fléchirent sous lui, le cœur lui manquait pour broyer cette joie innocente sous le fardeau de la douleur!

      La jeune fille trottait allègrement par la maison; Allen le reconnaissait aux notes, tantôt assourdies, tantôt éclatantes de sa voix. Au moment où il apparaissait dans la clairière, Alice venait une dernière fois sur le seuil de la porte sourire avec la belle journée, messagère du printemps. Elle était ravissante à voir, toute rose de l’exercice auquel elle venait de se livrer, couronnée de ses beaux cheveux blonds flottant dans un joyeux désordre, les yeux animés et riants, les lèvres entr’ouvertes comme une grenade en fleur.

      A l’aspect de ce visiteur imprévu, ses joues pâlirent un peu, sa physionomie devint sérieuse; elle étendit involontairement ses mains comme pour repousser une vision importune.

      Allen s’approcha, saisit avec un tendre respect ses doigts mignons, encore teints des rougeurs de la fraise ou de la cerise. Il la fit rentrer dans la maison: la table était mise et portait sur son milieu la belle corbeille pleine, cueillie le matin par les deux jeunes gens.

      – Ah! bégaya-t-il en essayant un sourire, vous offrirez bien, sans doute, quelques-uns de ces beaux fruits au convive qui vous surprend sans être invité?

      Puis il se tut, retenant toujours les mains d’Alice dans ses mains tremblantes, et fixa ses yeux sur elle avec tristesse, mais ne put ajouter un mot.

      La jeune fille, impressionnée par l’étrange contenance d’Allen, restait muette, effarée, immobile, pressentant quelque chose de terrible, n’osant même pas faire une question.

      Allen, de son côté, ne savait comment rompre le silence: tout à coup des bruits de voix animées s’approchèrent, il se vit forcé de parler pour préserver Alice de quelque secousse plus foudroyante.

      – Pauvre enfant! s’écria-t-il d’une voix navrée, j’ai de malheureuses nouvelles à vous apprendre… Votre père est en prison, et…

      Il ne put achever sa phrase; la jeune fille s’arracha de ses mains et bondit en arrière avec égarement, puis elle retomba évanouie.

      Allen la relevait et s’efforçait de la ranimer, lorsqu’un constable apparut sur le seuil de la porte, accompagné de deux citoyens de Fairview.

      Le constable, au milieu de sa rude profession, avait conservé un cœur accessible à la sensibilité: il fut ému et hésita à remplir son pénible devoir.

      – Pauvre créature! comme elle a pris cela à cœur! murmura-t-il; ouf! je n’aime pas ces affaires-là; et puis, ça me fend le cœur de voir les femmes mêlées à de semblables catastrophes; elles n’ont pas la force de supporter ça comme les hommes.

      Allen ne répliqua rien. Il songeait amèrement à la triste fonction qu’il remplissait dans cette lamentable occurrence, et se figurait l’aversion que la jeune fille allait éprouver contre lui… lui, l’accusateur de son père!

      – Eh! mais! ce n’est qu’une enfant, remarqua l’un des deux assistants regardant par-dessus l’épaule du constable: n’est-ce pas étrange qu’elle composât, à elle seule, toute la famille de Newcome – ce vieux gredin!

      – En vérité, on se demande d’où elle tient sa beauté, dit l’autre; elle est positivement très-jolie, c’est formel.

      – Retirez-vous un peu, gentlemen, s’il vous plaît, dit Allen avec un mouvement d’impatience, vous empêchez l’air d’arriver jusqu’à elle.

      – Elle reprend connaissance, observa le constable en se reculant jusqu’au dehors.

      Les deux citoyens de Fairview avaient moins de délicatesse que le recors; ils firent semblant de bouger, mais ils restèrent à proximité pour surveiller les mouvements de la jeune fille.

      Allen les aurait souffletés s’il ne s’était retenu. Il garda un sombre silence, s’occupant avec une sollicitude et une délicatesse toutes féminines à réparer le désordre des vêtements d’Alice.

      Quelques mouvements convulsifs entremêlés de sanglots annoncèrent bientôt que la jeune fille revenait à elle:

      – Oh! mon père! mon pauvre père! s’écria-t-elle.

      En même temps ses yeux s’ouvrirent et manifestèrent une expression d’effroi en rencontrant tous ces regards étrangers fixés sur elle. Cet entourage inattendu sembla lui inspirer une résolution effarée qui ranima ses forces.

      Elle comprima ses sanglots et se leva debout dans une attitude désolée, pendant que des larmes brûlantes roulaient sur ses joues pâles et glacées.

      – Prenez

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