Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12. George Gordon Byron

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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12 - George Gordon Byron

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CCCLXXXV

A M. MURRAY

      Ravenne, 14 septembre 1820.

      «Quoi! pas une ligne? Bien, prenez ce système.

»Je vous prie d'informer Perry que son stupide article61 est cause que tous mes journaux sont arrêtés à Paris. Les sots me croient dans votre infernal pays, et ne m'ont pas envoyé leurs gazettes, en sorte que je ne sais rien du sale procès de la reine.

      »Je ne puis profiter des remarques de M. Gifford, parce que je n'ai reçu que celles du premier acte.

      »Votre, etc.»

      »P. S. Priez les éditeurs de journaux de dire toutes les sottises qu'il leur plaira, mais de ne pas me placer au nombre de ceux dont ils signalent l'arrivée. Ils me font plus de mal par une telle absurdité que par toutes leurs insultes.»

Note 61: (retour) Sur le retour de Byron en Angleterre. (Note du Trad.)

      LETTRE CCCLXXXVI

A M. MURRAY

      Ravenne, 21 septembre 1820.

      «Ainsi, vous revenez à vos anciens tours. Voici le second paquet que vous m'avez envoyé, sans l'accompagner d'une seule ligne de bien, de mal ou de nouvelles indifférentes. Il est étrange que vous ne vous soyez pas empressé de me transmettre les observations de Gifford sur le reste. Comment changer ou amender, si je ne reçois plus aucun avis? Ou bien ce silence veut-il dire que l'oeuvre est assez bonne telle qu'elle est, ou qu'elle est trop mauvaise pour être réparée? Dans le dernier cas, pourquoi ne le dites-vous pas sur-le-champ, et ne jouez-vous pas franc jeu, quand vous savez que tôt ou tard vous devrez déclarer la vérité.

      »P. S.-Ma soeur me dit que vous avez envoyé chez elle demander où j'étais, dans l'idée que j'étais arrivé, conduisant un cabriolet, etc., etc., dans la cour du Palais. Me croyez-vous donc un fat ou un fou, pour ajouter foi à une telle apparition? Ma soeur ma mieux connu, et vous a répondu qu'il n'était pas possible que ce fût moi. Vous auriez pu tout aussi bien croire que je fusse entré sur un cheval pâle, comme la mort dans l'Apocalypse

      LETTRE CCCLXXXVII

A M. MURRAY

      Ravenne, 23 septembre 1820.

«Demandez à Hobhouse mes Imitations d'Horace, et envoyez m'en une épreuve (avec le latin en regard). Cet ouvrage a satisfait complètement au nonum prematur in annum62 pour être mis maintenant au jour: il a été composé à Athènes en 1811. J'ai idée qu'après le retranchement de quelques noms et de quelques passages, il pourra être publié; et je pourrais mettre parmi les notes mes dernières observations pour Pope, avec la date de 1820. La versification est bonne; et quand je jette en arrière un regard sur ce que j'écrivais à cette époque, je suis étonné de voir combien peu j'ai gagné. J'écrivais mieux alors qu'aujourd'hui, mais c'est que je suis tombé dans l'atroce mauvais goût du siècle. Si je puis arranger cet ouvrage pour la publication actuelle, en sus des autres compositions que vous avez de moi, vous aurez un volume ou deux de variétés; car il y aura toutes sortes de rhythmes, de styles, de sujets bons ou mauvais. Je suis inquiet de savoir ce que Gifford pense de la tragédie; écrivez-moi sur ce point. Je ne sais réellement pas ce que je dois moi-même en penser.

Note 62: (retour) Précepte de l'Art poétique. Horace conseille aux poètes de conserver leurs oeuvres neuf ans dans le portefeuille avant de les produire. (Note du Trad.)

      »Si les Allemands passent le Pô, ils seront servis d'une messe selon le bréviaire du cardinal de Retz. *** est un sot, et ne pourrait comprendre cela: Frere le comprendra. C'est un aussi joli jeu de mots que vous puissiez en entendre un jour d'été.

      Personne ici ne croit à un mot d'évidence contre la reine. Les hommes du peuple poussent eux-mêmes un cri général d'indignation contre leurs compatriotes, et disent que pour moitié moins d'argent que le procès n'en a coûté, on ferait venir d'Italie tous les témoignages possibles. Vous pouvez regarder cela comme un fait: je vous l'avais dit auparavant. Quant aux rapports des voyageurs, qu'est-ce que c'est que les voyageurs? Moi, j'ai vécu parmi les Italiens; – je n'ai pas seulement couru Florence, Rome, les galeries et les conversations pendant quelques mois, puis regagné mon pays: – mais j'ai été de leurs familles, de leurs amitiés, de leurs haines, de leurs amours, de leurs conseils et de leur correspondance, dans la région de l'Italie la moins connue des étrangers, – et j'ai été parmi les gens de toutes classes, depuis le comte jusqu'au contadino, et vous pouvez être sûr de ce que je vous dis.»

      LETTRE CCCLXXXVIII

A M. MURRAY

      Ravenne, 28 septembre 1820.

      «Je croyais vous avoir averti, il y a long-tems, que la tragédie n'avait jamais été conçue ou écrite le moins du monde pour le théâtre: je l'ai même dit dans la préface. C'est trop long et trop régulier pour votre théâtre; les personnages y sont trop peu nombreux, et l'unité trop observée. C'est plutôt dans le genre d'Alfieri que dans vos habitudes dramatiques (soit dit sans prétendre à égaler ce grand homme); mais il y a de la poésie, et ce n'est pas au-dessous de Manfred, quoique je ne sache quelle estime on a pour Manfred.

      »Je suis absent d'Angleterre depuis un tems aussi long que celui durant lequel j'y suis resté alors que je vous voyais si fréquemment. Je revins le 14 juillet 1811, et repartis le 25 avril 1816, en sorte qu'au 28 septembre 1820, il ne s'en faut que de quelques mois que la durée de mon absence n'égale celle de mon séjour. Ainsi, je ne connais le goût et les sentimens du public que par ce que je peux glaner dans les lettres, etc., etc., etc. Au reste, goût et sentimens, tout me semble aussi mauvais que possible.

      »J'ai trouvé Anastasius excellent: ne l'ai-je pas dit? le journal de Matthews excellentissime; cela, et Forsyth, et des morceaux de Hobhouse, voilà tout ce que nous avons de vrai et de sensé sur l'Italie. La Lettre à Julia est, certes, fort bonne. Je ne méprise pas ***; mais si elle eût tricoté des bas bleus au lieu d'en porter, c'eût été bien mieux. Vous êtes déçus par ce style faux, guindé et plein de friperies, mélange de tous les styles du jour, qui sont tous ampoulés (je n'en excepte pas le mien: – nul n'a plus que moi contribué par négligence à corrompre la langue); mais ce n'est ni de l'anglais ni de la poésie, le tems le prouvera.

      »Je suis fâché que Gifford n'ait pas poussé ses remarques au-delà du premier acte: trouve-t-il l'anglais d'aussi bon aloi dans les autres actes qu'il l'a trouvé dans le premier? Vous avez eu raison de m'envoyer les épreuves: j'étais un sot, mais je hais réellement la vue des épreuves; c'est une absurdité, mais elle vient de la paresse.

      »Vous pouvez glisser sans bruit dans le monde les deux chants de Don Juan, annexés aux autres. Le drame comme vous voudrez, – le Dante aussi; mais quant au Pulci, j'en suis fier: c'est superbe; vous n'avez pas de traduction pareille. C'est la meilleure chose que j'aie faite en ma vie.................

»P. S. La politique ici est toujours farouche et incertaine. Toutefois, nous sommes tous dans nos buffleteries pour «joindre les montagnards s'ils traversent le Forth63», c'est-à-dire pour crosser les Autrichiens, s'ils passent le Pô. Les gredins! – et ce chien de L-l, ne dit-il pas que leurs sujets sont heureux! Si je reviens jamais, je travaillerai quelques-uns de ces ministres64

Note 63: (retour) Rivière d'Écosse.

Note 64: (retour) Byron a ajouté à cette lettre du

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