Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12. George Gordon Byron

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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12 - George Gordon Byron

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CCCLXXXI

À M. MURRAY

      Ravenne, 31 août 1820.

«J'ai donné mon ame à la tragédie (comme vous en même cas); mais vous savez qu'il y a des ames condamnées tout comme des tragédies. Songez que ce n'est pas une pièce politique, quoiqu'elle en ait peut-être l'air; elle est strictement historique. Lisez l'histoire et jugez. «Le portrait d'Ada est celui de sa mère. J'en suis content. La mère a fait une bonne fille. Envoyez-moi l'opinion de Gifford, et ne songez plus à l'archevêque. Je ne puis ni vous envoyer promener ni vous donner cent pistoles ou un meilleur goût: je vous envoie une tragédie, et vous me demandez de «facétieuses épîtres»; vous faites un peu comme votre prédécesseur, qui conseillait au docteur Prideaux de mettre «tant soit peu plus d'humour53» dans sa Vie de Mahomet.

Note 53: (retour) Mot anglais presque intraduisible; il signifie cette sorte d'esprit moitié bouffon, moitié sérieux, propre au caractère britannique. (Note du Trad.)

      »Bankes est un homme étonnant. Il y a à peine un seul de mes camarades d'école ou de collége qui ne se soit plus ou moins illustré. Peel, Palmerston, Bankes, Hobhouse, Tavistock, Bob Mills, Douglas Kinnaird, etc., etc., ont tous parlé, et fait parler d'eux................

      »Nous sommes ici sur le point de nous battre un peu le mois prochain, si les Huns traversent le Pô, et probablement aussi s'ils ne le font. S'il m'arrive mésaventure, vous aurez dans mes manuscrits de quoi faire un livre posthume; ainsi, je vous prie, soyez civil. Comptez là-dessus; ce sera une oeuvre sauvage, si l'on commence ici. Le Français doit son courage à la vanité, l'Allemand au phlegme, le Turc au fanatisme et à l'opium, l'Espagnol à l'orgueil, l'Anglais au sang-froid, le Hollandais à l'opiniâtreté, le Russe à l'insensibilité, mais l'Italien à la colère; aussi vous verrez que rien ne sera épargné.»

      LETTRE CCCLXXXII

À M. MOORE

      Ravenne, 31 août 1820.

«Au diable votre mezzo cammin54: – «La fleur de l'âge» eût été une phrase plus consolante. D'ailleurs, ce n'est point exact; je suis né en 1788, et, par conséquent, je n'ai que trente-deux ans. Vous vous êtes mépris sur un autre point: la boîte à sequins n'a jamais été mise en réquisition, et ne le sera pas très-probablement. Il vaudrait mieux qu'elle l'eût été; car alors un homme n'a pas d'obligation, comme vous savez. Quant à une réforme, je me suis réformé, – que voudriez-vous? «La rébellion était dans son chemin et il la trouva.» Je crois vraiment que ni vous ni aucun homme d'un tempérament poétique ne peut éviter une forte passion de ce genre: c'est la poésie de la vie. Qu'aurais-je connu ou écrit, si j'avais été un politique paisible et mercantile, ou un lord de la chambre? Un homme doit voyager et s'agiter, ou bien il n'y a pas d'existence. D'ailleurs, je ne voulais être qu'un cavalier servente, et n'avais pas l'idée que cela tournerait en roman, à la mode anglaise.

Note 54: (retour) Je l'avais félicité d'être arrivé à ce que Dante appelle le mezzo cammin (le milieu de la route) de la vie, l'âge de trente-trois ans. (Note de Moore.)

»Quoi qu'il en soit, je soupçonne connaître en Italie une ou deux choses-de plus que lady Morgan n'en a recueillies en courant la poste. Qu'est-ce que les Anglais connaissent de l'Italie, hors les musées et les salons, – et quelque beauté mercenaire en passant55? Moi, j'ai vécu dans le coeur des maisons, dans les contrées les plus vierges et les moins influencées par les étrangers; – j'ai vu et suis devenu (pars magna fui56) une partie des espérances, des craintes et des passions italiennes, et je suis presque inoculé dans une famille: c'est ainsi que l'on voit les personnes et les chose telles qu'elles sont.

Note 55: (retour) En français dans le texte.

Note 56: (retour) Æn. lib. II.

      »Que pensez-vous de la reine? J'entends dire que M. Hoby prétend «qu'il pleure en la voyant, et qu'elle lui rappelle Jane Shore.»

      Sieur Hoby le bottier a la coeur déchiré,

      Car en voyant la reine il songe à Jane Shore,

En vérité............57.

Note 57: (retour) Il y a là une suppression de Thomas Moore, dont la pudeur pédantesque a partout supprimé les phrases et les mots un peu trop lestes pour les chastes ladies. (Note du Trad.)

      »Excusez, je vous prie, cette gaillardise. Où en est votre poème?.........

      »Votre, etc.

      »Est-ce vous qui avez fait ce brillant morceau sur Peter Bell? C'est assez spirituel pour être de vous, et presque trop pour être de tout autre homme vivant. C'était dans Galignani l'autre jour.»

      LETTRE CCCLXXXIII

A M. MURRAY

      Ravenne, 7 septembre 1820.

      «En corrigeant les épreuves, il faut les comparer au manuscrit, parce qu'il y a diverses leçons. Faites-y attention, je vous prie, et choisissez ce que Gifford préférera. Écrivez-moi ce qu'il pense de tout l'ouvrage.

      »Mes dernières lettres vous ont averti de compter sur une explosion par ici; l'on a amorcé et chargé, mais on a hésité à faire feu. Une des villes s'est séparée de la ligue. Je ne puis m'expliquer davantage pour mille raisons. Nos pauvres montagnards ont offert de frapper le premier coup, et de lever la première bannière, mais Bologne est demeurée en repos; puis c'est maintenant l'automne, et la saison est à moitié passée. «Ô Jérusalem, Jérusalem!» Les Huns sont sur le Pô; mais une fois qu'ils l'auront passé pour faire route sur Naples, toute l'Italie sera derrière eux. Les chiens! – les loups! – puissent-ils périr comme l'armée de Sennachérib! Si vous désirez publier la Prophétie du Dante, vous n'aurez jamais une meilleure occasion.»

      LETTRE CCCLXXXIV

A M. MURRAY

      Ravenne, 11 septembre 1820.

      ........................................

«Ce que Gifford dit du premier acte est consolant. L'anglais, le pur anglais sterling58 est perdu parmi vous, et je suis content de posséder une langue si abandonnée; et Dieu sait comme je la conserve: je n'entends parler que mon valet, qui est du Nottinghamshire, et je ne vois que vos nouvelles publications, dont le style n'est pas une langue, mais un jargon; même votre *** est terriblement guindé et affecté… Oh! si jamais je reviens parmi vous, je vous donnerai une Baviade et Méviade, non aussi bonne que l'ancienne, mais mieux méritée. Il n'y a jamais eu une horde telle que vos mercenaires (je n'entends pas seulement les vôtres, mais ceux de tout le monde). Hélas! avec les cockneys59, les lakistes60, et les imitateurs de Scott, Moore et Byron, vous êtes dans la plus grande décadence et dégradation de la littérature. Je ne puis y songer sans éprouver les remords d'un meurtrier. Je voudrais que Johnson fût encore en vie pour fustiger ces maroufles!»

Note 58: (retour) C'est-à-dire de bon aloi. Nous avons conservé le trope national du texte.

Note 59: (retour) Nom national des badauds anglais, appliqué aux imitateurs citadins des lakistes.

Note 60:

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