Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12. George Gordon Byron
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»Envoyez-moi des romans de Scott et quelques nouvelles.
»P. S. J'ai commencé et poussé jusqu'au second acte une tragédie sur la conspiration du doge, c'est-à-dire sur l'histoire de Marino Faliero; mais mes sentimens actuels sont si peu encourageans sur ce point, que je commence à croire que j'ai usé mon talent, et je continue sans grande envie de trouver une veine nouvelle.
»Je songe quelquefois (si les Italiens ne se soulèvent pas) à retourner en Angleterre dans l'automne, après le couronnement (où je ne voudrais point paraître, à cause du schisme de ma famille); mais je ne puis rien décider encore. Le pays doit être considérablement changé depuis que je l'ai quitté, il y a déjà plus de quatre ans.»
LETTRE CCCLXXII
Ravenne, 20 mars 1820.
«Mon cher Murray, mes respects à Thomas Campbell, et indiquez-lui de ma part, avec bonne-foi et amitié, trois erreurs qu'il doit rectifier dans ses Poètes. Premièrement, il dit que les personnages du Guide de Bath d'Anstey sont pris de Smollett; c'est impossible: -le Guide fut publié en 1766 et Humphrey Clinker en 1771; -dunque, c'est Smollett qui est redevable à Anstey. Secondement, il ne sait pas à qui Cowper fait allusion quand il dit «qu'il y eut un homme qui bâtit une église à Dieu, puis blasphéma son nom.» C'était Voltaire dont veut parler ce calviniste maniaque et poète manqué. Troisièmement, il cite de travers et gâte un passage de Shakspeare.
Note 34: (retour) To gild refined gold and paint lily.
»Pour lis, il met rose, et manque en plus d'un mot toute la citation.
»Or, Tom est un bon garçon, mais il doit être correct: car la première faute est une injustice (envers Anstey), la seconde un manque de savoir, la troisième une bévue. Dites-lui tout cela, et qu'il le prenne en bonne part; car j'aurais pu recourir à une Revue et le frotter; – au lieu que j'agis en chrétien.
»Votre, etc.»
LETTRE CCCLXXIII
Ravenne, 20 mars 1820.
»D'abord, et avant tout, vous deviez vous hâter de remettre à Moore ma lettre du 2 janvier, que je vous donnais le pouvoir d'ouvrir, mais que je désirais être remise en hâte. Vous ne devriez réellement pas oublier ces petites choses, parce que de ces oublis naissent les désagrémens entre amis. Vous êtes un homme excellent, un grand homme, et vous vivez parmi les grands hommes, mais songez, je vous prie, à vos amis et auteurs absens.
»En premier lieu, j'ai reçu vos paquets; puis une lettre de Kinnaird, sur la plus urgente affaire: une autre de Moore, concernant une importante communication à lady Byron; une quatrième de la mère d'Allegra; et cinquièmement, à Ravenne, la comtesse G- est à la veille du divorce. – Mais le public italien est de notre côté, particulièrement les femmes, – et les hommes aussi, parce qu'ils disent qu'il n'avait que faire de prendre la chose à coeur après un an de tolérance. Tous les parens de la comtesse (qui sont nombreux, haut placés et puissans) sont furieux contre lui à cause de sa conduite. Je suis prévenu de me tenir sur mes gardes, parce qu'il est fort capable d'employer les sicarii. – Ce mot est aussi latin qu'italien, ainsi vous pouvez le comprendre; mais j'ai des armes, et je ne songe point à ses gueux, persuadé que je pourrai les poivrer s'ils ne viennent pas à l'improviste, et que, dans le cas contraire, on peut finir aussi bien de cette façon qu'autrement; et cela d'ailleurs vous servirait d'avertissement.
«On peut échapper à la corde ou au fusil,
Mais celui qui prend femme, femme, femme, etc.»
»P. S. J'ai jeté les yeux sur les épreuves, mais Dieu sait comment. Songez à ce que j'ai en main, et que le courrier part demain. – Vous souvenez-vous de l'épitaphe de Voltaire?
«Ci-git l'enfant gâté, etc.
»L'original est dans la correspondance de Grimm et Diderot, etc., etc.»
LETTRE CCCLXXIV
Ravenne, 24 mars 1820.
«Je vous ai écrit il y a peu de jours. Il y a aussi pour vous une lettre de janvier dernier chez Murray; elle vous expliquera pourquoi je suis ici. Murray aurait dû vous la remettre depuis long-tems. Je vous envoie ci-joint une lettre d'une de vos compatriotes résidant à Paris, qui a ému mes entrailles. Vous aurez, si vous pouvez, la bonté de vous enquérir si cette femme m'a dit vrai, et je l'aiderai autant qu'il me sera possible, – mais non pas suivant l'inutile mode qu'elle propose. Sa lettre est évidemment non étudiée, et si naturelle, que l'orthographe même est aussi dans l'état de nature. C'est une pauvre créature, malade et isolée, qui songe pour dernière ressource à nous traduire, vous ou moi, en français! A-t-on jamais eu pareille idée? Cela me semble le comble du désespoir. Prenez, je vous prie, des informations, et faites-les moi connaître; et si vous pouvez tirer ici sur moi un billet de quelques centaines de francs, chez votre banquier, j'y ferai honneur comme de raison, – c'est-à-dire, si cette femme n'en impose pas35. En ce cas, faites-le moi savoir, afin que je puisse vous faire rembourser par mon banquier Longhi de Bologne, car je n'ai pas moi-même de correspondant à Paris; mais dites à cette femme qu'elle ne nous traduise pas; – si elle le fait, ce sera la plus noire ingratitude.
Note 35: (retour) Suivant le désir de Byron, j'allai chez la jeune dame, avec un rouleau de quinze ou vingt napoléons, pour le lui présenter de la part de sa seigneurie; mais, avec une fierté honorable, ma jeune compatriote refusa le présent, en disant que Lord Byron s'était mépris sur l'objet de sa demande, qui avait pour but d'obtenir qu'il lui donnât quelques pages de ses ouvrages avant leur publication, la mît ainsi à même de préparer de nouvelles traductions pour les libraires français, et lui fournît le moyen de gagner sa vie. (Note de Moore.)
»J'ai reçu une lettre (non pas du même genre, mais en français et dans un sens de flatterie), de Mme Sophie Gail, de Paris, que je prends pour l'épouse d'un Gallo-Grec36 de ce nom. Qui est-elle? et qu'est-elle? et comment a-t-elle pris intérêt à ma poésie et à l'auteur? Si vous la connaissez, offrez-lui mes complimens, et dites-lui que, ne faisant que lire le français, je n'ai pas répondu à sa lettre, mais que je l'aurais fait en italien, si je n'eusse craint qu'on n'y trouvât quelque affectation. Je viens de gronder mon singe d'avoir déchiré le cachet de la lettre de Mme Gail, et d'avoir abîmé un livre où je mets des feuilles de rose. J'avais aussi une civette ces jours derniers; mais elle s'est enfuie après avoir égratigné la joue de mon singe, et je suis encore à sa recherche. C'était le plus farouche animal que j'eusse jamais vu, et semblable à- en mine et en manières.
Note 36: (retour)