Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12. George Gordon Byron

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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12 - George Gordon Byron

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as toujours été, depuis que je t'ai connue, le seul objet de mes pensées. J'avais cru que le meilleur parti que je pusse prendre pour ton repos et celui de ta famille était de partir et de m'éloigner de toi, puisqu'en restant ton voisin, il m'était impossible de ne pas te voir; cependant tu as décidé que je dois revenir à Ravenne, j'y reviendrai donc, et je ferai, je serai tout ce que tu peux souhaiter. Je ne puis davantage.»

      En quittant Venise, il prit congé de M. Hoppner par une lettre courte, mais pleine de cordialité. Avant de la rapporter, je crois ne pouvoir lui donner de meilleure préface qu'en transcrivant les paroles dont cet excellent ami du noble lord en accompagna la communication. «Je n'ai pas besoin de dire avec quel sentiment pénible je vis le départ d'un homme qui, dès les premiers jours de notre connaissance, m'avait témoigné une bienveillance invariable, qui plaçait en moi une confiance que mes plus grands efforts ne pouvaient parvenir à mériter, et qui, m'admettant à une intimité à laquelle je n'avais aucun droit, écoutait avec patience et avec la plus grande bonté les observations que je me permettais de lui faire sur sa conduite.

      LETTRE CCCXLIX

      Mon Cher Hoppner,

      «Les adieux ont toujours, quoiqu'on fasse, quelque chose d'amer, c'est pourquoi je ne me hasarderai pas à vous en faire de nouveaux. Présentez, je vous prie, mes respects à Mrs. Hoppner, et assurez-la de ma constante vénération pour la bonté remarquable de son coeur: elle ne reste pas sans récompense, même dans ce monde; car ceux qui sont peu disposés à croire aux vertus humaines, en découvriraient assez en elle pour prendre meilleure opinion de leurs semblables, et ce qui est plus difficile encore, d'eux-mêmes, comme appartenant à la même espèce, quelque inférieurs qu'ils soient à un si noble modèle. Excusez-moi aussi le mieux que vous pourrez pour avoir mis de côté la cérémonie des adieux. Si nous nous revoyons, je tâcherai d'obtenir mon pardon; sinon, rappelez-vous tous les bons souhaits que je forme pour vous, et oubliez, s'il se peut, toute la peine que je vous ai donnée.

      »Votre, etc.»

      LETTRE CCCL

À M. MURRAY

      Venise, 10 décembre 1819.

      «Depuis ma dernière lettre, j'ai changé de résolution, et je n'irai pas en Angleterre. Plus je réfléchis sur cette idée, plus j'éprouve d'éloignement pour ce pays et pour la perspective d'y retourner. Vous pouvez donc m'adresser vos lettres ici comme de coutume, quoique j'aie l'intention de me rendre dans une autre ville. J'ai fini le troisième chant de Don Juan; mais ce que j'ai lu et entendu m'a tout-à-fait découragé au sujet de la publication, du moins pour le moment. Vous pouvez essayer de faire plaider l'affaire; mais vous la perdrez. Il n'y a qu'une voix, c'est à qui criera au scandale. Je ne ferai aucune difficulté à vous rendre le prix du manuscrit, et j'ai écrit à M. Kinnaird à ce sujet par ce même courrier: parlez-lui-en.

      »J'ai remis à Moore, et pour Moore seul, qui a aussi mon Journal, mes Mémoires écrits à dater de 1816, et je lui ai permis de les montrer à qui bon lui semble, mais non pas de les publier pour rien au monde. Vous pouvez les lire et les laisser lire à W***, si cela lui plaît, non que je me soucie de son opinion publique, mais de son opinion particulière; car j'aime l'homme et m'embarrasse fort peu de son Magazine. Je désirerais aussi que lady B*** elle-même pût les lire, afin qu'elle eût la faculté de marquer ou de relever les méprises ou les choses mal représentées; car, comme ces Mémoires paraîtront probablement après ma mort, il serait bien juste qu'elle les vît, c'est-à-dire si elle le désire.

      »Peut-être ferai-je un voyage chez vous au printems; mais j'ai été malade, et je suis indolent et irrésolu, parce que peu d'objets m'intéressent. On m'a d'abord maltraité à cause de mon humeur sombre, et maintenant on est furieux parce que je suis ou cherche à être plaisant. J'ai un tel rhume et un si violent mal de tête, que je vois à peine ce que je griffonne: les hivers ici sont perçans comme des aiguilles. Je vous ai écrit assez longuement sur mes affaires italiennes; aujourd'hui je ne vous dirai autre chose, sinon que vous en apprendrez sous peu davantage.

      »Votre Blackwood m'accuse de traiter les femmes durement: cela se peut; mais j'ai été leur martyr; ma vie entière a été sacrifiée à elles et par elles. Je compte quitter Venise sous peu de jours: mais vous adresserez vos lettres ici comme à l'ordinaire. Quand je m'établirai autre part, je vous le ferai savoir.»

      Peu de tems après cette lettre à M. Murray, il partit pour Ravenne, d'où fut datée sa correspondance pendant les dix-huit mois suivans. À son arrivée, il alla demeurer dans un hôtel, où il resta quelques jours; mais le comte Guiccioli ayant consenti à lui louer une enfilade d'appartemens dans le palais Guiccioli même, il se trouva encore une fois logé sous le même toit que sa maîtresse.

      LETTRE CCCLI

À M. HOPPNER

      Ravenne, 31 décembre 1831.

«Il y a une semaine que je suis ici, et le soir même de mon arrivée, j'ai été obligé de me mettre sous les armes, pour aller chez le marquis Cavalli, où il y avait deux ou trois cents personnes de la meilleure compagnie que j'aie vue en Italie. Plus de beauté, plus de jeunesse et plus de diamans qu'il n'en a paru depuis cinquante ans dans cette Sodome de la mer6. Je n'ai jamais vu une telle différence entre deux endroits sous la même latitude (ou, si vous voulez, platitude). La musique, la danse et le jeu, tout était dans la même salle. Le but de la G*** paraissait être de faire parade autant que possible de son amant étranger, et, ma foi! si elle semblait se glorifier de ce scandale, ce n'était pas à moi d'en être honteux. Personne n'avait l'air surpris; toutes les femmes, au contraire, paraissaient comme enchantées d'un si excellent exemple. Le vice-légat et tous les autres vices étaient de la plus grande politesse; et moi, qui m'étais tenu d'abord sur la réserve, je fus bien obligé de prendre enfin ma dame sous le bras et de jouer le rôle de sigisbé aussi bien qu'il me fut possible avec si peu de tems pour m'y préparer, sans parler de l'embarras d'un chapeau à cornes et d'une épée, que je trouvai beaucoup plus formidables qu'ils ne le paraîtront jamais à l'ennemi.

Note 6: (retour) Géhenne des eaux; ô toi, Sodome de la mer! Marino Faliero

      »Je vous écris en grande hâte, mettez-en autant à me répondre. Je n'entends pas grand'chose à tout cela; mais on dirait que la Guiccioli aurait passé dans le public pour avoir été plantée là, et qu'elle était décidée à montrer que ce n'était pas; car être plantée là est ici la plus grande des calamités morales. Au surplus, ce n'est qu'une conjecture; je ne sais rien de ce qui en est, excepté que tout le monde lui fait beaucoup d'accueil et se montre fort poli avec moi. Le père et tous les parens ont l'air agréable et satisfait.

      »Votre à jamais.

      »P. S. Mes très-humbles respects à Mrs. H***.

      »Je vous ferais bien les complimens de la saison; mais la saison elle-même, avec ses pluies et ses neiges, est si peu complimenteuse, que j'attendrai les rayons du soleil.»

LETTRE CCCLIII7

A M. HOPPNER

      Ravenne, 20 janvier 1820.

      «Je n'ai encore rien décidé au sujet de mon séjour à Ravenne; j'y puis rester un jour, une semaine, un an, toute ma vie, tout cela dépend de ce que je ne puis deviner ni prévoir. Je suis venu parce que j'ai été demandé, et je partirai dès que je m'apercevrai que mon départ est convenable. Mon attachement n'a ni l'aveuglement d'un amour naissant, ni la clairvoyance microscopique qui termine ces sortes de liaisons; mais le tems et l'événement décideront du parti que je prendrai. Je ne puis encore en rien dire, parce que je n'en sais guère plus que ce que je vous en ai dit.

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