Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12. George Gordon Byron

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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12 - George Gordon Byron

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l'heure du Corso, et je dois aller folâtrer avec les autres.

      Ma fille Allegra vient d'arriver avec la comtesse G***, dans la voiture du comte G***; plus six personnes pour se joindre à la cavalcade, et je dois les suivre avec tout le reste des habitans de Ravenne. Notre vieux cardinal est mort, et le nouveau n'est pas encore nommé; mais la mascarade continue de même, le vice-légat étant un bon gouverneur. Nous avons eu des gelées et des neiges hideuses, mais tout s'est radouci.

      »Votre, etc.»

      LETTRE CCCLVI

À M. BANKES

      Ravenne, 19 février 1820.

      «J'ai ici une chambre pour vous dans ma maison comme à Venise, si vous jugez à propos d'en faire usage; mais ne vous attendez pas à trouver la même enfilade de salles tapissées. Ni les dangers, ni les chaleurs tropicales ne vous ont jamais empêché de pénétrer partout où vous aviez résolu d'aller; et pourquoi la neige le ferait-elle aujourd'hui? – La neige italienne! – fi donc! – Ainsi, je vous en prie, venez. Le coeur de Tita soupire après vous, et peut-être après vos grands écus d'argent; et votre camarade de jeux, le singe, est seul et inconsolable.

      »J'ai oublié si vous admirez ou tolérez les cheveux rouges, en sorte que j'ai peur de vous montrer ce qui m'approche et m'environne dans cette ville. Venez néanmoins, – vous pourrez faire à Dante une visite du matin, et je réponds que Théodore et Honoria seront heureux de vous voir dans la forêt voisine. Nous aussi, Goths de Ravenne, nous espérons que vous ne mépriserez pas notre archi-Goth Théodoric. Je devrai laisser ces illustres personnages vous faire les honneurs de la première moitié du jour, vu que je n'en ai point du tout ma part, – l'alouette qui me tire de mon sommeil étant oiseau d'après-midi. Mais je revendique vos soirées, et tout ce que vous pourrez me donner de vos nuits. – Eh bien! vous me trouverez mangeant de la viande, comme vous-même ou tout autre cannibale, excepté le vendredi. De plus, j'ai dans mon pupitre de nouveaux chants (et je les donne au diable) de ce que le lecteur bénévole, M. S***, appelle contes de carrefour, et j'ai une légère intention de vous les confier pour les faire passer en Angleterre; seulement je dois d'abord couper les deux chants susdits en trois, parce que je suis devenu vil et mercenaire, et que c'est un mauvais précédent à laisser à mon Mécène Murray, que de lui faire retirer de son argent un trop gros bénéfice. Je suis aussi occupé par Pulci, – je le traduis; – je traduis servilement, stance par stance, et vers par vers, – deux octaves par nuit, – même tâche qu'à Venise.

      »Voudrez-vous passer chez votre banquier, à Bologne, et lui demander quelques lettres qu'il a pour moi, et les brûler? – Ou bien je le ferai, – ainsi ne les brûlez pas, mais apportez-les, et croyez-moi toujours,

      »votre très-affectionné, etc.

      »P. S. Je désire particulièrement entendre de votre bouche quelque chose sur Chypre; – ainsi, je vous en prie, rappelez-vous tout ce que vous pourrez là-dessus. – Bonsoir.»

      LETTRE CCCLVII

À M. MURRAY

      Ravenne, 21 février 1820.

      «Les bull-dogs me seront très-agréables. Je n'ai que ceux de ce pays, lesquels, quoique bons, n'ont pas autant de ténacité dans la mâchoire et de stoïcisme dans la souffrance, que mes compatriotes d'espèce canine: envoyez-moi-les donc, je vous prie, par la voie la plus prompte; – par mer sera peut-être le mieux. M. Kinnaird vous remboursera, et fera déduction du montant de vos avances sur votre compte ou celui du capitaine Tyler.

      »Je vois que le bon vieux roi est allé à son dernier gîte. On ne peut s'empêcher d'être chagrin, quoique la perte de la vue, la vieillesse et la démence, soient supposées être autant de rabais sur la félicité humaine; mais je ne suis point du tout sûr que la dernière infirmité au moins n'ait pas pu le rendre plus heureux qu'aucun de ses sujets.

      »Je n'ai pas la moindre pensée d'aller au couronnement. J'aimerais cependant à en être témoin, et j'ai droit d'y jouer un rôle de marionnette; mais mon différend avec lady Byron, en tirant une ligne équinoxiale entre moi et les miens sous tout autre rapport, m'empêchera aussi, en cette occasion, d'être dans la même procession...... .................

»J'ai fini une traduction du premier chant de Morgante Maggiore de Pulci; je la transcrirai et vous l'enverrai. C'est le père non-seulement de Whistlecraft, mais de toute la poésie badine d'Italie. Vous devez l'imprimer en regard du texte italien, parce que je désire que le lecteur juge de ma fidélité: c'est traduit stance pour stance, et vers pour vers, sinon mot pour mot. Vous me demandez un volume de moeurs, etc., sur l'Italie. Peut-être suis-je en état d'avoir là-dessus plus de connaissances que beaucoup d'Anglais, parce que j'ai vécu parmi les nationaux, et dans des localités où des Anglais n'ont jamais encore résidé (je parle de la Romagne, et particulièrement de cet endroit-ci); mais il y a plusieurs raisons pour lesquelles je ne veux rien imprimer sur un tel sujet. J'ai vécu dans l'intérieur des maisons et dans le sein des familles, tantôt simplement comme amico di casa16, et tantôt comme amico di cuore17 de la dame, et dans l'un et l'autre cas je ne me sens pas autorisé à faire un livre sur ces gens-là. Leur morale n'est pas votre morale, leur vie n'est pas votre vie; vous ne les comprendriez pas; ce ne sont ni des Anglais, ni des Français, ni des Allemands, que vous comprendriez tous. Chez eux, l'éducation de couvent, l'office des cavaliers servans, les habitudes de pensée et de vie sont entièrement différentes de nos moeurs; et plus vous vivez dans l'intimité, plus la différence est frappante, de telle sorte que je ne sais comment vous faire concevoir un peuple qui est à-la-fois modéré et libertin, sérieux par caractère, et bouffon dans ses amusemens, capable d'impressions et de passions tout à-la-fois «soudaines» et «durables» (ce que vous ne trouverez dans aucune autre nation), et qui actuellement n'a point de société (ou de ce que vous nommeriez ainsi), comme vous pouvez le voir par ses comédies: il n'a point de comédie réelle, pas même dans Goldoni, et cela parce qu'il n'y a point de société qui en puisse être la source.

Note 16: (retour) Ami de la maison.

Note 17: (retour) Ami de coeur. (Notes du Trad.)

      »Les conversazioni ne constituent point du tout une véritable société. On va au théâtre pour parler, et en compagnie pour tenir sa langue en repos. Les femmes s'asseoient en cercle, et les hommes se rassemblent en groupes, ou l'on joue au triste faro ou au lotto reale, et l'on joue petit jeu. À l'académie il y a des concerts comme chez nous, avec une meilleure musique et plus d'étiquette. Ce qu'il y a de mieux, ce sont les bals et les mascarades du carnaval, quand tout le monde devient fou pour six semaines. Après le dîner ou le souper, on improvise des vers et on se plaisante mutuellement; mais c'est avec une verve de bonne humeur où vous ne pourriez jamais vous mettre, vous autres gens du Nord.

      »Dans l'intérieur de la maison, c'est bien mieux. Je dois en savoir quelque chose, ayant assez joliment acquis par expérience une connaissance générale du beau sexe, depuis la femme du pêcheur jusqu'à la Nobil Dama que je sers. Ces dames ont un système qui a ses règles, ses délicatesses et son décorum, qui peut ainsi être réduit à une sorte de discipline ou de chasse faite aux coeurs, d'où l'on ne doit se permettre que fort peu d'écarts, à moins qu'on ne désire perdre la partie. Elles sont extrêmement tenaces, et, jalouses comme des furies, elles ne permettent pas même à leurs amans de se marier si elles peuvent les en empêcher, et les gardent toujours, autant que possible, près d'elles en public comme en particulier. Bref, elles transportent le mariage dans l'adultère, et chassent du sixième commandement la particule non. La raison en est qu'elles se marient pour leurs parens, et qu'elles aiment pour elles-mêmes. Elles exigent d'un amant la fidélité comme une dette d'honneur,

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