Le Fils de Coralie: Comédie en quatre actes en prose. Delpit Albert

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Le Fils de Coralie: Comédie en quatre actes en prose - Delpit Albert

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style="font-size:15px;">      Où ça?

BONCHAMP

      Cela m'est égal. Elle et moi, nous faisons tout ce qu'elle veut.

GODEFROY

      Tu m'ennuies, à la fin.

BONCHAMP

      Ça m'est encore égal.

GODEFROY

      Est-elle ma fille, oui ou non?

BONCHAMP

      Mon bon ami, tu as abdiqué tes droits pour étudier l'archéologie. Tant pis pour toi! C'est ta sœur et moi qui avons élevé Édith, nous sommes les plus forts.

GODEFROY

      Une jolie idée que j'ai eue là! Césarine l'a bercée avec des romans de chevalerie et les ouvrages de M. d'Arlincourt; toi, tu la gâtes…

ÉDITH

      Laissez dire papa, mon ami. Allons nous promener.

GODEFROY

      Là! Quelle éducation, mon Dieu!

MONTJOIE

      Me permettez-vous de faire un tour de jardin avec M. Bonchamp et vous, mademoiselle?

ÉDITH, froidement

      Comme il vous plaira, monsieur. (A sa tante.) Tu ne viens pas? Père et M. Bonchamp vont se déchirer.

CÉSARINE

      Non, j'ai à causer avec M. de Montjoie.

ÉDITH

      Je vais vous mettre d'accord. Père, tu prendras mon bras gauche. Vous, mon ami, mon bras droit.

Elle s'éloigne avec BonchampGODEFROY

      Enfant gâtée! (Au perron.) Attendez-moi donc!..

Il sort

      SCÈNE IV

CÉSARINE, MONTJOIECÉSARINE

      Vous auriez mieux aimé suivre ma nièce?

MONTJOIE

      Quelle idée!

Il lui baise la mainCÉSARINE

      Mon Dieu, que cet homme est séduisant! Ah! si je vous avais rencontré dans mon jeune temps… j'aurais été en danger.

MONTJOIE

      Mais non, mais non.

CÉSARINE

      Je vous assure!

MONTJOIE

      Mais non, mais non.

CÉSARINE, baissant la tête

      Oh! je me connais, allez!

MONTJOIE

      Pourquoi voulez-vous donc absolument me poser en don Juan?

CÉSARINE

      Vos aventures sont célèbres! Vous êtes un homme romanesque. Votre père vous avait laissé cent mille livres de rentes et vous les avez mangées.

MONTJOIE

      C'est l'histoire éternelle.

CÉSARINE

      Si bien qu'aujourd'hui…

MONTJOIE

      Ma foi, je ne regrette rien. J'ai eu de belles années, tant que j'ai eu des héritages à recueillir. J'ai dévoré deux tantes chanoinesses, consommé six cousins podagres, anéanti trois oncles asthmatiques. Ils ont tous été très gentils. Chacun d'eux a disparu au moment psychologique. Mon dernier oncle, en me léguant sa fortune, a stipulé que je changerais mon nom pour le sien. J'avais fait tant de folies sous le nom de Louis de Bruniquet, que je n'ai pas été fâché de m'appeler à l'avenir Louis de Montjoie.

CÉSARINE

      Et que vous reste-t-il de ces folies?

MONTJOIE

      Le souvenir. C'est quelque chose! J'ai remarqué que les aventures d'amour vous plaisaient beaucoup.

CÉSARINE, baissant les yeux

      A mon âge… et quand on n'a pas aimé…

MONTJOIE

      On croque les pommes d'autrui.

CÉSARINE

      En imagination. Cela console de ne pas avoir croqué les siennes quand on avait des dents. Que voulez-vous? Je suis une vieille fille. J'ai rêvé d'amour comme une autre: d'amour platonique, bien entendu.

MONTJOIE

      Platonique?

CÉSARINE, avec dignité

      Sachez que c'est celui que les femmes demandent toujours.

MONTJOIE

      Et ne pardonnent jamais.

CÉSARINE

      Aussi, n'ayant pas de roman dans ma vie, je lis ceux qu'on écrit, et j'écoute ceux qu'on raconte. Connaissez-vous la belle Ipsiboë?

MONTJOIE

      Qu'est-ce que c'est que cette dame?

CÉSARINE

      Une dame très bien: l'héroïne d'un roman de M. d'Arlincourt. Elle est amoureuse d'Almaric. Almaric, c'est vous.

MONTJOIE

      Comment, Almaric c'est moi?

CÉSARINE

      C'est-à-dire que vous lui ressemblez. Aussi laissez faire et crier. Vous épouserez ma nièce. Elle sera très heureuse avec vous. Vous êtes si romanesque! Vous admettrez bien que je connaisse Édith, puisque je l'ai élevée dans mes idées.

MONTJOIE

      Cependant, ma chère demoiselle, voilà trois mois que je lui fais une cour assidue.

CÉSARINE

      Les anciens preux attendaient leurs belles pendant des années.

MONTJOIE

      Malheureusement, nous sommes au XIXe siècle.

CÉSARINE

      Une époque de prosaïsme! On se voit, on s'aime, on se marie! Autrefois on allait en Palestine.

MONTJOIE

      Il n'y a plus de Palestine.

CÉSARINE

      On va à Fontainebleau!

MONTJOIE

      J'ai peur que Mlle Édith ne m'aime pas.

CÉSARINE

      Vous n'avez personne à craindre. Ce n'est pas Claude Morisseau, avec ses théories extraordinaires… J'ai vu Édith sourire en l'écoutant: et une jeune fille ne s'éprend que de celui qui la fait rêver. Ce n'est pas M. Delcroix, ni…

MONTJOIE

      Vous ne parlez pas du seul qui soit à redouter: du capitaine Daniel.

CÉSARINE, éclatant de rire

      Vous êtes fou, mon bon ami. D'abord, c'est un artilleur. Ensuite, c'est un garçon froid, hautain, cassant, et qui n'a rien de romanesque. Je suis sûre qu'il n'a jamais eu qu'une petite existence bourgeoise, très plate et très ordinaire. Il a fait un traité scientifique sur… Comment appelez-vous ça?

MONTJOIE

      Sur l'Hérédité physique et morale d'après la doctrine de Darwin.

CÉSARINE

      Et vous croyez que ma nièce aimera un monsieur qui a fait sur l'hérédité physique et morale?.. Enfin, Édith ne le connaît que depuis deux mois, et voilà huit jours qu'il n'a point paru à la maison.

MONTJOIE

      Vous êtes ma providence. J'aime votre nièce pour elle, non pour sa fortune. Si elle ne veut pas de moi…

CÉSARINE

      Elle

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