Le Fils de Coralie: Comédie en quatre actes en prose. Delpit Albert
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Le capitaine Daniel!
Enfin!
SCÈNE IX
Vous voici donc, mon cher!
Monsieur… (Saluant Césarine.) Je vous présente mes hommages, mademoiselle.
Vous êtes bien bon, monsieur. (Elle le lorgne.) Édith l'aime… Il n'a pourtant rien d'extraordinaire.
Madame votre tante est arrivée avec vous?
Oui, monsieur.
J'espère que nous aurons bientôt le plaisir de la connaître. Mais pourquoi diable me demander un rendez-vous de façon solennelle? Est-ce que ma maison ne vous est pas ouverte?
C'est que j'ai à vous parler de choses graves.
Un entretien particulier?
Oui, monsieur.
Je vois que je suis de trop et je me retire.
Non, mademoiselle; vous êtes la sœur de M. Godefroy, et, comme telle, je vous prie de vouloir bien rester.
Je vous laisse. (A Daniel.) Vous savez que je vous suis acquis, mon cher capitaine. Si vous avez besoin de moi…
Je le sais, monsieur, et vous remercie du fond du cœur.
SCÈNE X
Maintenant que nous sommes entre nous, mon cher ami… Mais asseyez-vous d'abord, je vous prie.
Quand j'ai eu l'honneur de vous être présenté, il y a deux mois, au bal de la Préfecture, vous avez été assez bon pour m'accueillir de tout cœur. Votre maison m'a été ouverte. Puis, les semaines ont passé, et un jour j'ai senti que je n'avais pu voir mademoiselle votre fille sans l'aimer…
J'étais sûr qu'il allait faire sa demande!
Décidément, il n'a rien d'extraordinaire.
Avant d'aller plus loin, monsieur, permettez-moi de vous adresser une question. Dans mes rapports avec vous, ai-je agi autrement que ne doit le faire un galant homme?
Quelle idée!
C'est que plusieurs fois j'ai voulu causer avec vous de ma position, de ma fortune, de ma famille…
C'est inutile.
Permettez-moi d'insister.
C'est inutile, vous dis-je! Vous êtes riche, bien de votre personne, officier, décoré, dans une situation superbe…
Vous m'avez toujours interrompu de cette manière-là! Pourtant aujourd'hui il faut que nous abordions cette question. Ma tante, madame Dubois, est arrivée ce matin à Montauban. Elle viendra vous adresser officiellement une demande en mariage. Auparavant…
Auparavant, je n'ai rien à apprendre. Votre vie est au grand jour, n'est-il pas vrai? Vous aimez ma fille, et j'espère qu'elle vous aimera. Que faut-il de plus? Vous êtes d'une famille de paysans, hein? Je l'ai deviné. Que m'importe! Je suis un homme indépendant, au-dessus des préjugés! C'est vous qu'Édith épousera, non votre famille. Si vous étiez pauvre, je vous la donnerais tout de même. (Césarine tousse très fort. Godefroy reprend, avec dignité.) Tu dis?
Je ne dis rien, je tousse. Continue.
J'ajouterai même que je voudrais que vous eussiez quelque chose de grave à me confier, capitaine, pour vous prouver le cas que je fais de vous.
J'ai, en effet, quelque chose de grave à vous confier.
J'en étais sûre!
Je n'ai pas de famille, monsieur, parce que je n'ai jamais eu ni père ni mère. Je suis enfant naturel.
Enfant naturel!
Tiens! tiens! tiens! il a donc un roman dans sa vie, ce garçon?
Enfant naturel! et je ne l'apprends qu'aujourd'hui! Comment! vous êtes venu dans ma maison, vous avez jeté les yeux sur ma fille, et vous n'avez pas eu la sincérité…
Lorsque j'ai eu l'honneur d'être reçu chez vous, j'ignorais que je dusse aimer mademoiselle votre fille. Je n'avais donc rien à vous confier.
Mais depuis, monsieur!
Depuis, j'ai voulu plusieurs fois aborder cette question, vous m'avez toujours interrompu dès les premiers mots; et tout à l'heure encore.
Il fallait insister!
J'ai cru que vous aviez pris des renseignements. Au régiment, on n'ignore pas mon secret: l'armée est une grande famille dont tous les membres doivent se connaître entièrement, étant solidaires les uns des autres. Le jour où l'on a fait allusion à ma naissance, je l'ai avouée sincèrement, estimant que je n'ai ni à m'en cacher ni à en rougir. Je n'avais pas de nom; j'ai tâché de m'en faire un.
Moi, je ne savais rien, monsieur; autrement je vous aurais fait comprendre…
Que je devais renoncer à l'espoir de votre alliance? Mon Dieu, monsieur, je ne suis pas un enfant, je connais la vie et les hommes: j'ai déjà eu le temps d'en souffrir. Vous entendant constamment parler de votre indépendance d'esprit, j'ai cru que vous vouliez m'indiquer ainsi que la tache de ma naissance n'en était pas une à vos yeux.
Certes, monsieur, je suis un esprit libéral, mais…
Un enfant de l'amour! il est très bien.
Vous m'avez dit souvent que vous vous mettiez au-dessus des préjugés.
Des préjugés des autres, pas des siens.
C'est cela, des préjugés des autres, pas des miens! (Se reprenant.) Qu'est-ce que tu me fais donc dire, Césarine? Je vois que vous ne connaissez pas la province,