Le Fils de Coralie: Comédie en quatre actes en prose. Delpit Albert

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Le Fils de Coralie: Comédie en quatre actes en prose - Delpit Albert

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Êtes-vous bien corrigé? Oh! je sais ce que je veux dire. Une bonne petite passion qui ressusciterait après le mariage… C'est ce que je crains surtout.

MONTJOIE

      Vous avez bien tort, ma chère demoiselle. Certes, j'ai médiocrement vécu, et vous avez le droit de vous méfier. Remarquez pourtant que le passé devrait vous être un sûr garant de l'avenir. Quand on a beaucoup pratiqué les amours faciles, on n'a plus qu'un rêve: être un bon mari très fidèle et très bourgeois. Vous voyez en moi un don Juan? Eh bien! toutes les femmes que j'ai rencontrées ne font pas la monnaie d'une seule Elvire. Oh! mon Dieu, non! En commençant par Mme Rita, danseuse à l'Opéra, et en finissant par Coralie, ma grande passion.

CÉSARINE, vivement

      Qu'est-ce que c'était que madame ou mademoiselle Coralie?

MONTJOIE, embarrassé

      C'est assez difficile à dire.

CÉSARINE

      Une cocotte?

MONTJOIE

      Une cocotte… et je l'ai aimée follement. Jugez de ma naïveté! Elle m'a fait souffrir, comme de raison, et m'a mangé un peu de mon cœur et beaucoup de mon argent. En la quittant, j'étais ruiné; l'héritage de mon oncle est venu à point. Après un long voyage, je me suis retiré à Montauban, où je caresse l'espérance d'un bonheur si calme.

CÉSARINE

      Ce qui ne vous empêche pas…

MONTJOIE, à part

      D'être romanesque! Elle y tient.

CÉSARINE

      Confiez-moi le soin de vos affaires. Elles iront bien.

MONTJOIE

      Hum! le capitaine Daniel plaît beaucoup à M. Godefroy.

CÉSARINE

      Aussi, vous aimez ma nièce, et vous égratignez quelquefois son père.

MONTJOIE

      Il m'agace.

CÉSARINE

      Voilà trente ans qu'il m'agace, moi! et je le supporte!

MONTJOIE

      Il se croit un grand collectionneur, et il encombre son musée de bêtises.

CÉSARINE

      Cela vaut mieux que d'en faire.

MONTJOIE

      Oh! il cumule!.. Il se croit au-dessus des préjugés…

CÉSARINE

      Parce qu'il en a peur.

MONTJOIE

      Et des questions d'argent…

CÉSARINE

      Parce qu'il est riche. Rassurez-vous. L'important est de savoir au juste ce que pense Édith. Envoyez-la-moi. Je vais l'interroger.

MONTJOIE

      Merci. Vous me direz toute la vérité? J'ai du courage. Si elle ne m'aime pas…

CÉSARINE

      Allez la chercher dans le jardin.

MONTJOIE

      Tout de suite. (Il se dirige vers le perron. – S'arrêtant.) Je n'aurai pas été bien loin: la voici.

Édith paraît

      SCÈNE V

Les Mêmes, ÉDITHÉDITH

      Au secours, monsieur de Montjoie, au secours!

CÉSARINE

      Bon Dieu! qu'y a-t-il?

MONTJOIE

      Vous n'avez pas l'air bien effrayée.

ÉDITH

      Mon père et M. Bonchamp vont se dévorer. J'ai compté sur vous pour séparer ces deux ennemis qui s'adorent.

MONTJOIE

      C'est beaucoup d'honneur que vous me faites. Mais si j'échoue?

ÉDITH

      Oh! vous réussirez. Ma tante prétend que vous êtes un homme… irrésistible.

MONTJOIE, à part

      Elle me raille. (Saluant.) Mademoiselle. (A Césarine.) Je tremble comme un collégien. Je reviendrai ce soir pour connaître mon sort.

CÉSARINE

      Nous comptons sur vous pour dîner.

Il sort

      SCÈNE VI

ÉDITH, CÉSARINECÉSARINE

      Et maintenant, à nous deux, ma belle… Viens t'asseoir là, sur mes genoux. Comment trouves-tu M. de Montjoie?

ÉDITH, souriant

      Je ne le trouve pas.

CÉSARINE

      Tu l'as vu souvent, cependant!

ÉDITH

      Oui, mais je ne l'ai jamais regardé.

CÉSARINE

      Cette petite a des réponses qui me confondent. Mais il est très bien; et puis si romanesque! Je t'ai fait lire Ipsiboë. Tu ne trouves pas qu'il ressemble à Almaric?

ÉDITH

      Ma chère tante, tu es la meilleure femme du monde, mais ton idéal n'est pas le mien. Je me suis promis de n'épouser jamais qu'un homme que j'aimerais… et je ne l'aime pas.

CÉSARINE

      Ah! le pauvre homme! Et moi qui le protège!

ÉDITH, embrassant sa tante

      Tu ne le protégeras plus, voilà tout.

CÉSARINE

      Comme tu vas! comme tu vas! Tu changeras peut-être d'idée.

ÉDITH

      Cela m'étonnerait.

CÉSARINE

      Voyons, prends-moi pour confidente. Pour ne pas aimer M. de Montjoie, il faut que tu en aimes un autre.

ÉDITH

      Oui.

CÉSARINE, se frappant le front

      Le capitaine Daniel!

ÉDITH

      Oui.

CÉSARINE

      Et je ne le savais pas!

ÉDITH

      Tu ne me l'as jamais demandé.

CÉSARINE

      Pouvais-je me douter d'une telle aberration! Un homme froid, hautain, qui n'a rien de romanesque? Ah! ce n'est pas celui-là qui a eu la moindre aventure!

ÉDITH

      Tant mieux, si je suis la première de sa vie.

CÉSARINE

      Et puis, c'est un artilleur. Que feras-tu d'un pareil homme?

ÉDITH

      J'en ferai mon bonheur.

CÉSARINE

      Compare-le seulement à son rival!

ÉDITH

      Oh! je ne compare pas Daniel… je le sépare.

CÉSARINE

      Toi que j'avais si bien élevée! Je vois que je m'étais méprise sur ton caractère. Je ne te connaissais pas.

ÉDITH

      C'est bien possible, je ne me connaissais pas moi-même.

CÉSARINE

      Un homme que tu as vu pour la première fois il y a deux mois!

ÉDITH, l'embrassant

      Alors,

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