Aux glaces polaires. Duchaussois Pierre Jean Baptiste

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Aux glaces polaires - Duchaussois Pierre Jean Baptiste

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bénédiction de Celui qui veut le salut de tous les hommes, et particulièrement de ces pauvres Indiens et Esquimaux de l’Athabaska-Mackenzie, ne vous fera certainement pas défaut. Je me permets d’y joindre la mienne, en demandant au divin Maître de féconder vos labeurs.

      Croyez, mon bien cher Père, à mes paternels sentiments en N. S. et M. I.

Augustin Dontenwill, O. M. I.,Arch. de Ptolémaïs,Sup. Général.

      CHAPITRE PREMIER

      LES FOURRURES

      Le Passage de l’Ouest. – Les Fourrures. – La colonie française. – Superficie du Canada. – Etendue de l’ancienne Nouvelle-France. – Les Pays d’en Haut. – Les coureurs-des-bois. – Les Compagnies de la Baie d’Hudson et du Nord-Ouest. – Leur fusion. – Les vrais pionniers. – Rapports de l’Honorable Compagnie avec les missionnaires. – «Pauvre évêque-roi». – Le terrain d’égalité.

      Ceux qui furent les élèves des séminaires ou collèges ecclésiastiques, de 1860 à 1900, se souviennent d’un évêque missionnaire, haut de taille, respirant l’humilité, qui s’arrachait parfois à ses solitudes de l’Extrême-Nord américain, pour aller mendier, de par le Canada, la Belgique et la France, des ressources et des apôtres.

      C’était Mgr Grandin.

      A la fin de la causerie cœur à cœur, où il avait décrit, sans en rien déguiser, les difficultés de ses missions, du côté des éléments et du côté des hommes; où la peinture s’était faite de plus en plus sombre, comme à plaisir, son visage exprimait tout à coup l’anxiété, et sa voix s’animait d’une conviction irrésistible:

      « – Dans ce pays de sauvages et de bêtes fauves, s’écriait-il, sous ce ciel glacial, sur ce sol couvert de neige, il vient cependant des commerçants, qui s’exposent à tous les dangers, pour acheter des peaux d’ours et de martres: pas une queue de loup ne se perd dans nos pays de désolation… Et on ne trouverait pas des prêtres pour y venir chercher des âmes!»

      Cette réflexion du vénérable évêque nous livre, en deux mots, la double clef de l’histoire du Canada, le double secret de tous les efforts par lesquels l’immense continent à commencé de se conquérir à l’Europe et à Dieu: les fourrures et les âmes.

      L’exploitation des fourrures ne fut pas, à vrai dire, le premier but des marins du Vieux-Monde qui abordèrent l’Amérique. Depuis le Moyen-Age, le rêve des nations riveraines de l’Atlantique: Espagne, France, Angleterre, était de trouver le passage de l’Ouest, «conduisant à la Chine».

      Y avait-il, entre l’Europe et l’Asie, du côté de l’Occident, une autre terre, et par suite un autre océan que l’Atlantique? La géographie ne pouvait que se poser cette question.

      En 1492, Christophe Colomb, au nom de l’Espagne, atteignit l’île de San-Salvador, qu’il croyait «avoisiner les Indes». D’où le nom d’Indiens, qui appartenait aux véritables habitants de l’Inde ancienne, passa abusivement, pour leur rester, aux Indigènes de l’Amérique. Par la même erreur, l’Amérique fut dénommée d’abord les Indes Occidentales. Les Indigènes furent aussi appelés Peaux-Rouges, parce qu’ils se teignaient le corps avec de la terre rouge.

      En 1534, le 24 juillet, sur un cap de la baie de Gaspé, Jacques Cartier plante la croix fleurdelisée, avec l’inscription: Vive la France! Il pense avoir touché «un bout de l’Asie», et il espère, qu’en remontant le fleuve Saint-Laurent, il coupera cette «presqu’île asiatique qui le sépare encore du Cithay (la Chine)».

      En 1576, Martin Frobisher, au nom de l’Angleterre, s’arrête dans une baie de la terre de Baffin, qu’il croit être «le pôle nord, voisin de l’Asie.»

      L’illusion ne sera pas encore dissipée, à plus d’un siècle de là, car La Salle, arrivant au golfe du Mexique, en 1682, croira avoir trouvé enfin «la mer vermeille de la Chine.»

      Pendant deux siècles, la France et l’Angleterre – la France surtout – poursuivront la recherche de cette mer vermeille qui doit baigner l’Asie orientale: la France à travers le continent de l’Amérique du Nord, l’Angleterre à travers les glaces de l’océan Arctique.

      En 1792 seulement, l’océan Pacifique sera découvert, par delà le Nord-Ouest et les montagnes de la Colombie Britannique, par Alexander Mackenzie, que conduiront six Canadiens Français.

      Ces découvertes aventureuses du grand passage de l’Ouest, de nature à intéresser la science et la politique du Vieux-Monde, eussent-elles suffi à attirer dans le Nouveau une immigration blanche capable de le peupler? Non, pour très longtemps. C’est pourquoi les premiers explorateurs, dont l’ambition était de créer une Nouvelle-France, se mirent en quête de ressources à faire valoir auprès des futurs colons et des gouvernements européens.

      Ils songèrent à l’exploitation minière. Des mines, le Canada possédait les plus riches du globe peut-être, nous le savons maintenant; mais, en ce temps-là, nul ne le soupçonnait, et le résultat des premières tentatives pour les trouver fut dérisoire.

      La culture qui, de nos jours, promet au Canada la réputation de grenier du monde, et qui nourrira des centaines de millions d’hommes, se présentait alors comme chimérique, au sein d’interminables hivers. Autant la végétation tropicale de l’Amérique centrale attirait les Espagnols et les Portugais, autant les rigueurs réelles et l’aridité apparente de l’Amérique septentrionale rebutaient les Français. Les matelots rapatriés contribuaient aussi à rendre le recrutement à peu près impossible, par des récits effrayants «sur les orages, les brouillards, les banquises, les longs et rudes hivers, les attaques des sauvages…». Comment déterminer de paisibles laboureurs à quitter leur petit champ du «tant beau pays de France», et à traverser, sur de lents voiliers, des mers à peine sillonnées, pour aller défricher, sans espoir de succès, de si lointaines forêts?

      Mais il y avait les fourrures.

      Elles devaient couvrir l’étendue entière du Canada, à en juger par ce que nous voyons encore aujourd’hui.

      C’étaient principalement la martre-zibeline, la loutre, la mouffette (sconse), l’hermine, le pékan, le putois (vison), l’isatis, la fouine, le castor, le blaireau, le lynx, l’ondatra (rat musqué), le glouton, l’ours noir, l’ours gris, l’ours blanc, et le renard de toutes couleurs: bleu, blanc, jaune, croisé, argenté, noir, cette dernière variété donnant la plus inappréciable des fourrures.

      Cette richesse vivante était là, s’offrant aux premières convoitises venues. Nos explorateurs, Cartier, Roberval, Champlain surtout, en firent briller l’appât aux yeux de la France.

      L’indolence du roi et de ses ministres se laissa éveiller, et des compagnies commerçantes se formèrent, dotées du monopole des fourrures; «mais – et c’était, en réalité, le but visé par les intelligents découvreurs– à la condition qu’elles implanteraient chaque année sur le sol de la Nouvelle-France quelques familles de bons catholiques français.»

      Ainsi naquit l’œuvre de l’évangélisation au Canada. Grâce aux fourrures précieuses, les âmes purent être conquises.

      Si les Indiens, en effet, n’eussent trouvé sous leurs flèches que le bison, l’élan, le renne, le phoque, dont la chair pourvoyait à leur nourriture et la peau à leurs habits, combien de siècles encore le paganisme les eût-il retenus dans

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