Le vicomte de Bragelonne, Tome III.. Dumas Alexandre

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Le vicomte de Bragelonne, Tome III. - Dumas Alexandre

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Pendant ces trois jours que j'ai passés à Saint-Mandé, j'ai tout oublié, je l'avoue.

      – Oh! je ne l'oublie pas, moi, reprit Aramis. Porthos est à Saint-Mandé, graissé sur toutes les articulations, choyé en nourriture, soigné en vins; je lui ai fait donner la promenade du petit parc, promenade que vous vous êtes réservée pour vous seul; il en use. Il recommence à marcher; il exerce sa force en courbant de jeunes ormes ou en faisant éclater de vieux chênes, comme faisait Milon de Crotone, et comme il n'y a pas de lions dans le parc, il est probable que nous le retrouverons entier. C'est un brave que notre Porthos.

      – Oui; mais, en attendant, il va s'ennuyer.

      – Oh! jamais.

      – Il va questionner?

      – Il ne voit personne.

      – Mais, enfin, il attend ou espère quelque chose?

      – Je lui ai donné un espoir que nous réaliserons quelque matin, et il vit là dessus.

      – Lequel?

      – Celui d'être présenté au roi.

      – Oh! oh! en quelle qualité?

      – D'ingénieur de Belle-Île, pardieu!

      – Est-ce possible?

      – C'est vrai.

      – Certainement; maintenant ne serait-il point nécessaire qu'il retournât à Belle-Île?

      – Indispensable; je songe même à l'y envoyer le plus tôt possible. Porthos a beaucoup de représentation; c'est un homme dont d'Artagnan, Athos et moi connaissons seuls le faible. Porthos ne se livre jamais; il est plein de dignité; devant les officiers, il fera l'effet d'un paladin du temps des croisades. Il grisera l'état-major sans se griser, et sera pour tout le monde un objet d'admiration et de sympathie; puis, s'il arrivait que nous eussions un ordre à faire exécuter, Porthos est une consigne vivante, et il faudra toujours en passer par où il voudra.

      – Donc, renvoyez-le.

      – Aussi est-ce mon dessein, mais dans quelques jours seulement, car il faut que je vous dise une chose.

      – Laquelle?

      – C'est que je me défie de d'Artagnan. Il n'est pas à Fontainebleau comme vous l'avez pu remarquer, et d'Artagnan n'est jamais absent ou oisif impunément. Aussi maintenant que mes affaires sont faites, je vais tâcher de savoir quelles sont les affaires que fait d'Artagnan.

      – Vos affaires sont faites, dites-vous?

      – Oui.

      – Vous êtes bien heureux, en ce cas, et j'en voudrais pouvoir dire autant.

      – J'espère que vous ne vous inquiétez plus?

      – Hum!

      – Le roi vous reçoit à merveille.

      – Oui.

      – Et Colbert vous laisse en repos?

      – À peu près.

      – En ce cas, dit Aramis avec cette suite d'idées qui faisait sa force, en ce cas, nous pouvons donc songer à ce que je vous disais hier à propos de la petite?

      – Quelle petite?

      – Vous avez déjà oublié?

      – Oui.

      – À propos de La Vallière?

      – Ah! c'est juste.

      – Vous répugne-t-il donc de gagner cette fille?

      – Sur un seul point.

      – Lequel?

      – C'est que le coeur est intéressé autre part, et que je ne ressens absolument rien pour cette enfant.

      – Oh! oh! dit Aramis; occupé par le coeur, avez-vous dit?

      – Oui.

      – Diable! il faut prendre garde à cela.

      – Pourquoi?

      – Parce qu'il serait terrible d'être occupé par le coeur quand, ainsi que vous, on a tant besoin de sa tête.

      – Vous avez raison. Aussi, vous le voyez, à votre premier appel j'ai tout quitté. Mais revenons à la petite. Quelle utilité voyez- vous à ce que je m'occupe d'elle?

      – Le voici. Le roi, dit-on, a un caprice pour cette petite, à ce que l'on croit du moins.

      – Et vous qui savez tout, vous savez autre chose?

      – Je sais que le roi a changé bien rapidement; qu'avant-hier le roi était tout feu pour Madame; qu'il y a déjà quelques jours, Monsieur s'est plaint de ce feu à la reine mère; qu'il y a eu des brouilles conjugales, des gronderies maternelles.

      – Comment savez-vous tout cela?

      – Je le sais, enfin.

      – Eh bien?

      – Eh bien! à la suite de ces brouilles et de ces gronderies, le roi n'a plus adressé la parole, n'a plus fait attention à Son Altesse Royale.

      – Après?

      – Après, il s'est occupé de Mlle de La Vallière. Mlle de La Vallière est fille d'honneur de Madame. Savez-vous ce qu'en amour on appelle un chaperon?

      – Sans doute.

      – Eh bien! Mlle de La Vallière est le chaperon de Madame. Profitez de cette position. Vous n'avez pas besoin de cela. Mais enfin, l'amour-propre blessé rendra la conquête plus facile; la petite aura le secret du roi et de Madame. Vous ne savez pas ce qu'un homme intelligent fait avec un secret.

      – Mais comment arriver à elle?

      – Vous me demandez cela? fit Aramis.

      – Sans doute, je n'aurai pas le temps de m'occuper d'elle.

      – Elle est pauvre, elle est humble, vous lui créerez une position: soit qu'elle subjugue le roi comme maîtresse, soit qu'elle ne se rapproche de lui que comme confidente, vous aurez fait une nouvelle adepte.

      – C'est bien, dit Fouquet. Que ferons-nous à l'égard de cette petite?

      – Quand vous avez désiré une femme, qu'avez-vous fait, monsieur le surintendant?

      – Je lui ai écrit. J'ai fait mes protestations d'amour. J'y ai ajouté mes offres de service, et j'ai signé Fouquet.

      – Et nulle n'a résisté?

      – Une seule, dit Fouquet. Mais il y a quatre jours qu'elle a cédé comme les autres.

      – Voulez-vous prendre la peine d'écrire? dit Aramis à Fouquet en lui présentant une plume.

      Fouquet

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