La San-Felice, Tome 09. Dumas Alexandre

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La San-Felice, Tome 09 - Dumas Alexandre

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contempla un instant le cadavre en silence et en laissant échapper de grosses larmes de ses yeux.

      Pendant ce temps, le chapelain passa sur le canot qui avait amené le moine, et monta à bord du Foudroyant.

      Il venait y demander les derniers ordres de Nelson.

      Ces derniers ordres furent de faire du cadavre ce que l'on voudrait, le roi ayant permis qu'il eût une sépulture chrétienne.

      Cette permission fut rapportée par le chapelain au moine, qui prit alors le cadavre entre ses bras robustes et le transborda de la barque dans le canot.

      Le chapelain l'y suivit.

      Puis, sur l'ordre du moine, les deux rameurs qui étaient partis du quai del Piliere, nagèrent directement vers Sainte-Lucie, paroisse de Caracciolo.

      Quoique le quartier de Sainte-Lucie fût essentiellement royaliste, Caracciolo y avait fait tant de bien, qu'il y était adoré; d'ailleurs, du quartier Sainte-Lucie, la marine napolitaine tire ses meilleurs matelots, et tous ceux qui avaient servi sous l'amiral avaient conservé un vif souvenir de ces trois qualités d'un homme qui commande à d'autres hommes: le courage, la bonté, la justice.

      Or, Caracciolo réunissait à un degré supérieur ces trois qualités.

      Aussi, aux premiers mots qu'eut échangés le moine avec les quelques pêcheurs qu'il rencontra, et à peine le bruit eut-il couru que le corps de l'amiral venait chercher une sépulture au milieu de ses anciens amis, que tout le quartier fut en rumeur et que le moine n'eut que le choix à faire de la maison où le corps attendrait le moment de la sépulture.

      Il donna la préférence à celle qui se trouvait la plus rapprochée de la barque.

      Vingt bras s'offrirent pour transporter le cadavre; mais, comme il avait déjà fait, le moine le prit entre ses bras, traversa le quai avec son précieux fardeau, le coucha sur un lit, et revint chercher la tête pour la transporter à son tour comme il avait fait du tronc.

      Il demanda un drap pour l'ensevelir, et, cinq minutes après, vingt femmes revenaient, chacune criant:

      –C'était un martyr: prenez le mien; il portera bonheur à la maison.

      Le moine choisit le plus beau, le plus neuf, le plus fin, et, tandis que le chapelain continuait de lire les prières, que les femmes à genoux faisaient cercle autour du lit où l'amiral était déposé, et que les hommes, debout derrière elles, encombraient la porte qui dégorgeait jusque dans la rue, le moine, pieusement, dépouilla le corps, réunit la tête au tronc et l'ensevelit dans un double linceul.

      Dans la maison voisine, qui était celle d'un menuisier, on entendait retentir les coups de marteau: c'était la bière que l'on clouait à la hâte.

      A neuf heures, la bière fut apportée. Le moine y déposa le corps; puis toutes les femmes du quartier y apportèrent chacune, soit une branche de ce laurier qui pousse dans tous les jardins, soit une de ces fleurs qui pendent à toutes les fenêtres, de façon que le corps en fut entièrement couvert.

      En ce moment, les cloches de la petite église de Sainte-Lucie tintèrent tristement, et le clergé parut à la porte.

      On ferma la bière: six matelots la prirent sur leurs épaules; le moine la suivit, marchant derrière elle; toute la population de Sainte-Lucie suivit le moine.

      Une dalle était levée dans le choeur, à gauche de l'autel; les chants funèbres commencèrent.

      Exagéré en tout, ce peuple napolitain, qui peut-être avait battu des mains en voyant pendre Caracciolo, fondait en larmes et éclatait en sanglots au chant des prêtres qui priaient sur sa bière.

      Les hommes se frappaient la poitrine du poing, les femmes se déchiraient le visage avec leurs ongles.

      On eût dit qu'un malheur public, qu'une calamité universelle frappait le royaume.

      Mais cela ne s'étendait que de la descente du Géant au château de l'Oeuf; à cent pas de là, on égorgeait et l'on brûlait les patriotes.

      Le corps de Caracciolo fut déposé dans le caveau improvisé pour lui et qui n'était point celui de sa famille; la pierre fut scellée sur son corps, et aucune marque distinctive n'indiqua que c'était là que reposait la victime de Nelson et le défenseur de la liberté napolitaine.

      Les San-Luciotes, hommes et femmes, prièrent jusqu'au soir sur la tombe, et le moine avec eux.

      Le soir venu, le moine se leva, prit son bâton de laurier, qu'il avait laissé derrière la porte de la maison où avait été enseveli Caracciolo, remonta la descente du Géant, suivit la rue de Tolède au milieu des marques de vénération que lui donnait toute la basse population, entra au couvent de Saint-Estreim, en sortit un quart d'heure après, en poussant devant lui un âne avec lequel il prit le chemin du pont de la Madeleine.

      Quand il atteignit les avant-postes de l'armée du cardinal, les témoignages de sympathie qu'il recueillit furent encore plus nombreux et surtout plus bruyants que ceux qu'il avait recueillis dans la ville, et ce fut précédé de la rumeur qu'excitait sa vue qu'il arriva à la petite maison du cardinal, dont les portes s'ouvrirent devant lui comme devant une ancienne connaissance.

      Il attacha son âne à l'un des anneaux de la porte et monta l'escalier qui conduisait au premier étage. Le cardinal prenait le frais du soir sur sa terrasse, laquelle donnait sur la mer.

      Au bruit des pas du moine, il se retourna:

      –Ah! c'est vous, fra Pacifico, dit-il.

      Le moine poussa un soupir.

      –Moi-même, Éminence, dit-il.

      –Ah! ah! je suis aise de vous revoir. Vous avez été un bon et brave serviteur du roi pendant toute la campagne. Venez-vous me demander quelque chose? Si ce que vous venez me demander est en mon pouvoir, je le ferai. Mais je vous préviens d'avance, ajouta-t-il avec un sourire amer, que mon pouvoir n'est pas grand.

      Le moine secoua la tête.

      –J'espère que ce que je viens vous demander, dit-il, ne dépasse pas les limites de votre pouvoir, monseigneur.

      –Parlez, alors.

      –Je viens vous demander deux choses, monseigneur: mon congé, la campagne étant finie, et la route que je dois suivre pour aller à Jérusalem.

      Le cardinal regarda fra Pacifico avec étonnement.

      –Votre congé? dit-il. Il me semble que vous l'avez pris sans me le demander.

      –Monseigneur, j'étais rentré à mon couvent, c'est vrai; mais je m'y tenais aux ordres de Votre Éminence.

      Le cardinal fit un signe d'approbation.

      –Quant à la route de Jérusalem, dit-il, rien de plus facile que de vous l'indiquer. Mais, auparavant, cher fra Pacifico, puis-je vous demander, sans être indiscret, ce que vous allez faire en terre sainte?

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