La San-Felice, Tome 09. Dumas Alexandre

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La San-Felice, Tome 09 - Dumas Alexandre

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quatre-vingts yards des fossés…» en est un éclatant témoignage.

      Pendant ces huit jours, le cardinal était resté les bras croisés sous sa tente.

      Dans la nuit du 8 au 9 juillet, on signala deux bâtiments que l'on crut reconnaître, l'un pour anglais, l'autre pour napolitain, et qui, passant à l'ouest de la flotte anglaise, faisaient voile vers Procida.

      Le matin du 9, en effet, on vit dans le port de cette île deux vaisseaux, dont l'un, le Sea-Horse, portait le pavillon anglais, et l'autre, la Sirène, portait non-seulement le pavillon napolitain, mais encore la bannière royale.

      Le 9, au matin, le cardinal recevait du roi cette lettre, sans grande importance pour notre histoire, mais qui prouvera du moins que nous n'avons laissé passer aucun document sans l'avoir lu et utilisé.

      «Procida, 9 juillet 1799.

      »Mon éminentissime,

      »Je vous envoie une foule d'exemplaires d'une lettre que j'ai écrite pour mes peuples. Faites-la-leur connaître immédiatement, et rendez-moi compte de l'exécution de mes ordres par Simonetti, avec lequel j'ai longuement causé ce matin. Vous comprendrez ma détermination à l'égard des employés du barreau.

      »Que Dieu vous garde comme je le désire.

      »Votre affectionné,

      »FERDINAND B.»

      Le roi était attendu de jour en jour. Le 2 juillet, il avait reçu les lettres de Nelson et de Hamilton qui lui annonçaient la mort de Caracciolo et qui le pressaient de venir.

      Le même jour, il écrivait au cardinal, dont il n'avait point encore reçu la démission:

      «Palerme, 2 juillet 1799.

      »Mon éminentissime,

      »Les lettres que je reçois aujourd'hui, et celle surtout que j'ai reçue dans la soirée du 20, m'ont vraiment consolé en me montrant que les choses prennent un bon pli, celui que je désirais, que je m'étais fixé d'avance pour faire marcher d'accord les affaires terrestres avec l'aide divine et vous mettre en état de me mieux servir.

      »Demain, selon l'invitation faite par l'amiral Nelson et par vous, et surtout pour faire honneur à ma parole, je partirai avec un convoi de troupes pour me rendre à Procida, où je vous reverrai, vous communiquerai mes ordres et prendrai toutes les dispositions nécessaires pour le bien, la sécurité et la félicité de tous les sujets qui sont restés fidèles.

      »Je vous en préviens d'avance, en vous assurant que vous retrouverez en moi,

      »Votre toujours affectionné,

      »FERDINAND B.»

      Et, en effet, le lendemain, 3 juillet, le roi s'embarquait, non point sur le Sea-Horse, comme l'y avait invité Nelson, mais sur la frégate la Sirène. Il craignait, en donnant, au retour, le même signe de préférence aux Anglais qu'il leur avait donné en allant, – il craignait, disons-nous, de porter à son comble la désaffection de la marine napolitaine, déjà grande par suite de la condamnation et de la mort de Caracciolo.

      Nous avons dit qu'aussitôt arrivé, le roi avait écrit au cardinal; mais on peut voir, malgré la protestation d'amitié qui termine la lettre, ou plutôt par cette même protestation d'amitié, qu'il y a un refroidissement visible entre ces deux illustres personnages.

      Ferdinand avait amené avec lui Acton et Castelcicala. La reine avait voulu rester à Palerme: elle savait combien elle était impopulaire à Naples et avait craint que sa présence ne nuisît au triomphe du roi.

      Toute la journée du 9, le roi resta à Procida, écoutant le rapport de Speciale, et, malgré son dégoût pour le travail, dressant lui-même la liste des membres de la nouvelle junte d'État qu'il devait instituer, et celle des coupables qu'elle allait avoir à juger.

      Il n'y a point à douter de la peine que daigna prendre, en cette circonstance, le roi Ferdinand, – cette double liste, que nous avons eu entre les mains et que nous avons renvoyée des archives de Naples à celles de Turin, étant tout entière écrite de la main de Sa Majesté.

      Mettons d'abord sous les yeux de nos lecteurs la liste des bourreaux: à tout seigneur tout honneur!

      Puis nous y mettrons celle des victimes.

      Cette junte d'État nommée par le roi se composait ainsi:

      Le président: Felice Ramani;

      Le procureur fiscal: Guidobaldi;

      Juges: les conseillers Antonio della Rocca, don Angelo di Fiore, don Gaetano Sambuti, don Vicenzo Speciale.

      Juges de vicairie: don Salvatore di Giovanni.

      Procureur des accusés: don Alessandro Nara.

      Défenseurs des accusés: les conseillers Vanvitelli et Mulès.

      Les deux derniers, comme on le comprend bien, n'étaient qu'une fiction de légalité.

      Cette junte d'État fut chargée de juger, c'est-à-dire de condamner extraordinairement et sans appel,

      A MORT:

      Tous ceux qui avaient enlevé, des mains du gouverneur Ricciardo Brandi, le château Saint-Elme, – Nicolino Caracciolo en tête, bien entendu;

      (Par bonheur, Nicolino Caracciolo, qui avait reçu mission de Salvato de sauver l'amiral Caracciolo, étant arrivé à la ferme le jour même de son arrestation, et ayant appris la trahison du fermier, n'avait point perdu un instant, s'était jeté dans la campagne et était venu se mettre sous la protection du commandant français de Capoue, le colonel Giraldon.)

      Tous ceux qui avaient aidé les Français à entrer à Naples;

      Tous ceux qui avaient pris les armes contre les lazzaroni;

      Tous ceux qui, après l'armistice, avaient conservé des relations avec les Français;

      Tous les magistrats de la République;

      Tous les représentants du gouvernement;

      Tous les représentants du peuple;

      Tous les ministres;

      Tous les généraux;

      Tous les juges de la haute commission militaire;

      Tous les juges du tribunal révolutionnaire;

      Tous ceux qui avaient combattu contre les armées du roi;

      Tous ceux qui avaient renversé la statue de Charles III;

      Tous ceux qui, à la place de cette statue, avaient planté l'arbre de la liberté;

      Tous ceux qui, sur la place du Palais, avaient coopéré ou même simplement assisté à la destruction des emblèmes de la royauté et des bannières bourboniennes ou anglaises;

      Enfin, tous ceux qui, dans leurs écrits ou dans leurs discours, s'étaient servis de termes offensants pour la personne du roi, de la reine, ou des membres de la famille royale.

      C'étaient à peu près

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