La San-Felice, Tome 09. Dumas Alexandre

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La San-Felice, Tome 09 - Dumas Alexandre

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la nuit du 27 au 28! s'écria Mejean.

      –Oui; de sorte que, si nous étions venus la nuit dernière, au lieu de celle-ci, nous fussions arrivés à temps.

      –N'allez-vous pas dire que c'est ma faute? demanda vivement Mejean.

      –Non; car le mal, au bout du compte, n'est pas si grand que vous le croyez, et peut-être même n'y a-t-il pas de mal du tout.

      –Vous connaissez ce frère Joseph?

      –Oui.

      –Vous êtes sûr de lui?

      –Un peu plus que de moi-même.

      –Et vous savez où le trouver?

      –Je ne le chercherai même pas.

      –Comment ferons nous, alors?

      –Mais nous laisserons les conventions dans les mêmes termes.

      –Et les vingt mille francs?

      –Nous les prendrons ailleurs qu'où nous avons cru les trouver: voilà tout.

      –Quand?

      –Demain.

      –Vous êtes sûr?

      –Je l'espère.

      –Et si vous vous trompiez?

      –Alors, je vous dirais, comme les sectateurs du Prophète: «Dieu est grand!»

      Mejean passa la main sur son front humide de sueur.

      Salvato vit l'angoisse du colonel, lui dont la sérénité avait à peine été troublée un instant.

      –Et maintenant, dit-il, il nous faut remettre cette cassette à sa place et retourner au château.

      –Les mains vides? fit piteusement le colonel – Je n'y retourne pas les mains vides, puisque j'y retourne avec ce billet.

      –Quelle somme y avait-il dans le coffret? demanda Mejean.

      –Cent vingt-cinq mille francs, répondit Salvato en remettant le coffret à sa place et en ramenant dessus la terre avec ses pieds.

      –Si bien qu'à votre avis, ce billet vaut cent vingt-cinq mille francs?

      –Il vaut ce que vaut pour un fils la certitude d'être aimé de son père… Mais rentrons au château comme je le disais, mon cher colonel, et, demain, à dix heures, venez me trouver.

      –Pour quoi faire?

      –Pour recevoir de Luisa une lettre de change de vingt mille francs, à vue sur la première maison de banque de Naples.

      –Vous croyez qu'il y a, dans ce moment-ci, à Naples, une maison de banque qui payera à vue un billet de vingt mille francs?

      –J'en suis sûr.

      –Eh bien, moi, j'en doute. Les banquiers ne sont pas si bêtes que de payer en temps de révolution.

      –Vous verrez que ceux-là seront assez bêtes pour payer même en temps de révolution, et ceux-là pour deux raisons: la première, parce que c'étaient d'honnêtes gens…

      –Et la seconde?

      –Parce qu'ils sont morts.

      –Ah! ah! c'est sur les Backer, alors?

      –Justement.

      –En ce cas, c'est autre chose.

      –Vous avez confiance?

      –Oui.

      –C'est bien heureux!

      Mejean éteignit sa lanterne. Il avait trouvé un banquier qui, en temps de révolution, payait à vue une lettre de change: c'était plus que Diogène ne demandait à Athènes.

      Salvato pressa de ses pieds la terre qui recouvrait le coffret. En cas de retour de son père, l'absence du billet devait lui dire que Salvato était venu.

      Tous deux reprirent le même chemin qu'ils avaient déjà suivi et rentrèrent au château Saint-Elme aux premiers rayons du jour. Les nuits, au mois de juin, sont, on le sait, les plus courtes de l'année.

      Luisa attendait debout et tout habillée le retour de Salvato: son inquiétude ne lui avait point permis de se coucher.

      Salvato lui raconta tout ce qui s'était passé.

      Luisa prit un papier et écrivit dessus un ordre à la maison Backer de payer, à son débit et à vue, une somme de vingt mille francs.

      Puis, tendant le papier à Salvato:

      –Tenez, mon ami, dit-elle, portez cela au colonel; le pauvre homme dormira mieux avec cette lettre de change sous son oreiller. Je sais bien, ajouta-t-elle en riant, qu'à défaut des vingt mille francs, il lui reste notre tête; mais je doute que toutes les deux ensemble, une fois coupées, il les estimât vingt mille francs.

      L'espérance de Luisa fut trompée, comme l'avait été celle de Salvato. Le juge Speciale était arrivé la veille de Procida, où il avait fait pendre trente-sept personnes, et il avait mis, au nom du roi, le séquestre sur la maison Backer.

      Depuis la veille, les payements avaient cessé.

      LXXXVI

      LA BIENVENUE DE SA MAJESTÉ

      Dès le 25 juin, avant qu'il eût appris de la bouche même de Ruffo que celui-ci se séparait de la coalition, Nelson avait envoyé au colonel Mejean l'intimation suivante:

      «Monsieur, Son Éminence le cardinal Ruffo et le commandant en chef de l'armée russe vous ont fait sommation de vous rendre: je vous préviens que, si le terme qui vous à été accordé est outrepassé de deux heures, vous devrez en subir les conséquences, et que je n'accorderai plus rien de ce qui vous a été offert.

      »NELSON.»

      Pendant les jours qui suivirent cette sommation, c'est-à-dire du 26 au 29, Nelson fut occupé à faire arrêter les patriotes, à marchander la trahison du fermier et à faire pendre Caracciolo; mais cette oeuvre de honte terminée, il put s'occuper de l'arrestation des patriotes qui n'étaient point encore entre ses mains et du siége du château Saint-Elme.

      En conséquence, il fit descendre à terre Troubridge avec treize cents Anglais, tandis que le capitaine Baillie se joignait à lui avec cinq cents Russes.

      Pendant les six premiers jours, Troubridge fut secondé par son ami le capitaine Ball; mais, celui-ci ayant été envoyé à Malte, il fut remplacé par le capitaine Benjamin Hollowel, celui-là même qui avait fait cadeau à Nelson d'un cercueil taillé dans le grand mât du vaisseau français l'Orient.

      Quoi qu'en aient dit les historiens italiens, une fois acculé au pied de ses murailles, Mejean, qui, par ses négociations, avait compromis l'honneur national, voulut sauver l'honneur français.

      Il se défendit courageusement, et le rapport à lord Keith,

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