La Cité Ravagée. Scott Kaelen

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La Cité Ravagée - Scott Kaelen

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que des sornettes là-dedans. Si je le pouvais, je serais dehors là-bas avec eux plutôt que cloué à cette Folie. Je n'ai jamais eu envie de m'aventurer dans les Terres Mortes, ni d'aller explorer la Cité Ravagée mais—" une toux grasse se fit entendre depuis la table voisine. Maros jeta un coup d'œil à Jerrick, un régulier du Camelot, assis tout seul comme à son habitude et postillonnant dans son verre. "Cette toux empire, mon vieux," dit Maros. "Tu devrais prendre de la teinture."

      "Hein ?" Jerrick leva ses yeux chassieux et regarda Maros. "Ça m'avance à rien si c'est pour vous entendre, vous les jeunes."

      "C'est une affaire de sabreurs," le réprimanda Maros. "Ce n'est pas pour tes oreilles."

      "Ah bon, quand un homme entend ce qu'il entend, il a bien le droit de parler, non ? J'avais un ami sabreur autrefois, tu sais ? Ouais, je vois bien que c'est difficile d'imaginer qu'un vieux cabot comme moi ait eu des amis, hein ? Eh bien, j'en ai eu. Tous morts, maintenant. Lijah a été le premier à partir. Un bon gars." Jerrick soupira et fronça les sourcils. "Laisse-moi réfléchir... Ça doit bien faire cinquante ans que Lijah et moi étions assis dans cette taverne et il s'en est allé pour une mission. Ouais, ça s'appelait des missions en ce temps-là."

      Maros lança un coup d'œil à Alari et lui fit un signe discret de l'épaule.

      Jerrick toussa, portant une main à sa bouche, qu'il essuya ensuite sur son pantalon avant de lever un sourcil blanc et touffu. "Il avait dit qu'il serait absent pour un moment, qu'il partait en direction du sud pour retrouver une pierre pour une fille. Enfin, vous voyez le genre de quêtes insensées qui vous plaisent à vous, sabreurs. Je lui demande, au sud vers où et, de tous les endroits au monde, il me dit dans la Cité Ravagée. Eh ben, il est parti. L'est jamais revenu. Les gens avaient dit qu'il s'était perdu, attrapé par des monstres ou autre chose, tombé dans un marais, quelque chose comme ça. Moi, j'en suis pas sûr. Lijah était rusé."

      Alari remuait sur son tabouret et attendit pendant que Jerrick éclaircit bruyamment sa gorge derrière sa main noueuse. Quand il eut fini, elle se pencha vers lui et demanda : "Qui était la jeune fille ?"

      "Ça, si je le savais..."

      Maros secoua la tête. "Je n'avais jamais entendu ça."

      "Pas de raison que tu en aies entendu parler," dit Henwyn. "Un contrat parmi mille autres, il y a un demi-siècle de ça ?"

      "Vérifie les archives," suggéra Alari.

      "Non, il y aura rien," dit Maros. "Les archives ne remontent qu'à dix ans. Les anciens contrats et les dossiers des membres sont tous gardés à Brancosi."

      Jerrick émit une autre quinte de toux puis tira de son manteau une pipe en bois et une poche de ce qui semblait être aux yeux de Maros du tobah corsé de népenthès. Malgré ses doigts noueux, il fourra habilement les feuilles humides dans sa pipe, puis prit une gorgée de bière. "Vivre par l'épée, mourir par l'épée, c'est comme ça que vous dites, vous les jeunes, non ? Oui, eh bien, moi, c'est ça, mon épée," dit-il en brandissant sa pipe et son verre, avalant ce qui restait de sa bière et se levant de sa chaise. "Au plaisir de bavarder avec vous, les gars." Il hocha la tête en direction d'Alari. "À toi aussi, jeune fille."

      "Eh, Jerrick," le salua Maros.

      Une expression perplexe se posa sur le visage du vieil homme. "Hein, de quoi on parlait déjà ?"

      Maros sourit tristement. "De vie et de mort, je crois."

      "Ah, oui." Le vieux sourit de toutes ses dents. "Deux sujets que je connais assez bien. Bon, allez." Il leva une main tachetée vers sa tête, comme s'il la portait à un chapeau, puis il traversa la grande salle et sortit dans le soir.

      Tandis que les portes se refermaient dans un chuintement, Maros se perdit dans ses pensées. La révélation de Jerrick le dérangeait. Ça le dérangeait beaucoup.

      Henwyn le regardait. "La prochaine fois que le courrier passe, renvoie-le avec une requête pour les dossiers d'il y a cinquante ans."

      "Le courrier ne sera de retour que dans deux semaines," dit Maros. "Ensuite, il devra faire toute sa tournée avant de retourner à la Baie. Et il se passera probablement plusieurs semaines avant qu'il ne revienne. C'est trop long."

      "Trop long pour quoi, patron ?" demanda la jeune fille assise près d'Henwyn.

      Maros fronça les sourcils. "Désolée, jeune fille, j'ai oublié ton nom."

      "Leaf," dit-elle.

      "Hmm. Bon alors, Leaf. Que dirais-tu d'un petit contrat de coursier ? Pour montrer un peu à Henwyn ce que tu es capable de faire."

      Les yeux de Leaf s'agrandirent. "Un travail rien que pour moi ? Et comment !"

      "Bien. Rendez-vous ici, demain à midi. D'ici là, j'aurai rédigé le formulaire de requête."

      "Où est-ce que je vais ?"

      "Au quartier général de la Guilde à la Baie de Brancosi."

      Leaf resta bouche bée. "Je ne suis jamais allée à la capitale."

      "Eh bien, voilà ta chance. Mais ne traîne pas en route, je veux ces papiers aussi vite que possible."

      "Quelle est l'urgence ?" Kirran essaya de garder un ton prudent.

      Maros dévisagea le novice. "L'urgence, mon garçon, est que j'ai tendance à croire Jerrick, que son ami n'est pas juste mort en route. Si un sabreur est envoyé en mission"— il se surprit à utiliser la même expression ancienne que Jerrick et secoua la tête — "alors la probabilité est qu'il s'agit d'un vétéran, au moins d’un compagnon ou d’une compagne, sinon un maître ou une maîtresse-lame."

      "Qu'est-ce que tu sous-entends ?" demanda Henwyn.

      "Ce que je dis, Hen, c'est que je crois que ce Lijah a peut-être bien trouvé la Cité Ravagée. Plus précisément, je crois que Jalis et les gars la trouveront aussi et je serais damné plutôt que de les laisser subir le même sort."

      Le dernier des clients de la nuit disparut dans la nuit à travers les portes de saloon, laissant Maros seul, en compagnie de deux serveuses qui devaient nettoyer le plancher et essuyer les tables. Des bruits de marmites et de casseroles leur parvenaient depuis la cuisine où Luthan, le chef, terminait lui aussi ses corvées de fin de journée.

      Après quelques minutes, Maros entendit un swish-swish et regarda vers la passerelle derrière le bar. Luthan avait quitté la cuisine et se dirigeait vers Maros. Son tablier empesé et son bandana étaient aussi immaculés que quand il venait devant les clients, même s'il n'y en avait aucun. Plus qu'un chef, les fameux sandwichs de Luthan lui avaient valu une bonne réputation dans le coin et il avait une image à entretenir ; il gérait tout cela avec panache, sereinement et avec plein d'assurance.

      "Tu manges avec moi ?" offrit le chef. "Je me prépare quelque chose avant de rentrer chez moi. On mange ensemble ? Patron ?"

      "Hmm ?" Maros réalisa que Luthan le regardait et il gonfla ses joues. "Non, pas pour moi. C'est trop tard."

      Le chef, méticuleusement rasé, tira un tabouret et se hissa dessus. De ses yeux bleus, il étudia le visage de Maros. "Quelque chose te perturbe." Ce n'était pas une question ; avec Luthan, il n'y avait jamais de question.

      "Je

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