Deux. Impair. Federico Montuschi

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Deux. Impair - Federico Montuschi

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pour entonner des chansons et s’adonner à toute sorte de danse, s’amusant de la situation, heureux et insouciants.

      Ronald avait saisi l’occasion pour se dégager de l’étreinte verbalement tentaculaire de l’une de ses admiratrices qui l’ennuyait depuis presque une demi-heure, l’empêchant de partir à la recherche de Carmen.

      Il s’était élancé dans le jardin et avait commencé à l’appeler, tentant vainement de couvrir le volume des chants des fêtards éméchés.

      Il avait même essayé d’amplifier sa voix en s’aidant de ses mains, placées autour de sa bouche tel un mégaphone, mais les résultats n’avaient pas été meilleurs ; il avait alors tenté de l’appeler sur son téléphone, oubliant que ce dernier avait été égaré pendant l’après-midi.

      Entre temps, la pluie s’était mise à tomber, à la grande satisfaction des rescapés du bal, transpirants et débraillés, enfumés et alcoolisés, qui profitèrent de l’averse pour prendre une douche rafraîchissante à ciel ouvert, improvisant des rondes et des chants de bistrot, sans jamais arrêter de boire.

      Il était rentré dans la maison et, en traversant la salle de bal désormais presque vide, il s’était dirigé vers l’escalier de marbre blanc, qu’il avait grimpé en courant, sautant les marches deux à deux, prenant garde à ne pas trébucher dans l’obscurité.

      Il était arrivé dans le grand salon avec le tapis bleu et avait aperçu Carmen, appuyée au montant d’une porte.

      Ses genoux ne semblaient pas réussir à soutenir son poids ; elle serrait dans l’une de ses mains une bouteille de vodka vide et elle chantait à tue-tête, les yeux fermés, une chanson en anglais qu’il ne parvenait pas à déchiffrer.

      Elle ne s’était pas rendu compte de l’arrivée de son ami, qui s’était empressé de lui prendre la tête entre les mains, s’adressant à elle avec vigueur.

      « Carmen, Carmen ! Tu es ivre morte ! Je t’emmène tout de suite, allez, tu ne peux pas rester ici dans cet état ! »

      Il avait parlé d’une voix stridente, enchaînant les mots, bégayant presque : sous l’emprise du stress, l’aplomb de Ronald, qui plaisait tant à Carmen, s’évanouissait misérablement.

      La jeune femme s’était immobilisée quelques secondes, puis s’était laissée aller tout à coup, s’abandonnant dans les bras de son ami, qui l’étendit inconsciente sur le tapis.

      Finalement, le courant était revenu et la musique avait repris, inattendue et explosive, elle augmentait sans cesse, surmontée des cris alcoolisés des personnes rassemblées au rez-de-chaussée.

      Ronald laissa Carmen un instant et courut en bas pour trouver un peu d’eau ; en entrant sur la piste de danse, il eut l’impression que les murs tremblaient, que le sol se soulevait, que sa tête était transpercée par la lame glacée d’une épée, mais il trouva malgré tout la force de traverser la cohue des personnes qui avaient recommencé à danser. Puis il atteignit le barman, auquel il demanda une bouteille d’eau fraîche.

      Il remonta en vitesse auprès de Carmen, qui était toujours étendue sur le tapis dans l’angle du salon. C’est à cet instant qu’il vit un homme grand et frisé sortir d’une pièce, l’air négligé et visiblement essoufflé.

      Cet homme semblait véritablement pressé, mais il était le seul à qui Ronald pouvait s’adresser dans ce moment de nécessité.

      Nerveusement, il lui demanda de l’aide, croisant son regard fuyant, mais il ne reçut aucune réponse de l’homme, qui descendit rapidement les escaliers, disparaissant dans la confusion du rez-de-chaussée.

      « Connard ! » lui cria Ronald, bien que sa voix fût couverte par le volume de la musique, avant de focaliser à nouveau son attention sur Carmen, lui versant doucement de l’eau fraîche sur le visage et la forçant de temps en temps à en boire quelques gorgées.

      La jeune femme se réveilla en toussant, s’appuyant avec peine sur les épaules de son ami pour réussir à redresser le dos, et cherchant l’air à pleins poumons.

      « Carmen, réveille-toi, je t’en supplie ! ».

      Les mains de Ronald tremblaient en raison de la tension qui s’était emparée de lui et sa voix semblait se répercuter sur le plafond haut du salon, malgré les échos de la musique diffusée par le DJ, qui arrivaient du rez-de-chaussée.

      Carmen battit des paupières dans un état de semi-conscience, avant de relever le dos tout à coup et de vomir sur le tapis persan.

      Ronald fit un bond en arrière pour ne pas être sali, retenant lui aussi un haut-le-cœur, tout en essayant de ne pas lâcher sa tête, qui semblait pouvoir se détacher d’un moment à l’autre, tellement le corps de la jeune femme était exempt de force.

      « Ramène-moi chez moi, Ronald. S’il te plaît », fut la supplique de Carmen, bafouillée entre ses dents, le front perlant de sueur, les cheveux trempés et en désordre.

      « Bien sûr, Carmen. Je te ramène tout de suite. »

      Il souleva son amie à bout de bras, tout en soutenant sa nuque, puis il descendit lentement les escaliers, sentant augmenter le volume de la musique provenant du bas.

      Il traversa la salle de bal du rez-de-chaussée le plus rapidement possible et il poursuivit fermement sur le sentier du parc, arrivant au parking épuisé et haletant.

      Par chance, la Volvo qui, à l’arrivée, avait empêché Carmen de sortir était déjà repartie.

      Il ouvrit la portière arrière de la Deux chevaux en grand, plaça délicatement Carmen sur le siège mouillé - le toit de la voiture était resté ouvert pendant toute la durée de l’orage. Puis, il conduisit en direction de la maison de la jeune femme, lui demandant à voix basse de ne pas salir sa voiture, dans la mesure du possible.

      À l’arrière, Carmen répondit par l’affirmative, d’un simple signe de tête, avant de s’endormir d’un coup avec un sourire étrange sur le visage, ivre comme elle ne l’avait jamais été de toute sa vie.

      Une fois arrivée à destination, accompagnée jusque sur le seuil par Ronald, elle réussit à grand peine à rentrer dans l’appartement, enveloppée dans le silence de la nuit, avant de s’écrouler dans son lit encore toute habillée.

      Mar, penchée sur ses livres dans la chambre d’à côté, ne se rendit compte de rien.

      Elle s’abandonna à des rêves agités, dont elle ne garderait aucun souvenir le lendemain.

      Une enquête complexe

       I wish I was a sailor with someone who waited for me

       I wish I was as fortunate as fortunate as me

       I wish I was a messenger and all the news was good.

       (Pearl Jam)

       Lundi.

      Dès que les journées les plus froides de ce début de printemps passèrent, la grippe de Castillo passa elle aussi peu à peu.

      Après

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