Un drame au Labrador. Vinceslas-Eugène Dick

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Un drame au Labrador - Vinceslas-Eugène Dick страница 4

Серия:
Издательство:
Un drame au Labrador - Vinceslas-Eugène Dick

Скачать книгу

à demi tirée, du fusil qu'il tenait do la main gauche et s'avança, tout courbé, vers l'animal, en apparence mort.

      A deux pas de sa victime, le sauvage s'arrêta de nouveau et se mit en frais do fourrer le canon de son arme sous le cadavre, pour le retourner, sans doute, et voir la blessure par où la vie c'était échappée.

      Mais il arriva alors quelque chose de bien inattendu et de bien terrible....

      D'un coup de patte, l'ours fit voler le fusil au loin; puis bondissant sur le sauvage abasourdi, il l'écrasa sous sa masse pesante, lui labourant en même temps la poitrine, de ses longues griffes.

      Pendant quelques secondes, l'homme et la bête s'agitèrent....

      Puis l'homme demeura immobile....

      Il était mort!

      La scène avait déroulé ses péripéties si vite, que ni l'enfant, muet et terrifié, ni les deux cousins, frappés de stupeur, n'avaient eu lo temps d'intervenir.

      Ce fut le petit sauvage qui secoua le premier l'espèce de paralysie qui immobilisait les trois spectateurs....

      Tirant un couteau d'une gaine de cuir, suspendue à sa ceinture, il se rua sur l'ours avec frénésie et se prit à lui cribler les flancs de blessures profondes.

      Puis, avec une force musculaire au-dessus de son âge, il retourna la bête.—bien morte, cette fois,—dégageant ainsi le corps de son père, sur la poitrine duquel il se jeta, y enfouissant sa figure.

      C'était navrant et terrible.

       Table des matières

       Table des matières

      Gaspard, qui arrivait, précédé d'Arthur, ne put s'empêcher de dire, malgré son flegme:

      —Triste!

      Quant à Arthur, il prit doucement l'enfant dans ses bras, tout comm l'aurait fait une mère, et l'arracher à son étreinte pour le transporter plus loin.

      Il lui disait, tout en le câlinant:

      —Ne pleure pas, petit.... Nous aurons bien soin de toi.... Il y a encore de là place pour un chez le papa Labarou.... Tu vas venir avec nous.... Tu seras de la famille....

      L'enfant, adossé à une souche, ne répondait pas.

      Seulement, il souleva un instant ses paupières et fixa ses prunelles, très noires et très lumineuses, sur Arthur, comme pour s'assurer a'il avait affaire à un ami ou à un ennemi.

      Puis il courba de nouveau le front, gardant un silence farouche.

      Sans se décourager, le jeune Labarou lui releva doucement la tête, la forçant ainsi à le regarder.

      Puis, d'une voix engageante:

      —Tu me comprends, dis?

      L'enfant fit un signe affirmatif.

      —Tu n'as pas peur de nous, n'est-ce pas?

      Mouvement de tête négatif.

      —Alors. pourquoi ne parles tu pas?

      Le petit sauvage mit un doigt dans sa bouche, fit mine de le mâchonner, puis dit enfin:

      —Manger!

      —Tu as faim, petit? s'écria Arthur.

      —Moi aussi! dit Gaspard, jusque là spectateur muet.

      —Ah! ah! je m'explique,... fit en riant le plus jeune des Labarou. Ce garçon-là ne veut pas faire mentir le proverbe: «Ventre affamé n'a point d'oreilles!» Eh bien, puisque c'est comme ça, mangeons un morceau.... Seulement, pour manger un morceau, il faut l'voir sous la main.

      —L'ours! fit laconiquement Gaspard.

      —Tu deviens fou!.... On ne mange pas de ce gibier-là! se récria Arthur.

      —Demande à ce moricaud, ton nouvel ami.

      L'enfant, sans attendre la question, répondit aussitôt:

      —Bon, bon, l'ours.

      Puis il se prit à mâcher à vide, de façon si drôle, que les deux cousins eurent une folle envie de rire.

      Ce qua voyant, le petit sauvage sourit à son tour et se leva.

      Alors, s'armant de son couteau-poignard, avec lequel il s'était si bien escrimé tout à l'heure, il s'approcha de l'ours et se mit en frais de lui fendra le ventre.

      Gaspard ouvrait la bouche pour l'arrêter, dans la crainte qu'il n'abîmât la peau, mais il se rassura aussitôt en voyant avec quelle dextérité le garçonnet opérait.

      Il se contenta de lui venir en aide, afin que la besogne fût plus vite expédiée.

      Arthur, lui, profita d'un moment où l'enfant, tout occupé à son travail, lui tournait le dos, pour enlever prestement le corps du père et le dissimuler, quelques pas plus loin, derrière une touffe de bruyère.

      Le brave garçon avait agi spontanément, sans calcul ni réflexion, mû par un sentiment de pudeur filiale, en présence de cet enfant qu'un drame terrible venait de rendre orphelin.

      Mais le petit peau-rouge, sans détourner la tête, avait pourtant vu.... ou deviné, car il murmura à l'oreille du jeune Labarou, quand celui-ci l'eut rejoint:

      —Bien fait, ça.... Toi, bon ami.

      Et il se reprit à écorcher l'assassin de son père, sans manifester plus d'émotion.

      Au bout d'un quart-d'heure, maître Martin, dépouillé de sa peau, n'était plus reconnaissable. Il ressemblait aussi bien à un honnête veau, apprêté dans l'étal d'un boucher, qu'à une bête féroce, réputée immangeable.

      Cette métamorphose avantageuse réveilla les estomacs assoupis et fit taire toutes les répugnances.

      On se unit résolument à l'oeuvre pour organiser un repas sérieux.

      Mais, ici, une difficulté imprévue se présenta: Comment faire du feu!

      Personne n'avait d'allumette ni du pierre à fusil.

      D'ailleurs, en supposant même qu'on pût se procurer du feu, de quelle façon l'utiliser pour cuire le morceau de venaison destiné au festin?...

      Ce

Скачать книгу