Un drame au Labrador. Vinceslas-Eugène Dick

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Un drame au Labrador - Vinceslas-Eugène Dick

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partout, dans les environs, jusqu'à ce qu'il eut trouvé un éclat de bois de cèdre, dans le centre duquel il pratiqua un trou, avec la pointe de son couteau. Partant de ce trou, il creusa une petite rainure, qui s'en éloignait de quelques pouces et qu'il bourra de mousse, bien sèche, saupoudrée de charbon de bois écrasé, emprunté à une souche du voisinage.

      Ayant alors confectionné une légère baguette de cèdre, effilée à l'un de ses bouts, il en introduisit la pointe dans le trou qu'il venait de faire et se mit à la tourner aussi rapidement que possible entre les paumes de ses mains....

      Quelques étincelles jaillirent bientôt, qui enflammèrent la mousse et le charbon....

      On avait du feu!

      Restait à confectionner le fourneau où se rôtirait la pièce de résistance du festin en perspective.

      Gaspard s'en chargea.

      Il mit de champ deux pierres plates, pour former les parois latérales, puis les couvrit d'une troisième, plus mince et plus large, destinée dans son esprit à servir de.... lèchefrite.

      Alors, fort satisfait de son fourneau, il alluma aussitôt au-dessous un bon feu de branchages.

      Pendant que ce chef-d'oeuvre d'architecture.... culinaire s'édifiait, il va sans dire que le petit sauvage ne demeurait pas inactif.

      Il avait détaché de l'ours un cuissot des plus respectables et, après l'avoir enveloppé d'herbes, paraissait attendre que l'appareil de Gaspard fût prît à fonctionner.

      De son côté, celui-ci trouvait le nouveau marmiton bien lent à apporter au fourneau la «pièce de résistance» du futur dîner.

      De sorte que tous deux se regardèrent d'un air assez drôle, qui voulait dire clairement: «Eh bien, qu'est-ce que tu attends?»

      De toute évidence, nos deux taciturnes ne se comprenaient pas du tout.

      Heureusement, Arthur,—qui n'avait pas, lui, la langue dans sa poche,—intervint:

      —Alors, gamin, demanda-t-il à l'enfant, que fais-tu là?.... Te manque-t-il quelque chose?

      —Cailloux! répondit le marmiton improvisé, en déposant son jambon par terre et, désignant le feu:

      —Des cailloux dans le feu! se récria Arthur. Pourquoi faire? Les cailloux de ce pays-ci seraient-ils du charbon de.... pierre, par hasard?

      Mais Gaspard, lui, avait fini par comprendre.

      —J'y suis! dit-il.... Des cailloux rougis au feu, un trou dans la terre.... Nous dînerons avec du jambon d'ours cuit à l'étouffée.

      —Tiens! c'est vrai.... j'ai entendu parler de cette cuisine de voyage.... Laissons notre petit ami préparer la chose à sa guise, et agissons. Moi, je vais chercher des cailloux. Toi, creuse un trou comme tu pourras.

      En un clin-d'oeil, Arthur eut rempli son chapeau de ces pierres arrondies, à nuances variées, qui abondent dans ces parages.

      Il les disposa adroitement entre les tisons du foyer et se chargea d'entretenir le feu.

      Gaspard, de son côté, creusait une fosse dans le sable, se servant, en guise de pioche, d'un bout de branche pointue et, à défaut do bêche, de ses mains, pour rejeter la terre au dehors.

      Bref, nos trois affamés y mettant chacun du sien, un lit de cailloux brûlants fut étendu au fond de cette fosse, puis recouvert d'une couche d'herbes sur lesquelles le cuissot fut déposé. Par-dessus, on ajouta une nouvelle couche d'herbes; puis on remplit la fosse de terre autour d'un bâton maintenu verticalement au centre, de façon qu'en le retirant avec précaution, il restât une sorte de cheminée communiquant avec l'extérieur.

      Ces deux opérations terminées, les deux cousins crurent, cette fois, qu'il n'y avait plus qu'à laisser faire et prirent une posture aisée pour fumer une bonne «pipe» de tabac—histoire de tromper la faim canine qui les travaillait.

      Mais le petit sauvage, lui, songeait bien au repos, vraiment!

      Il furetait du regard autour de lui, ayant l'air de chercher quelque chose.

      Tout à coup, il partit comme un trait et disparut dans les broussailles.

      —Qu'est-ce qui le prend? se demanda Arthur, qui le suivait des yeux avec étonnement.

      Ce petit bonhomme l'intéressait décidément. Il lui trouvait de ces allures, à la fois farouches et gentilles, qu'ont les jeunes chats qui commencent à s'apprivoiser.

      Cependant le petit bonhomme revint bientôt, toujours courant. Il tenait à la main une large écorce, qu'il venait de détacher d'un bouleau et qu'il façonnait à l'aide de son poignard,—sans s'arrêter, du reste.

      En un tour de main, il eut fabriqué un de ces récipients que nos sucriers canadiens appellent cassots et qu'ils destinent à recueillir la sève de l'érable à sucre.

      Un ruisseau coulait non loin de là. Le cassot y fut empli et rapporté à bras tendus.

      Tout cela dans le temps de le dire.

      C'est alors que les Labarou eurent d'explication de l'utilité du bâtonnet fiché dans la terre recouvrant le jambon.

      De temps en temps, en effet, le petit sauvage avait le soin de retirer ce bâtonnet pour vider un peu d'eau dans le trou qu'il laissait.

      Et, chaque fois, un jet de vapeur montait à l'orifice:

      —Bravo, garçon!.... s'écriait Arthur, tout à fait enchanté de son protégé.

      Puis à Gaspard, toujours calme ut froid:

      —Quel luxe, cousin!... Une cuisine à vapeur dans les savanes du Labrador!

      —Tout cela prend bien du temps... murmurait ce dernier, une main sur l'estomac.

      Mais non!... Il se trompait, le cousin; car, en moins d'une demi-heure, le gigot fut retiré du trou et servi sur une belle écorce de bouleau.

      L'appétit aidant, sans doute, il fut trouvé mangeable par les Français, qui lui firent honneur.

      Quand au «sauvagillon», il en avait la figure toute irradiée.

      —Ah! mes amis, conclut Arthur en se levant de table, si, pendant la dernière quinzaine, ce jambon, au lieu de courir la savane, se fût tranquillement reposé dans une bonne saumure, il serait superbe!

      —Il ne lui manque, en effet, qu'une chose, appuya Gaspard: du sel.

      —Nous salerons ceux qui restent, aussitôt arrivés:—car nous les emportons, tu sais!....

      —Et la peau?

      —Moi porter la peau, dit l'enfant.

      —Non pas; c'est trop pesant pour toi, protesta Arthur. Je m'en charge. Vous deux, prenez chacun un gigot, et en route!... voici le soleil qui baisse.

      Avant de partir, toutefois,

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