Un drame au Labrador. Vinceslas-Eugène Dick

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Un drame au Labrador - Vinceslas-Eugène Dick

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      Le vieil Abénaki avait l'air désolé, le regard morne.

      A l'enfant qui demandait sa mère, il montra les flots déchaînés.

      L'enfant comprit, et un grand déchirement se fit dans sa poitrine....

      En évoquant ce souvenir, le pauvre petit Wapwi, les yeux dilatés, semblait revoir la scène terrible qui le rendit orphelin.

      Il se tut et demeura rêveur, le front penché.

      Les deux cousins respectaient cette émotion filiale.

      Mais l'enfant releva bientôt la tête et se hâta do terminer son récit,—heureux probablement de se débarrasser de souvenirs pénibles.

      Au reste, l'année qui suivit la mort de sa mère ne fut marquée par aucun incident extraordinaire, à part de continuels déplacements qui amenèrent finalement le père et le fils sur la côte du Labrador, où ils furent accueillis par un campement de Micmacs....

      C'est là,—à quelques milles de l'endroit où avaient atterri les deux Français,—que vécurent depuis les fugitifs; là aussi que le père se remaria a une grande diablesse de veuve Micmaque, qui lui fit la vie dure et battait le pauvre petit Abénaki comme plâtre.

      Il était bien heureux d'être débarrassé de cette méchante femme et ne demandait qu'à vivre dorénavant avec ses nouveaux amis blancs....

      Tel fut le récit qu'à force de questions et de caresses encourageantes, Arthur parvint à arracher à son protégé.

      Toute une vie de misère, de privation, de deuil!

      Pauvre petit sauvage!... Le jeune Français, qui avait le coeur excellent, se promit bien de faire tout en son pouvoir pour que, chez ses nouveaux parents de la grande famille blanche, il goûtât un peu de ce bonheur passager que le bon Dieu ne refuse pas aux enfants de son âge.

      Et, comme à-compte, il l'embrassa fraternellement....

      Ce qui fit lever les épaules à Gaspard, homme peu démonstratif.

      Mais on arrivait au fond de la baie de Kécarpoui....

      Un homme et deux femmes se tenaient sur le rivage, le regard tendu....

      Les femmes agitaient leurs mouchoirs....

      C'étaient les bonnes gens qui célébraient le retour des enfants...

      Il va sans dire que le petit Wapwi fut accueilli avec joie, surtout par les femmes.

      La suite de ce récit prouvera que les exilés du Labrador venaient de faire là une heureuse acquisition.

      Puis la petite colonie, composée maintenant de six personnes reprit ses habitudes patriarcales, améliorant sans cesse ses conditions d'existence matérielle et vivant dans une paix profonde.

      Mais il était écrit que le guignon avait suivi cette famille éprouvée jusque sur les rives du Saint-Laurent.

      La coupe du malheur, encore à moitié pleine, devait être vidée jusqu'au fond.

      La tranquillité présente n'était qu'une accalmie.

       Table des matières

       Table des matières

      Un matin de l'année 1852, Arthur remontait de la grève en courant comme un lévrier.

      Apercevant son cousin près de l'habitation, il lui cria, avec des gestes d'ancien télégraphe:

      —Ohé! de la cambuse!

      —Qu'y a-t-il? répondit l'autre.

      —Une voile à bâbord.

      —C'est la goélette qui remonte, je suppose?....

      —Es-tu fou?.... Voilà huit jours à peine qu'elle est passée ici! Et, d'ailleurs, il lui faut aller aux îles pour sa petite contrebande....

      —Qu'est-ce que c'est, alors?

      —Allons voir.

      Les deux cousins s'étaient rejoints.

      Ils redescendirent ensemble vers le rivage, d'où l'on apercevait, à moins d'un mille dans l'est, la côte occidentale de la baie.

      Il y avait là, en effet, une voile.

      Dans le langage du marin, qui dit une voile dit un vaisseau.

      Or, cette fois, la voile en question était une grande barque de pêche, bien gréée, bien arrimée et paraissant avoir pour cargaison tout le méli-mélo qui constitue l'attirail d'une maison de pêcheurs.

      Elle venait justement de jeter l'ancre à une couple d'encablures du rivage.

      On s'agitait à bord; on allait, on venait,—les hommes carguant et serrant les voiles, les femmes rangeant ci et là de menus objets.

      Bientôt les allées et venues cessèrent, et une mince colonne de fumée montant de la barque annonça aux jeunes gens que les nouveaux voisins étaient en train d'apprêter leur déjeuner.

      —Eh bien? fit Arthur.

      —Pour du nouveau, voilà du nouveau.... murmura Gaspard.

      —Tout un arsenal de pêche, et une belle barque!

      —Ils sont du métier, ça se voit.

      —Et puis des femmes.... deux!

      —C'est fait exprès pour toi, qui n'avais pas de prétendue à courtiser.

      —Au fait, tu as raison.... J'oublie toujours que, non content d'être mon cousin, tu aspires encore à devenir mon beau-frère.

      —Puisque Mimie le veut, il me faudra bien en passer par là.

      Et une ombre passa sur le front du jeune homme, connue si quelque inspiration désagréable venait de surgir en son esprit.

      On remonta vers la maison pour annoncer l'événement.

      C'est ici le moment de dire que les deux cousins Labarou, bien qu'ils parussent s'aimer beaucoup, ne se ressemblaient guère, ni au physique, ni au moral.

      Arthur, grand, mince, les cheveux châtain-clair, les yeux d'un bleu foncé, les membres délicats, mais d'une musculature ferme, pouvait passer pour un fort joli garçon, en dépit de son teint bronzé et de sa vareuse de matelot.

      Pas

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