Un drame au Labrador. Vinceslas-Eugène Dick

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Un drame au Labrador - Vinceslas-Eugène Dick страница 10

Серия:
Издательство:
Un drame au Labrador - Vinceslas-Eugène Dick

Скачать книгу

force propos, souvent sans à propos.... On fit des projets pour l'avenir.... Des chasses qui resteraient légendaires furent organisées séance tenante. On extermina, autour de cette table primitive, tout le gibier à poil et à plume des forêts et des savanes labradoriennes; on retira du golfe Saint-Laurent des milliers et des milliers de poissons de toutes grosseurs; on dépeupla l'atmosphère de tous les volatiles qui s'y promènent...

      Bref, le repas terminé, il ne restait plus de vivant, dans cette partie du Canada, que les hommes et les animaux domestiques à qui l'on fit grâce,—faute de munitions, sans doute!

      Puis toute cette jeunesse émoustillée prit place dans la chaloupe des Noël et traversa la baie, faisant retentir les échos de Kécarpoui de ses joyeuses chansons.

       Table des matières

       Table des matières

      En moins de quinze minutes, la petite embarcation heurtait, de son étrave, le talus de la rive gauche.

      On avait passé près de la barque, mouillée en eau profonde, sans s'y arrêter.

      Ce qui fit dire à Arthur, surpris:

      —Ah! ça.... mais où allons-nous?

      —Chez la maman Noël, donc! répondit Thomas.

      —Déjà installés à terre?....

      —Oh! installés! C'est beaucoup dire. Nous sommes campés, et encore!.... répliqua en riant le jeune étranger.

      —Les femmes grillaient de se retrouver sur le plancher des vaches. Elles n'aiment pas la mer, ajouta le petit Louis.

      Tout en causant, on avait retiré les rames, jeté le grappin et sauté sur le rivage.

      Aucune installation, si primitive qu'elle pût être, n'apparaissait encore. Il est vrai qu'un rideau de saules feuillus bordait la rive en cet endroit.

      Les Noël prirent les devants, suivis de près par les Labarou, La muraille de verdure franchie, on se trouva tout à coup en face d'une grande tente carrée, faite avec des voiles de rechange, et supportée par de nombreux piquets.

      Un feu de branches sèches flambait entre de grosses pierres, tout près de là, tandis qu'une marmite, bulbeuse comme le ventre d'un clocheton russe, posée d'aplomb sur ces pierres, contenait un pot-au-feu qui mijotait ferme et sentait bon.

      Thomas ne put s'empêcher, en passant, de soulever le couvercle et de renifler comme un marsouin.

      —Hum! hum! fit-il, quel dommage de ne pouvoir dîner deux fois en une heure!.... il a là de quoi se gaver jusqu'à en être malade!

      —L'appétit te viendra bien assez vite, ricana Louis, qui connaissait le défaut mignon de son grand frère.

      En effet, cet efflanqué de Thomas était aussi gourmand qu'une demi-douzaine d'Esquimaux.... Il avait toujours faim.... Avec cela, paresseux comme un âne, quelque peu enclin à.... «maltraiter» la vérité et dissimuler, cafard, sournois, poltron.... comme on ne l'est plus.

      Bon comme la vie, du reste, à ces petits défauts près!

      Mais il ne fallait pas le chicaner, par exemple, sur l'article nourriture, car ça le faisait sortir de ses gonds, en un rien de temps.

      Thomas eut un regard sévère pour son frère cadet et s'apprêtait à répliquer vertement, lorsque la portière de la tente se souleva pour livrer passage à une grande femme brune, dont les cheveux gris attestaient la cinquantaine.

      C'était la veuve do Pierre Noël.

      —Ah! vous voilà enfin, les gars! dit-elle.... Il est temps, car nous allions nous mettre à table.

      —C'est fait, la mère!... cria joyeusement le petit Louis. On nous a lestés, chez nos voisins, comme des barques qui reviennent du Grand-Banc.

      —Tout de même, si vous tenez absolument.... grommela Thomas... L'air est vif sur la baie, et si les camarades,...

      —Y songez-vous? se récria Arthur... Nous en avons jusqu'à la flottaison. Si bon que soit le vaisseau, il ne faut pas lui mettre double charge. Et d'ailleurs...

      Il avala le reste de sa phrase et resta bouche bée, sa casquette a la main.

      Une jeune fille de dix-sept ou dix-huit ans venait de se montrer dans l'ouverture de la tente... Un bon et franc sourire écartait ses lèvres rouges, laissant à découvert deux rangées de petites dents d'une blancheur d'ivoire. Sa chevelure, d'un châtain foncé et très abondante, négligemment enroulée sur la nuque d'une tête fine et fort bien portée, encadrait l'ovale raccourci de la plus sympathique figure du monde.

      La belle enfant s'arrêta rougissante en apercevant les deux étrangers, puis instinctivement se rapprocha de sa mère.

      Le présentations se firent alors, sans plus de cérémonie que chez les Labarou,—c'est-à-dire que les mains se serrèrent cordialement, comme si l'on se fût retrouvé après une longue absence.

      Et la conversation s'engagea de part et d'autre; les propos de toutes sortes se croisèrent; des promesses d'éternelle amitié furent échangées; bref en quelques dizaines de minutes, on en vint à sceller une de ces solides confraternités qui résistent à tous les assauts de la vie....

      Tant et si bien que le feu s'éteignit et que la marmite cessa de «chanter»!

      Thomas, qui s'en aperçut le premier, s'écria avec une douleur comique:

      —Bon, la mère! pendant que vous jabotez tous à la fois comme des pies, voilà votre dîner qui prend au fond.... Il ne sera plus mangeable, et vous verrez qu'il faudra que ce soit ce goinfre de Thomas qui vous en débarrasse.

      La veuve de Pierre Noël se leva vivement et alla soulever le couvercle.

      —Rassure-toi, mon pauvre Thomas, dit-elle après un rapide examen, il n'est qu'à point; mais si le feu eut continué de flamber....

      —Oui, si le feu eut continué de flamber....?

      —Eh bien, tout serait à recommencer.

      —Là! je vous le disais bien!.... Voyez-vous mes amis, dans ce bas-monde, il faut toujours avoir un oeil ouvert sur le pot-au-feu et l'autre.... ailleurs.

      —C'est entendu, camarade, répliqua Gaspard en se levant. Mais, assez causé. Si vous voulez m'en croire, pendant que ces dames prendront leur dîner, nous autres, allons un peu voir s'il y a encore des arbres bons à abattre dans la forêt.

      En un clin-d'oeil nos quatre gaillards se munirent de haches et se mirent en frais d'attaquer toute épinette ou sapin des alentours qui payait de mine.

      Comme

Скачать книгу