Un drame au Labrador. Vinceslas-Eugène Dick

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Un drame au Labrador - Vinceslas-Eugène Dick

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l'enfant les gênait.

      Comment l'éloigner?

      Ce fut lui-même qui coupa court à l'hésitation de ses nouveaux amis, en allant droit au cadavre et en cherchant du regard un endroit où il pourrait l'enfouir.

      Dès lors, les autres mirent de côté leurs scrupules.

      Le corps fut transporté au pied d'un monticule de sable, qui se trouva d'aventure à un arpent de là, et que l'on égrena sur lui.

      Deux bâton» croisés, figurant tant bien que mal le signe de la Rédemption, furent dressés sur ce tumulus, que l'on recouvrit par mesure de précaution, de cailloux pesants....

      Puis, après avoir adressé mentalement une courte prière au Tout-Puissant à l'intention du pauvre Abénaki, qui attendrait là le jugement dernier, les trois jeunes gens, très impressionnés, se chargèrent des dépouille» de l'ours et quittèrent la savane, se dirigeant vers le fleuve.

      Inutile d'ajouter que le petit sauvage s'était emparé de l'attirail de chasse de son défunt père, et qu'il portait, lui aussi, outre sa nart de venaison, le fusil sur l'épaule....

      Sa démarche conquérante le disait assez!

      Songez donc.... Un fusil à lui!

      Le rêve je son adolescence réalisé!

      Il y avait bien de quoi rendre un peu fat, même un garçon d Quimper, au vieux pays.

      En moins de deux heures, on atteignit la plage.

      La barque, couchée sur le flanc, était à sec. Mais, comme la mer montait, il n'y avait pas lieu de maugréer contre cet élément.

      Toutefois les voyageurs, impatients de rentrer chez eux, ne voulurent pas attendre.

      Ils glissèrent sous la quille de leur embarcation des rouleaux de bois flotté, très abondant partout sur la grève, et réussirent en peu de temps à la remettre A flot.

      Puis les voiles furent livrées à une brise de «nordêt», qui soufflait ferme....

      Et vogue la galère vers Kécarpoui!

      Seulement la «galère», outre son équipage habituel des Français, avait, cette fois-ci, un passager bien inattendu; un descendant direct des aborigènes du golfe Saint-Laurent.

       Table des matières

       Table des matières

      Le petit sauvage, en effet, n'avait soulevé aucune objection quand on lui proposa de l'emmener.

      Loin de là, peu s'en fallut qu'il ne sautât au cou de son nouvel ami, Arthur en l'entendant lui dire, comme conclusion du dialogue échangé entre eux:

      —C'est entendu, mon petit homme: tu viens avec nous et, sauf empêchement imprévu mis par les bonnes gens de Kécarpoui, tu fais de ce jour partie de l'intéressante famille Labarou.

      Et il plaça sa main ouverte sur la tête de l'enfant, dont le regard intelligent le remerciait.

      Ce geste d'Arthur Labarou, c'était une adoption, une adoption sérieuse.

      L'avenir le prouva bien.

      Alors, ce fut une avalanche de questions, auxquelles le nouveau «frère» dut répondre le mieux possible,—ou plutôt le plus possible, car il n'était guère babillard, ce gamin de race rouge.

      Mais, comme le fils des Gaules avait de la langue pour deux, il finit par tirer au clair la biographie de son protégé.

      D'abord, il s'appelait Wapwi.

      Il était né de l'autre côté de la mer (le Golfe Saint-Laurent), dans un ouigouam construit sur les borda d'une grande baie qui mêlait ses eaux à celles du lac sans fin (l'Océan Atlantique).... par delà une autre baie bien plus étendue devant laquelle il fallait passer.... (la Haie de Miramichi, évidemment, qui se trouve plus loin que la Baie des Chaleurs, laquelle est dix fois plus considérable).

      Ses parents étaient des Abénakis.

      Ils vivaient assez misérablement de chasse et de pêche, lorsqu'un jour des étrangers survinrent qui leur défendirent de prendre du saumon dans la rivière, avec des filets, sous peine de se voir chasser du paya,...

      Découragés, les parents de Wapwi émigrèrent vers le nord, longeant la côte dan» leur canot d'écorce jusqu'à ce qu'ils atteignissent la Baie-des-Chaleurs....

      Pendant des jours et des jours, ils remontèrent la rive droite de ce grand bras de mer, qu'ils n'osaient traverser dans sa partie la plus large....

      Finalement, croyant qu'il ne verrait jamais se rétrécir cette nappe d'eau interminable, le père prit le parti de la traverser, par un beau temps calme....

      Hélas! cette tentative devait amener une catastrophe!....

      Le léger canot avait à peine dépassé le milieu de la baie, que le vent ne prit à souffler avec rage, soulevant des lames hautes comme des cabanes (c'est Wapwi qui parle, ne l'oublions pas) et ballottant l'embarcation comme une simple écorce....

      Il devint évident que le canot allait se faire coiffer, d'une minute à l'autre, par les lames qui déferlaient sous la brise....

      Cependant, l'Abénaki luttait héroïquement, tenant tête, l'aviron en mains, aux montagnes d'eau qui assaillaient sa pauvre pirogue....

      Déjà, on distinguait nettement la rive à atteindre.

      Le bruit du ressac sur le sable retentissait à travers les clameurs du vent....

      Encore quelques efforts, et l'on allait pouvoir remercier les manitous d'un salut si chèrement gagné, lorsqu'un craquement sinistre fit pousser un gémissement au vieux canotier....

      Son aviron s'était rompu par le milieu!

      Dès lors, le naufrage devint inévitable....

      La pirogue, saisie par une vague échevelée, tourna sur elle-même et, se remplissant d'eau, fut renversée, livrant au gouffre ceux qui la montaient....

      Que se passa-t-il ensuite?

      Wapwi n'en eut point conscience.

      Tout ce qu'il se rappelait, c'est, qu'il fit nuit dans son cerveau et qu'il lui parut que cent moulins à farine faisaient entendre leur fracas dans ses oreilles....

      Il perdit connaissance.

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