Le Roi des Étudiants. Vinceslas-Eugène Dick

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Le Roi des Étudiants - Vinceslas-Eugène Dick страница 3

Серия:
Издательство:
Le Roi des Étudiants - Vinceslas-Eugène Dick

Скачать книгу

      Étudiants, étudiants

      Chantons, rions sans cesse:

      Que l'étude et l'allégresse

      Se partagent nos instants.

      De son côté, le Caboulot hurlait:

      Pourquoi boirions-nous de l'eau,

      Somm'nous des grenouilles?

      Cardon, lui, proclamait moins haut la chose, mais la mettait consciencieusement en pratique.

      Quant à Lafleur, il n'est pas nécessaire de chercher ce qu'il turlutait de sa voix enrouée; c'était toujours la même rengaine:

      C'est notre grand-père Noé,

      Patriarche digne,

      Que l'bon Dieu nous a conservé

      Pour planter la vigne.

      Il ne fallait pas lui demander autre chose que cela: c'eût été peine perdue. Mais, en revanche, toutes les cinq minutes, l'éternel couplet lui revenait dans le gosier, avec le nom du respectable grand-père Noé, auteur de la première bamboche dont parle l'histoire.

      Laissons Lafleur redire, en quinze couplets, les mérites et les exploits du grand-père Noé, et esquissons à la hâte le portrait du nouvel arrivant.

       Table des matières

       Table des matières

      Paul Champfort était un grand et beau garçon de vingt-deux ans.

      Sa figure franche et ouverte plaisait au premier abord. Cheveux châtains, longs et bouclés; front large, oeil brun, à la prunelle hardie, bouche aux lèvres sympathiques, qu'ombrageait une petite moustache de même nuance que les cheveux: tête charmante, en un mot.

      Il avait l'humeur joyeuse, la parole facile, colorée, doucement railleuse, mais toujours bienveillante. On l'aimait beaucoup, parmi les universitaires, tant à cause du cachet de sympathique distinction dont toute sa personne était empreinte, que par la bonté de son caractère et la solide intelligence qu'on lui savait.

      Il était de toutes les fêtes, de toutes les excursions, de tous les caucus. On se l'arrachait un peu, et c'était toujours une bonne fortune, pour des étudiants en goguette, que l'arrivée de ce bon Champfort.

      On conçoit donc la joie de nos quatre apôtres quand le jeune homme, se rendant aux arguments irrésistibles de son ami Després, s'assit autour de la table du festin bachique et fit mine d'en prendre sa bonne part.

      Une première rasade fut versée par Després.

      —Je bois à ton bonheur, Champfort, fit-il en élevant son verre.

      —Moi, à tes succès en médecine, dit Cardon.

      —Et moi, à l'heureuse issue de ton examen, final, continua Lafleur.

      —Moi, Champfort, je bois à tes amours! cria le Caboulot, de cette voix perçante qui dominait tous les bruits.

      A cette dernière santé, un nuage passa sur le front de Champfort. Le sourire disparut de ses lèvres, et ce fut d'un ton presque solennel qu'il répondit, en se levant:

      —Merci, Caboulot, merci, mes bons amis. Je prends actes de vos bienveillants souhaits. Devant entrer bientôt dans la rude vie professionnelle, j'ai besoin que la chaude amitié dont vous m'avez toujours entouré ne me fasse pas défaut. Et si quelque amertume, quelque déboire m'attend au début, j'aurai du moins, pour atténuer ma mélancolie, le souvenir de vos bons procédés à mon égard.

      Champfort se rassit et chacun but silencieusement son verre, comme si les paroles émues du jeune homme eussent voilé quelque inexorable chagrin. Tant il est vrai que chez ces généreuses natures d'étudiants, la sympathie ne se fait jamais attendre et jaillit toujours spontanément, au moindre appel.

      Mais cette éclipse de gaieté dura peu.

      Quand on est en chemin d'herboriser dans les vignes du Seigneur, on ne s'attarde pas à constater si quelque épine rencontrée par hasard pique peu ou prou; on ne s'amuse pas à relever les humbles violettes ou les pâles marguerites que le pied a foulées en passant.

      C'est du moins, ce que pensait Lafleur, car il entonna aussitôt d'une voix de stentor:

      C'est notre grand-père Noé,

      Patriarche digne,

      Que l'bon Dieu............

      —Va au diable avec ton grand-père Noé! interrompit avec humeur Després, dont le front s'était assombri.

      —Hum! je doute fort qu'il veuille m'y suivre; le digne homme est trop bien casé pour désirer un changement.

      —Alors, vas-y seul.

      —Nenni, mes fils; je suis trop poli pour ne pas vous attendre.

      Després se dérida un peu.

      —Au fait, tu as raison, Lafleur: vive la joie!

      —Et les pommes de terre, morguienne! Chaque chose en son temps. Quand nous serons bien gris, nous parlerons raison; nous ferons de la philosophie, de la psychologie, de la physiologie, de la phrénologie—tout ce que vous voudrez. En attendant! amusons-nous, et haut les verres!

      C'est notre grand-père Noé,

      Patriarche,............

      —Oui, oui, c'est cela, appuya Cardon. Il n'y a rien pour délier la langue et mettre de l'ordre dans les idées comme quelques bons verres de Molson. Je seconde la motion de Labrosse.

      —Adopté, carried! vociféra le petit Caboulot.

      La joie reparut triomphante autour de la table chargée de bouteilles, de verres, de pipes et de tabac. Pendant plus d'une heure, ce fut un déluge de rasades, de chansons, de bons mots à faire pâlir les orgies romaines. Lafleur chanta vingt fois son grand-père Noé; le Caboulot s'enroua pour quinze jours à gouailler chacun de ses amis; Cardon se grisa comme un Polonais, tout en encourageant les autres à boire sec, attendu que les provisions ne manquaient pas. Quant à Després, malgré qu'il eut avalé presque une bouteille à lui seul, il n'y paraissait guère. Seulement, il était devenu grave et rêveur, comme d'habitude; car c'était là le seul effet que les spiritueux semblassent produire sur cette organisation de fer.

      Mais, si grave et si rêveur qu'il fut, il le cédait pourtant sous ce rapport de beaucoup à Champfort. Jamais le jeune homme, d'ordinaire gai et assez solide buveur, ne s'était montré à ses amis enveloppé dans un semblable

Скачать книгу