Les morts commandent. Vicente Blasco Ibanez

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Les morts commandent - Vicente Blasco Ibanez

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était restée toujours maladive, après l’avoir mis au monde. Don Horacio, son grand-père, habitait au second étage, avec un vieux domestique, et vivait comme s’il eût été un hôte de passage, se mêlant à la famille ou se tenant à l’écart, suivant son caprice. Dans le vague de ses souvenirs, Jaime distinguait le puissant relief de cette physionomie originale. Jamais il n’avait vu sourire ce visage encadré de favoris blancs, qui contrastait avec le noir de jais de ses yeux impérieux. On n’avait jamais connu le vieillard autrement qu’en toilette de ville, d’une minutieuse correction. Seul, son petit-fils pouvait à toute heure monter dans sa chambre. Dès le matin, il le trouvait sanglé dans sa redingote bleue, avec son col haut et sa cravate noire, qui, plusieurs fois enroulée autour du cou, était fixée par une grosse perle. Même souffrant, il conservait son élégance irréprochable, à l’ancienne mode. Si la maladie le forçait à garder le lit, il consignait sa porte, même à son fils.

      Jaime passait des heures, assis à ses pieds, écoutant ses récits, intimidé par la multitude de livres, qui, débordant des bibliothèques, envahissaient les chaises et les tables. Les éditeurs de Paris expédiaient à don Horacio d’énormes paquets de volumes, récemment publiés, et, en raison de ses commandes continuelles, ajoutaient à l’adresse cette mention qu’il aimait à montrer d’un air railleur: «Libraire». Avec une bonté de grand-papa, le vieillard s’efforçait, dans ses récits, de se faire bien comprendre, quoiqu’il fût d’ordinaire assez sobre de paroles et peu endurant. Il racontait à Jaime ses voyages à Paris et à Londres, faits les uns en bateaux à voiles jusqu’à Marseille, et de là, en chaise de poste, les autres en vapeurs ou en chemin de fer; il lui décrivait les premiers essais de ces inventions merveilleuses; il parlait de la société du temps de Louis-Philippe, des débuts éclatants du romantisme, des barricades que, de sa chambre, il avait vu élever, mais, à ce souvenir il avait un sourire énigmatique, et il ne disait pas que, ce jour-là, était avec lui à la fenêtre une jolie grisette qu’il tenait par la taille. Son petit-fils était né à la bonne époque, au meilleur moment, affirmait-il. Don Horacio se souvenait en effet de son terrible père, et de leurs divergences d’idées, qui l’avaient obligé de quitter la maison; de ce gentilhomme intransigeant qui allait à la rencontre du roi Ferdinand pour réclamer le retour aux anciens usages, et bénissait ses fils en leur disant: «Dieu fasse de vous de bons inquisiteurs!»

      Parfois, don Horacio restait en contemplation devant le portrait de la charmante doña Elvira.

      —Ta grand’mère, disait-il, était une âme angélique, une artiste! Moi, j’avais l’air d’un barbare, auprès d’elle... Elle était de notre famille, mais elle était venue du Mexique pour m’épouser. Son père avait été marin et était resté là-bas avec les insurgés. Ah! il n’y a jamais eu dans notre race, une femme qui la valût!

      Jaime se souvenait moins de son père que de son aïeul. Il ne retrouvait dans sa mémoire qu’une figure sympathique et douce, mais un peu effacée. Il se rappelait seulement une barbe soyeuse, de nuance claire, comme la sienne, un front chauve, un sourire bienveillant. On racontait que, tout jeune, il avait courtisé sa cousine Juana, cette dame austère, «la Papesse», qui menait la vie d’une religieuse, et qui, après avoir donné des sommes énormes au prétendant don Carlos, prodiguait maintenant ses largesses aux gens d’église. Sa brouille avec le père de Jaime avait sans doute été la cause de son aversion pour cette branche de la famille et de la froideur hostile qu’elle témoignait à son neveu.

      Suivant la tradition de la maison, le père de Jaime avait été officier de marine. Lieutenant de vaisseau sur une frégate pendant la guerre du Pacifique, il avait pris part au bombardement de Callao. Comme s’il n’avait attendu que l’occasion de donner cette preuve de courage, il quitta le service aussitôt après, et se maria avec une demoiselle de Palma, qui avait peu de fortune, fille du gouverneur de l'île d'Iviça.

      Un jour que la Papesse causait avec Jaime, elle lui avait dit, avec sa voix glaciale et son air hautain:

      —Ta mère était d’une famille de gentilshommes; mais elle n’était point butifarra[B] comme nous!

      Quand Jaime, tout jeune encore, commença de se rendre compte des choses, son père, qui était progressiste, élu député lors de la Révolution, ne faisait plus à Majorque que de brefs séjours. Lorsque Amédée de Savoie fut proclamé roi, ce monarque révolutionnaire, comme disaient les nobles conservateurs, qui l’exécraient, abandonné par tous les personnages de la cour, dut faire appel, pour les remplacer, à des hommes nouveaux, pris parmi ceux qui portaient de grands noms historiques. Cédant aux exigences de son parti, le butifarra[B] Ferrer consentit à devenir un des dignitaires du palais. Sa femme, qu’il pressa de le suivre à Madrid, ne voulut pas quitter son île. Elle, à la cour? Et son fils?... Pendant le peu de temps que dura la république, l’ancien député progressiste revint parmi les siens, regardant sa carrière comme terminée.

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