Le Coeur Brisé D'Arelium. Alex Robins
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Il n'y avait rien d'autre à faire que de courir, chaque pas les rapprochant de leur salut. Les remparts commençaient à s'élargir à mesure qu’ils avançaient, l'épaisse fumée des feux emplissant l'air et obscurcissant le chemin. Reed pouvait entendre le faible cliquetis des griffes sur l’acier. Avec un ultime effort, il bondit à travers les derniers mètres de fumée et de suie pour arriver à sa destination, et ce qui restait de la garde de réserve.
Les remparts débouchaient sur une petite place, assez large pour que vingt hommes puissent se tenir côte à côte. L'avant de la place était bordé de part et d'autre par des tours de signalisation rondes et trapues, dont les brasiers étaient allumés. À l'extrémité opposée, se trouvait une modeste guérite à deux étages supportant une herse en fer protégeant l'entrée d'une volée de marches en pierre. C'était la seule voie d'accès à la partie est du mur.
D’épaisses dalles de granit descendaient en zigzag des remparts vers la caserne et les dépendances en contrebas. La guérite était le dernier obstacle, bloquant l'accès aux grandes plaines et aux villages éparpillés au-delà du mur, et c'est là que la garde de réserve livrait son dernier combat.
Les cadavres des deux camps s’étalaient sur la place, le sang cramoisi et l'ichor noir éclaboussant la pierre froide. Une douzaine de corps regroupés près de la tour la plus éloignée portaient des marques de griffes le long du dos et des jambes ; il s'agissait probablement de gardes qui patrouillaient le long du mur et qui, comme Reed, avaient essayé de retourner à la caserne avant d'être attaqués par-derrière par les créatures de la Fosse.
Une coulée sanglante parsemée de capes déchirées et de lances brisées menait de la tour à la guérite à l’autre bout de la place. D'autres corps jonchaient le sol devant la herse, des hommes de la Vieille Garde, mais aussi une bonne demi-douzaine d'ennemis : c'est ici que les soldats en fuite s'étaient retournés pour combattre, et c'est ici que les derniers membres survivants de la garde de réserve tentaient encore de tenir les créatures à distance.
Ils se tenaient devant la guérite en demi-cercle convexe, sur deux rangs. Le premier rang avait un genou à terre, la crosse de leurs lances fermement plantée dans le sol derrière eux, la pointe d’acier tournée vers l'ennemi. Le deuxième rang se tenait un pas derrière le premier, leurs lances reposant légèrement sur les épaules des hommes agenouillés devant eux.
À l'intérieur du demi-cercle de lances, Reed pouvait distinguer l'officier en cape rouge qui l'avait recruté toutes ces années auparavant, sa barbe noire touffue striée de filaments gris, ses dents pourries clairement visibles tandis qu'il hurlait des ordres aux défenseurs. Le capitaine Yusifel, commandant de la garde de réserve.
Devant l'anneau défensif, juste hors de portée des lances hérissées, deux bonnes douzaines de créatures à la peau grise faisaient les cent pas, montrant leurs dents acérées et hurlant des obscénités aux défenseurs. Alors que Reed observait, deux d'entre eux s’élancèrent soudainement, griffes levées, les yeux fixés sur un petit espace dans le cercle où deux des gardes s’étaient écartés l’un de l’autre.
Reed commença à crier un avertissement, mais c’était inutile. Lorsque les créatures atteignirent la ligne défensive, les deux gardes se déplacèrent calmement pour combler l'écart et abaissèrent leurs armes, empalant les deux attaquants ahuris avant qu'ils ne puissent réagir. Reed réalisa qu’Yusifel avait appâté l'ennemi pour qu'il attaque le mur de lance. Tactiquement, c'était logique, car cela lui permettait de réduire lentement le nombre d’attaquants sans risquer la vie de ses propres hommes, mais Reed savait que d'autres créatures étaient en route et que les gardes finiraient par être submergés. Ils devaient battre en retraite.
Une silhouette surgit de la fumée derrière lui et faillit le renverser. C'était Kellen, le visage et le masque de cuir éclaboussés de sang, les cheveux couverts d'une fine couche de cendres provenant des feux. Ses yeux écarquillés se concentrèrent avec difficulté sur Reed.
— Iden est tombé ! cria-t-il par-dessus le vent. Deux d'entre eux ont franchi le mur sur sa droite et lui ont arraché la jambe au niveau du genou. Je n'ai pas pu le sauver !
Il émit un petit rire nerveux qui se transforma en sanglot.
— Il avait réussi à faire quelques mètres de plus sur un pied, mais une autre lui a sauté dessus et...
Reed l’attrapa par le bras.
— De la droite ? Tu es sûr ? demanda-t-il.
— De la droite, Reed, de la droite, de la droite, de la droite ! C’est bien ce que j’ai vu ! s’écria Kellen en ricanant, rejetant la main de Reed et essuyant ses yeux injectés de sang avec sa manche.
— Par les Douze ! jura Reed. Si l'ennemi avait vraiment attaqué par la droite, cela voulait dire qu’il avait réussi à grimper par-dessus les remparts et à descendre de l'autre côté.
Ils étaient complètement encerclés. Et le mur de lances de Yusifel deviendrait inutile si les créatures pouvaient faire le tour pour attaquer le flanc ou l'arrière de la ligne défensive. Il devait les avertir.
— Avec moi ! cria-t-il à Kellen, qui le fixait d’un regard vide.
Reed lui envoya une claque au travers du visage et le tira vers lui.
— Allez, Kellen, on doit avertir Yusifel !
Un cri derrière lui le poussa à agir et il se précipita vers le garde de réserve, entraînant Kellen avec lui.
— Yusifel ! Yusifel, écoutez-moi, espèce de lourdaud ! hurla-t-il.
Il avait perdu son masque et une fumée âcre emplissait ses poumons, le faisant tousser et bafouiller.
Yusifel aperçut les deux hommes et, sentant que quelque chose se passait, dégaina son sabre d'officier et regarda autour de lui. Et il n'était pas le seul. Trois des créatures, alertées par les cris de Reed, avaient interrompu l'attaque du mur de lance et s’étaient retournées pour affronter cette nouvelle menace.
Reed ne ralentit pas une seconde, mais fonça à pleine vitesse sur les attaquants. Sa lance transperça le torse de la créature la plus proche, la lame jaillissant de son dos dans une gerbe d'os et d'ichor. La chose s'agrippa faiblement au bout du manche qui dépassait de sa poitrine avant de s'effondrer sur le sol. Reed eut à peine le temps de dégager son arme qu'une deuxième créature bondissait vers lui, ses griffes visant sa poitrine.
Il réussit à lever sa lance pour parer l'attaque et les griffes s'enfoncèrent dans le bois sec avec un claquement, fendant le manche en deux et envoyant des éclats de bois dans toutes les directions. Reed tomba lourdement, sa lance brisée glissant de sa main. La créature était tombée avec lui, grattant à son surcot, un grognement démoniaque au bout des lèvres. Reed ferma le poing et frappa son agresseur à la bouche, lui cassant deux dents et lui brisant la mâchoire.
La chose hurla et roula sur le côté. La main tâtonnante de Reed se referma sur le manche brisé de sa lance et, avec un grognement d'effort, il fit pivoter son