Tout Est Dans Le Jeu. Carol Lynne
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- Tu la vois, cette route ? As-tu la moindre idée de ce qui pourrait arriver si je me déconcentrais assez longtemps pour faire quelque chose pour l’une ou l’autre de nos bites en ce moment même ? s’enquit Rio en le regardant en lui faisant un clin d’œil. Je te promets que je m’arrête dès que je peux, histoire de faire une petite pause. C’est vrai que je conduis depuis longtemps.
- Une p’tite pause… hum… lui dit Nate en essayant de rentrer sa tige dure dans son pantalon.
Rio gloussa :
- Eh bien, je pensais plus à faire autre chose que juste p’tite pause… si tu vois c’que j’veux dire !
- Rhô putain ! J’aime beaucoup mieux cette idée !
Chapitre Deux
Après un arrêt plus que satisfaisant, Nate s’endormit immédiatement, sa tête reposant contre l’épaule de Rio, qui souriait en regardant cette petite boule d’énergie. Nate serait mort s’il savait qu’il était en train de baver sur sa chemise, parce qu’il se vantait d’être une vraie tapette. Rio pensait que c’était ce que Nate se disait, de toute façon. Toujours soigneusement guindé, même si ses cheveux bruns avaient toujours cette allure décoiffée… Rio savait que Nate passait au moins vingt minutes par jour à se coiffer chaque mèche jusqu’à ce que le rendu soit parfait. Passant un panneau routier, il lui donna un coup de coude.
- Réveille-toi, bébé, on est à moins de cinq kilomètres !
Rio avait deviné ce qui s’était passé au moment où Nate avait ouvert les yeux et avait repéré la tache humide sur le T-shirt rouge de Rio. Sa colonne vertébrale se raidit alors qu’il s’essuyait la bouche.
- Mais p’tain… mais t’as fait quoi, làs ? Tu m’as presque fait faire une hémorragie de fluides.
Rio éclata de rire. Et merde, pensait-il en secouant la tête. La vie n’allait pas être ennuyeuse avec Nate. Il fit un geste vers les montagnes.
- C’est joli, tu trouve pas ?
- Oui, mais, ces dernières heures, je n’ai vu que des montagnes, bailla Nate en se redressant sur son siège.
- Menteur, toi, tout c’que t’as vu ces dernières heures, c’est l’intérieur de tes paupières.
- Rhô ! C’est bon ! C’est pourtant vrai, tout ça, dit Nate en regardant autour d’eux. C’est pas mal du tout, ce coin ! Alors, il est où, notre nouveau chez nous ?
Rio le regarda en secouant la tête.
- Comment pourrais-je le savoir ? Ryan nous a demandé de le rejoindre au Commissariat.
- Ok. C’est juste que je posais une question toute simple, pas de quoi en faire tout un flan !
Nate se déplaça de son côté de la camionnette et croisa les bras, la lèvre inférieure dépassant de cette manière boudeuse qui lui était bien propre. Rio réussit difficilement à réprimer un sourire. De temps en temps, Nate lui rappelait un gamin de six ans. Depuis le sommet de la colline, la ville de Cattle Valley s’étendait devant eux. Elle ressemblait à un village de conte de fées niché dans l’ombre des monts Big Horn1. Rio siffla entre ses dents :
- Et merde ! Je n’savais pas qu’il y avait encore des endroits sur terre qui ressemblaient à ça !
Garant le véhicule sur le côté de la route, Rio admira la vue quelques minutes de plus. Les montagnes semblaient avoir leur première couche de neige.
- Il faudra que je m’achète des fringues. Ma garde-robe se compose principalement de jeans et de t-shirts.
- J’ai pas mal de vêtements d’hiver. Tu pourras m’en emprunter s’tu veux. Oh, mais ! C’est vraiiiiii… les yeux de Nate s’agrandirent et il mit sa main sur sa bouche en signe de surprise : t’es un géant ! Désolé, Rio !
Roulant des yeux, Rio décoiffa les cheveux de Nate, parce que c’était la seule chose qui attirerait son attention. Et de ça, il en était sûr.
- C’est bon, tu peux venir avec moi. Je doute fort que tes vêtements fantaisistes de citadin fassent l’affaire dans une ville de cette taille. On pourra s’équiper mutuellement de sous-vêtements en polaire et de chemises en flanelle.
Rio se mit à rire en voyant Nate frissonner.
- Méfie-toi de ce que tu dis, toi. Je suis sûr que les citoyens de Cattle Valley apprécieront un homme qui porte du cachemire, répondit Nate avec une voix de citadin guindé.
Secouant la tête, Rio remit la camionnette en marche et descendit la colline dans cette vallée pittoresque. Alors qu’ils traversaient la ville, il remarquait que la plupart des bâtiments semblaient neufs. À vrai dire, pas tout à fait : ils avaient l’air anciens, certes, mais il pouvait dire qu’ils avaient été construits au cours de ces quinze dernières années. « Pittoresque » serait le mot qu’il emploierait pour les décrire. La ville avait vraiment l’air d’appartenir à un studio d’Hollywood.
- P’tain, murmura Nate. Il suffit de regarder les gens.
Rio suivit le regard de Nate. Des couples de même sexe marchant main dans la main le long du trottoir.
- Putain ! Ryan avait raison quand il disait que c’était une ville « gay-friendly2 ».
Rio s’arrêta à une station d’essence, qui se trouvait à la limite du quartier d’affaires.
- Pipi pressant, et comme je ne sais pas où est le Commissariat, j’vais aller là. Tu pourrais mettre de l’essence dans la camionnette ?
- Bien sûr, si tu me ramènes des bonbons.
- Marché conclu, dit Rio en sortant du camion.
Ses jambes étaient raides après le long trajet sur la I90. Il s’accrocha à la porte en essayant de faire sortir les muscles avant de rentrer dans le bâtiment. Le son du carillon le fit sourire. Il regarda autour de lui dans le petit espace jusqu’à ce qu’il trouve les toilettes. Après avoir fait ce qu’il avait à faire, il parcourut le rayon « malbouffe » et y choisit quelques barres chocolatées.
- Puis-je vous aider ? demanda une voix grave derrière lui.
Rio se retourna. L’un des plus grands hommes qu’il n’ait jamais vus se tenait dans l’embrasure de la porte, essuyant ses mains grasses sur un chiffon du magasin. Et, même s’il faisait presque froid dehors, sa peau couleur brun chocolat brillait de sueur. Quand il en eut fini avec ses mains, il plia le chiffon et l’essuya sur sa tête chauve et brillante.
- B’jour, lui dit Rio, en marchant vers lui. J’me disais que vous pourriez m’indiquer où je pourrais trouver le bureau du shérif ?
Les grands yeux bruns de l’homme se remplirent d’inquiétude.
- Un problème ?