La Sacrifiée Récalcitrante. Ines Johnson
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La plupart du temps.
De larges sacoches pendaient des flancs de la bête. Le chargement incluait l’armure bleu clair de la Valkyrie. La bête, qui avait autrefois été utilisée comme arme de guerre pour récupérer les mâles tombés au combat, avait été réduite à l’état de bête de somme.
La femme en question glissa du dos du dragon avec un saut périlleux et un grand salut. À la place de son armure, elle portait un bout de tissu sur lequel était écrit Hooters. Au lieu de porter une protection sur les jambes, elle portait ce que Corin avait appris qu’on nommait un micro-short. Un vêtement dans lequel Kimber avait défendu à Cardi de se pavaner dans le château.
— Hé, Cory.
Corin détestait qu’on raccourcisse son nom. Mais il ne contredit pas l’une des filles de la Déesse.
— Salutations, Morrigan.
— C’est bon, mec. Tu peux m’appeler Morri.
Corin n’aimait pas non plus le terme mec. Ça sonnait un peu trop comme un autre mot humain pour désigner des excréments. Mais, à nouveau, on ne contredisait pas une Valkyrie.
Morrigan déposa l’une des larges sacoches avec un bruit sourd. Le dessus du sac s’ouvrit sous le choc, révélant son contenu. À l’intérieur, il y avait un stock de chemises aux couleurs vives et criardes, des shorts élastiques avec des jupes en dentelle attachées, et des pièces tubulaires molles appelées chaussettes. Corin détourna le regard de bouts de tissu triangulaires connectés dont il avait appris qu’ils s’appelaient soutiens-gorges. Des bouteilles de Coca-Cola Original s’entrechoquaient à côté de boîtes de bonbons Nerds et de paquets de Hot Pockets.
— C’est le vingt-et-unième siècle, là-bas, dit la Valkyrie. La mode des années 80 est de plus en plus difficile à trouver vu que ceux de la génération X sont maintenant des grands-parents avec poignées d’amour et bourrelets. Mais, évidemment, la Madge de cinquante ans se balade encore les fesses à l’air de temps en temps. Tu savais qu’elle partait toujours en tournée ?
La plupart du temps, Corin n’avait aucune idée de ce dont la Valkyrie ou la jeune humaine sous leur protection parlaient. Il hochait simplement la tête et s’éclipsait discrètement de la conversation et de la pièce.
— Kimber est parti au repaire des loups avec Cardi. Mais il m’a laissé votre paiement.
Corin tendit le sac de pierres précieuses en échange de la sacoche et se prépara à opérer une retraite rapide. Le bavardage n’était pas son fort.
Les yeux de la Valkyrie étincelèrent en examinant les diamants à l’intérieur du sac. Bien que les Valkyries soient les créatures les plus fortes du Voile, les pierres précieuses étaient leur seule faiblesse. En dehors de l’utilisation de leur force brute, c’était comme ça que les dragons maintenaient leur rang de deuxièmes dans ce jardin de créatures surnaturelles.
Pour atteindre les pierres précieuses, il fallait à la fois le feu et les fortes griffes acérées des dragons. Aucune autre créature derrière le Voile ne possédait ces deux forces. C’était pour cette raison que les joyaux étaient une denrée rare.
Malheureusement, les dragons n’étaient pas réputés pour partager leur trésor. Corin songea que le poids du sac de pierres précieuses de Kimber était un prix énorme pour des choses aussi frivoles. Mais les dragons étaient réputés pour faire des folies pour leurs sacrifiées.
Lorsque Corin se retourna pour s’en aller, un mouvement dans une autre sacoche attira son attention. Il savait que ça devait être un humain mâle. Les Valkyries se rendaient de l’autre côté du Voile, dans le monde des humains, et retiraient la lie de l’humanité de la mêlée pour les emmener au Valhalla, un endroit pire que les boyaux de l’enfer.
Morrigan avait fait un beau coup de filet, ce soir. Il y avait deux sacoches sur le dos du dragon. L’une s’agitait, la puanteur de mort flottant à travers le tissu jusqu’au nez de Corin. L’autre sac demeurait immobile.
— À la prochaine fois, dit Corin en chargeant le sac de babioles sur son dos et en se tournant vers la porte.
— Attends, l’écailleux, dit Morrigan. Je n’en ai pas fini avec toi.
Ce n’était pas des mots qu’un homme avait envie d’entendre de la part d’une Valkyrie. Les dragons n’étaient pas emmenés au Valhalla. Mais une Valkyrie était assez forte pour les battre. Corin inspira profondément. Il n’avait enfreint aucune règle.
— J’ai une autre offrande, dit Morrigan.
Contrairement à Kimber, qui marchandait avec les Valkyries pour qu’elles lui ramènent des babioles qui feraient plaisir à sa compagne, Corin se fichait du monde des humains. Même s’il chérissait le Rubik’s Cube que Cardi avait abandonné après un essai. Et il aimait le jeu Docteur Maboul et quelques autres jeux de plateau du monde des humains. À part ça, il n’y avait rien pour lequel il abandonnerait ses précieux rubis.
L’homme dans le sac gigota encore. Ses mouvements causèrent des remous dans l’autre sacoche. L’odeur du contenu de ce second sac flotta dans la brise. Le sac de trésors pour Cardi s’échappa des mains de Corin.
— Qu’est-ce que c’est que ça ? dit Corin dont la voix était soudain grave et rocailleuse, plus dragon qu’homme.
Morrigan souriait de toutes ses dents en se dirigeant vers le dragon et en soulevant le sac comme s’il ne pesait rien. Plus elle s’approchait, plus les poils de Corin se dressaient.
La Valkyrie dévoila une femme. Les yeux fermés, une bouche en forme de cœur entrouverte, des cheveux rouge flamme comme des rubis flottant en vagues autour de ses frêles épaules.
La bête à l’intérieur de Corin rugit. Le dragon se glissa presque hors de sa peau. Mais à la dernière seconde, Corin tira sur la laisse. Il avait besoin de toute sa présence d’esprit pour comprendre ce qui se passait.
— Qu’est-ce que c’est, répéta-t-il lentement.
L’homme se raccrochait à son esprit, mais le dragon avait déjà pris possession de sa voix.
— Tu es aveugle ? dit Morrigan. C’est un sacrifice.
Ça n’avait aucun sens. Corin ne croyait pas aux coïncidences. Il n’aimait pas les questions sans réponse. Tout avait une explication, même ce cube déconcertant que la Valkyrie avait apporté pour le tourmenter.
— Votre sœur a interdit les sacrifiées dans le Voile.
— Pas tout à fait. Hilda a dit que plus aucun homme ne pourrait sacrifier une humaine. Je ne suis pas un homme.
Morrigan déposa la femme aux pieds de Corin et recula.
Corin ne pouvait détacher les yeux du paquet devant lui. La partie inférieure du corps de la jeune femme était cachée par la sacoche. Le haut lui fit se lécher les babines.
Quand Cardi était arrivée, elle était plus enfant que femme. Aucun des dragons n’avait été sexuellement attiré par elle. Ils étaient devenus ses amis, à la place, et l’avaient