Основы теории первого иностранного языка. Теоретическая грамматика. И. Ю. Моисеева

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Основы теории первого иностранного языка. Теоретическая грамматика - И. Ю. Моисеева страница 4

Основы теории первого иностранного языка. Теоретическая грамматика - И. Ю. Моисеева

Скачать книгу

d’une quantité de mots de la même classe. Un sens lexical peut être exprimé par un seul mot, ou bien par un groupe restreint de mots. Un sens grammatical s’étend à toute une classe donnée ou bien à une grande partie des mots de la classe en question. L’expression d’une modalité ou d’une relation qui n’intéresse que des mots isolés est d’ordre lexical. Une forme grammaticale qui n’affecte plus qu’un seul mot perd son statut grammatical et subit une lexicalisation. En ancien français il existait une déclinaison à deux cas:

      li murs − Nom.

      le mur − Acс

      li sire (Nom.)

      le seigneur (Acc)

      Les vocables sire et seigneur représentaient alors deux formes différentes d’un seul mot. Après la chute de la déclinaison, ces formes se sont conservées, mais ils sont considérées comme deux mots différents. En russe, les formes домой, дома expriment un rapport local spécifique à partir du mot дом. Mais comme ce traitement et cette modalité ne sont propres qu’à ce seul mot, ces formes ne font pas partie du paradigme casuel du mot дом, mais sont des mots à part (plus précisément, des adverbes).

      Comme l’élément grammatical se révèle par rapport à tout un groupe de mots (ou de phrases), on a raison de souligner que le sens grammatical n’est pas un simple sens secondaire ajouté à un mot, mais qu’il est surtout un ensemble de significations en dehors desquelles le mot d’une classe donnée n’est pas concevable: ce sont des sens secondaires, mais obligatoires pour les mots de cette catégorie. Par exemple, aucun substantif russe n’est concevable en dehors du nombre, du genre et du cas. Ce sont ses catégories grammaticales. L’ensemble de ces catégories obligatoires constitue la forme grammatical du mot.

      2.1.4 La référence constante du mot

      Comme l’élément grammatical n’a pas de valeur nominative autonome, son adjonction ou mot ne modifie pas la signification de celui−ci, il n’empêche pas le mot de désigner les mêmes objets (d’avoir la même référence). En même temps, l’adjonction d’un élément lexical modifie la référence du mot: il commence à désigner un autre objet.

      Cette particularité des éléments grammaticaux permet notamment de les distinguer des éléments dérivationnels, qui, par ailleurs, ont un statut semblable à celui des morphèmes grammaticaux (valeur nominative non−autonome, sens catégoriel), extension à une série de mots, série fermée. Il y a des morphèmes de dérivation d’un emploi très large, par exemple, les suffixes diminutifs.

      Mais pourquoi maison et maisons représentent−ils deux formes grammaticales du même mot, alors que maison et maisonnette sont deux mots différents? C’est que le premier couple de formes correspond au même élément de réalité. Mais maison et maisonnette correspondent à des réalités différentes. Si un élément sans modifier le sens général du mot, le fait passer dans une autre partie du discours (marcher − marcheur, clair − clairement, rigide − rigidité), il est considéré aussi comme un suffixe (élément lexical) et non comme une flexion (élément grammatical), parce qu’en français les unités de sens indentique, mais appartenant à des parties du discours différentes sont des mots différents.

      2.1.5 Le caractère fermé et limité de la série

      On a vu que le sens lexical peut se réduire à un seul vocable. Le sens grammatical, par contre, embrasse une large série de mots. Il est donc évident que celui−ci doit être non seulement plus abstrait, mais que pour cette même raison il sera confiné à un nombre d’éléments plus restreint. Si les mots devaient se voir ajouter un nombre très grand de modificateurs grammaticaux, leur emploi dans la phrase et la communication même en seraient entravés. C’est pourquoi si le lexique représente une série illimitée d’éléments, la grammaire est faite d’une série limitée d’éléments. On peut dresser la liste des éléments grammaticaux, alors que pour le lexique cela n’est pas possible. Si les mots constituent des inventaires ouverts (on peut en emprunter à d’autres langues, ou en créer de nouveaux), les éléments grammaticaux constituent des listes fermées (en ne peut pas créer consciemment un élément grammatical).

      2.2 La catégorie grammaticale. Son aspect sémantique

      Le système grammatical d’une langue est caractérisé par l’ensemble de ses catégories grammaticales, morphologiques et syntaxiques. On parlera surtout ci−dessous des catégories morphologiques.

      La catégorie grammaticale représente l’unité de la valeur grammaticale (sens grammatical) et de la forme grammaticale. Pour qu’on puisse parler d’une forme grammaticale dans la langue, il faut qu’une forme s’associe régulièrement avec un sens grammatical déterminé.

      2.2.1 La structure interne de la catégorie grammaticale

      La structure interne de la catégorie grammaticale est caractérisée par les oppositions et les sous−catégories. Analysons les deux aspects de la catégorie grammaticale.

      Résumons les caractéristiques de la valeur grammaticale:

      Les oppositions sont la condition nécessaire de l’existence d’une catégorie grammaticale. Là, où il n’y a pas d’oppositions de sens rendues par les formes différentes, la catégorie grammaticale n’existe pas. Les formes qui s’opposent d’après leur sens a l’intérieur de la catégorie grammaticale s’appellent « sous−catégories ». Ainsi le singulier et le pluriel sont des « sous−catégories » de la catégorie grammaticale du nombre.

      Remarques: On appelle souvent « catégorie » ce qui est désigné ici par le terme sous−catégorie (la catégorie du singulier, du plus−que−parfait, par exemple). Les oppositions du sein de la même catégorie peuvent être binaires (entre deux sous−catégories) ou multiples (entre plusieurs sous−catégories). L’opposition binaire est la condition minimale de l’existence d’une catégorie grammaticale.

      Il y avait trois genres en latin. Cette opposition de trois éléments s’est réduite en langues romanes à une opposition binaire, on compte deux genres en français: masculin et féminin − le neutre s’est réparti entre les deux); mais la catégorie n’en subsiste pas moins: deux formes suffisent pour créer la catégorie de genre.

      La catégorie du cas en latin connaissait cinq (ou six) formes. Il ne s’en était conservé que deux en ancien français: le cas sujet et le cas régime, pourtant la catégorie du cas continuait à vivre avec ces deux formes. Après l’élimination d’un des cas (c’était le cas sujet, parfois le cas régime) toute la catégorie du cas s’est trouvée exclue de la langue. La grammaire traditionnelle compte en français quatre sous−catégories de mode: indicatif, conditionnel, subjonctif, impératif.

      Des théoriciens sont arrivés à conclure que le conditionnel et l’impératif ne sont pas des modes autonomes, mais des formes spécifiques de l’indicatif. La grammaire théorique maintient donc la catégorie verbale de mode par la seule opposition indicatif / subjonctif.

      Certaines théories mettent en doute le subjonctif en tant que mode à part (on y voit aussi des formes spécifiques de l’indicatif). Dans ce cas on devrait dire que le mode en tant que catégorie verbale morphologique est inexistant en français, faute d’oppositions. Ce sont les oppositions qui déterminent la valeur exacte de la catégorie grammaticale. L’ancien français ne connaissait que deux formes d’article: défini

Скачать книгу