Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II. Чарльз Диккенс

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Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II - Чарльз Диккенс

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ceci, et respira sa prise de tabac avec une sensualité qui semblait être composée de goût pour le tabac et d'amour pour les honoraires.

      «Ça ressemble à de la clientèle, cela, dit Perker.

      – Oui, répondit le clerc, en offrant à son tour sa boîte, avec la plus grande cordialité; et le meilleur de l'affaire c'est que personne au monde, excepté moi, ne peut lire l'écriture du patron. Si bien que, quand il a donné son opinion, on est obligé d'attendre que je l'aie copiée, hé! hé! hé!

      – Ce qui profite à quelqu'un aussi bien qu'à maître Snubbin, et contribue à vider la bourse du client, ha! ha! ha!»

      À cette observation, le clerc recommença à rire; non pas d'un rire bruyant et ouvert, mais d'un ricanement silencieux, intérieur, qui faisait mal à M. Pickwick. Quand un homme saigne intérieurement, c'est une chose fort dangereuse pour lui; mais quand il rit intérieurement, cela ne présage rien de bon pour les autres.

      «Est-ce que vous n'avez pas fait la petite note des honoraires que je vous dois? reprit Perker.

      – Non; pas encore.

      – Faites-la donc, je vous en prie. Je vous enverrai un mandat. Mais vous êtes trop occupé à empocher l'argent comptant pour penser à vos débiteurs, hé! hé! hé!»

      Cette plaisanterie parut chatouiller agréablement le clerc, et il se régala sur nouveaux frais de son ricanement égoïste.

      «Maintenant M. Mallard, mon cher ami, dit M. Perker en recouvrant tout d'un coup sa gravité, et en tirant par le revers de son habit le grand clerc du grand avocat, dans un coin de la chambre, il faut que vous persuadiez au patron de me recevoir avec mon client que voilà.

      – Allons! allons! en voilà une bonne! voir maître Snubbin? C'est par trop absurde!»

      Malgré l'absurdité de la proposition, le clerc se laissa doucement emmener hors de l'ouïe de M. Pickwick, puis après quelques chuchotements, il disparut dans le sanctuaire du luminaire de la justice. Il en revint bientôt sur la pointe du pied et informa M. Perker et M. Pickwick qu'il avait décidé maître Snubbin à les admettre sur-le-champ, en violation de toutes les règles établies.

      Maître Snubbin, suivant la phrase reçue, pouvait avoir une cinquantaine d'années. C'était un de ces individus pâles, maigres, desséchés, dont la figure ressemble à une lanterne de corne. Il avait des yeux ronds, saillants, ternes comme on en rencontre ordinairement dans la tête des gens qui se sont appliqués pendant de longues années à de laborieuses et monotones études; des yeux qui l'auraient fait reconnaître pour myope quand même on n'aurait pas vu le lorgnon qui se dandinait sur sa poitrine, au bout d'un large ruban noir. Ses cheveux étaient rares et grêles, ce qu'on pouvait attribuer en partie à ce qu'il n'avait jamais sacrifié beaucoup de temps à leur arrangement, mais surtout à ce qu'il avait porté pendant vingt-cinq ans la perruque légale, que l'on voyait derrière lui, sur une tête à perruque. Les traces de poudre qui souillaient son collet, la cravate de batiste mal blanchie et plus mal attachée, qui entourait son cou, indiquaient que, depuis qu'il avait quitté la cour, il n'avait pas eu le temps de faire le moindre changement dans sa toilette; et l'air malpropre du reste de son costume, donnait lieu de croire qu'il aurait pu avoir tout le temps désirable, sans que sa tournure en fût améliorée. Des livres de droit, des monceaux de papiers, des lettres ouvertes, étaient répandus sur la table, sans aucune apparence d'ordre. L'ameublement était vieux et délabré, les portes de la bibliothèque semblaient vermoulues; à chaque pas la poussière s'élevait en petits nuages du tapis râpé; les rideaux étaient jaunis par l'âge et par la fumée, et l'état de toutes choses, dans le cabinet, prouvait, clair comme le jour, que maître Snubbin était trop absorbé par sa profession pour faire attention à ses aises.

      L'illustre avocat s'occupait à écrire, lorsque ses clients entrèrent; il salua d'un air distrait, quand M. Pickwick lui fut présenté par son avoué, fit signe à ses visiteurs de s'asseoir, plaça soigneusement sa plume dans son encrier, croisa sa jambe gauche sur sa jambe droite, et attendit qu'on lui adressât la parole.

      «Maître Snubbin, dit M. Perker, M. Pickwick est le défendeur dans Bardell et Pickwick.

      – Est-ce que je suis retenu pour cette affaire-là?

      – Oui, monsieur.»

      L'avocat inclina la tête, et attendit une autre communication.

      «Maître Snubbin, reprit le petit avoué, M. Pickwick avait le plus vif désir de vous voir, avant que vous entrepreniez sa cause, pour vous assurer qu'il n'y a aucun fondement, aucun prétexte à l'action intentée contre lui, et pour vous affirmer qu'il ne paraîtrait pas devant la cour, si sa conscience n'était pas complètement tranquille en résistant aux demandes de la plaignante. – Ai-je bien exprimé votre pensée, mon cher monsieur? continua le petit homme en se tournant vers M. Pickwick.

      – Parfaitement.»

      Maître Snubbin développa son lorgnon, l'éleva à la hauteur de ses yeux, et après avoir considéré notre héros pendant quelques secondes, avec une grande curiosité, se tourna vers M. Perker, et lui dit en souriant légèrement:

      «La cause de M. Pickwick est-elle bonne?»

      L'avoué leva les épaules.

      «Vous proposez-vous d'appeler des témoins?

      – Non, monsieur.»

      Le sourire de l'avocat se dessina de plus en plus; il dandina sa jambe avec une violence redoublée, et se rejetant en arrière dans son fauteuil, il toussa dubitativement.

      Tout légers qu'étaient ces indices des sentiments de l'avocat, ils ne furent pas perdus pour M. Pickwick. Il fixa plus solidement sur son nez les bésicles à travers lesquelles il avait attentivement contemplé les démonstrations que l'homme de loi avait laissé échapper, puis il lui dit, avec une grande énergie, et en dépit des clins d'œil et des froncements de sourcils de l'avoué:

      «Mon désir de vous être présenté dans un semblable but, monsieur, paraît sans doute fort extraordinaire à une personne qui voit tant d'affaires du même genre?»

      L'avocat essaya de regarder gravement son feu, mais il eut beau faire, le sourire revint encore sur ses lèvres. M. Pickwick continua:

      «Les gentlemen de votre profession, monsieur, voient toujours le plus mauvais côté de la nature humaine. Toutes les discussions, toutes les rancunes, toutes les haines, se produisent devant vous. Vous savez par expérience jusqu'à quel point les jurés se laissent prendre par la mise en scène, et naturellement vous attribuez aux autres le désir d'employer, dans un but d'intérêt et de déception, le moyen dont vous connaissez si bien la valeur, parce que vous l'employez constamment dans l'intention louable et honorable de faire tout ce qui est possible en faveur de vos clients. Je crois qu'il faut attribuer à cette cause l'opinion vulgaire mais générale, que vous êtes, comme corps, froids, soupçonneux, égoïstes. Je sais donc fort bien, monsieur, tout le désavantage qu'il y a à vous faire une semblable déclaration, dans la circonstance où je me trouve. Néanmoins, comme vous l'a dit mon ami, M. Perker, je suis venu ici pour vous déclarer positivement que je suis innocent de l'action qu'on m'impute; et quoique je connaisse parfaitement l'inestimable valeur de votre assistance, je vous demande la permission d'ajouter que je renoncerais à me servir de votre talent, si vous n'étiez pas absolument convaincu de ma sincérité.»

      Longtemps avant la fin de ce discours (qui, nous devons le dire, était d'une nature fort prolixe pour M. Pickwick), l'avocat était retombé dans ses distractions. Cependant, au bout de quelques minutes de silence

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