Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor. Артур Конан Дойл

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Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor - Артур Конан Дойл

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moi, nous descendîmes lentement sur nos montures la pente d'une des vertes collines qui s'élevaient à l'arrière du camp, dans l'espoir d'apercevoir quelques indices de l'ennemi.

      Nos hommes avaient été laissés libres.

      Ils étaient éparpillés sur l'herbe, essayant d'allumer des feux avec du bois mouillé ou mettant leurs habits à sécher au soleil.

      C'était là une troupe bien étrange à voir.

      Ils étaient cuirassés de boue de la tête aux pieds.

      Leurs chapeaux ramollis s'étaient déformés, leurs armes rouillées, leurs bottes si usées que beaucoup marchaient nu-pieds, et que d'autres avaient roulé leurs mouchoirs autour de leurs pieds.

      Et pourtant leur court passage par la vie militaire avait fait de ces rustres aux bonnes figures, des gaillards aux regards farouches, à moitié rasés, aux joues creuses, sachant «présenter armes» ou «mettre la pique sur l'épaule», comme s'ils n'avaient fait que cela depuis leur enfance.

      Les officiers ne se trouvaient pas mieux partagés que les hommes.

      D'ailleurs, mes chers enfants, nul officier, quand il est de service, ne s'abaisserait à se procurer un confortable que tous ne pourraient point partager avec lui.

      Il doit prendre place au feu du bivouac, partager l'ordinaire du soldat, ou bien tout laisser-là, car il est un embarras, une pierre d'achoppement.

      Nos habits étaient en bouillie, nos cuirasses rougies par la rouille, nos chevaux aussi tachés, aussi éclaboussés que s'ils s'étaient roulés dans la vase.

      Même nos épées et nos pistolets étaient dans une condition telle que nous avions de la peine à dégainer les unes et faire partir les autres.

      Seul Sir Gervas réussit à maintenir jusqu'au bout sur son costume et sa personne la propreté poussée jusqu'à la coquetterie.

      Que faisait-il pendant les gardes de nuit et comment arrivait-il à dormir?

      Ce fut toujours un mystère pour moi, car chaque jour il se montrait à l'appel du clairon lavé, parfumé, brossé, la perruque bien arrangée, avec des vêtements desquels jusqu'à la dernière éclaboussure avait été enlevée soigneusement.

      À l'arçon de sa selle était toujours suspendu la boîte pleine de farine où nous l'avions vu puiser à Taunton, et ses braves mousquetaires avaient la tête dûment poudrée tous les matins, bien que leurs queues redevinssent une heure après aussi brunes que la nature les avait faites, bien que la farine s'en allât en minces filets laiteux sur leurs larges dos, en formant des grumeaux sur les bords de leurs habits.

      Ce fut une longue lutte contre le mauvais temps et le baronnet, mais ce fut notre camarade qui l'emporta.

      – Il fut un temps où on m'appelait le Gros Ruben, disait mon ami, comme nous chevauchions côte à côte sur la route tortueuse. Avec trop peu de ce qui est solide et trop de l'élément liquide, je finirai par être le squelette Ruben avant de revoir Havant. Je suis aussi plein d'eau de pluie que les barils de mon père de bière d'octobre. Je voudrais, Micah, que vous me tordiez et que vous me mettiez à sécher sur un de ces buissons.

      – Si vous êtes mouillé, les gens du Roi Jacques doivent l'être encore plus, dis-je, car après tout nous avons été abrités tant bien que mal.

      – C'est une piètre consolation, quand vous crevez de faim, de savoir que votre prochain est dans la même situation. Je vous en donne ma parole, Micah, j'ai serré ma ceinture d'un cran lundi; d'un autre mardi, d'un hier, et d'un autre aujourd'hui. Je vous le dis, je fonds comme un glaçon au soleil.

      – Si vous en venez à être réduit à rien, dis-je en riant, qu'est-ce que nous aurons à raconter sur vous à Taunton? Depuis que vous avez endossé la cuirasse et que vous êtes à la conquête des cœurs de nos demoiselles, vous nous avez dépassés tous en importance, et vous êtes devenu un homme de poids, un homme considérable.

      – J'avais plus de substance, plus de poids, avant de me mettre à traîner sur les routes de la campagne comme un colporteur de Hambledon, dit-il. Mais pour dire la vérité vraie et parler sérieusement, Micah, c'est une chose étrange de sentir que le monde qui se trouve tout entier devant vous, vos espérances, vos ambitions, tout en un mot, se tiennent dans le petit espace que peut couvrir un bonnet et que supportent deux petits pieds. Il me semble qu'elle est ce qu'il y a de plus noble, de plus élevé en moi, et que si j'étais arraché d'elle, je resterais à jamais un être incomplet, inachevé. Avec elle, je ne demande pas autre chose. Sans elle, tout le reste n'est rien.

      – Mais avez-vous parlé au vieillard? demandai-je. Êtes-vous fiancé en règle?

      – Je lui ai parlé, répondit mon ami, mais il était si occupé à garnir les cartouches, que je n'ai pu obtenir son attention. Lorsque j'ai fait une nouvelle tentative, il était en train de compter les piques de rechange dans la salle d'armes du château, avec une taille et un encrier. Je lui ai dit que j'étais venu pour solliciter la main de sa petite-fille. Sur quoi il s'est tourné vers moi, et m'a demandé: «Quelle main?» d'un air si distrait qu'il était évident que son esprit était ailleurs. Mais à la troisième tentative, le jour où vous êtes revenu de Badminton, j'ai présenté enfin ma requête, mais il a pris feu aussitôt, pour me dire que ce n'était pas la saison de pareilles sottises, ajoutant que j'aurais à attendre que le Roi Monmouth fut sur le trône et qu'alors je pourrais lui faire ma demande. Je vous réponds qu'il ne traitait pas ces choses-là de sottises, il y a cinquante ans, quand il faisait lui-même sa cour.

      – Du moins il ne vous a pas refusé, dis-je. Cela vaut autant qu'une promesse, de vous dire que si l'entreprise réussit, vous réussirez aussi.

      – Sur ma foi, s'écria Ruben, si un homme pouvait amener ce résultat, rien qu'avec sa lame, il n'y en a point qui s'y intéresse aussi vivement que moi. Non! Pas même Monmouth en personne. Depuis longtemps l'apprenti Derrick a levé les yeux jusqu'à la petite-fille de son maître et le vieux était prêt à faire de lui son fils, tant il était enchanté de le voir si pieux et si zélé. Mais j'ai appris indirectement que ce n'est qu'un débauché, un homme aux plaisirs bas, bien qu'il cache ses frasques sous des dehors pieux. J'ai pensé, tout comme vous, qu'il était à la tête des tapageurs qui ont tenté d'enlever Mistress Ruth, et pourtant sur ma foi! je n'ai guère sujet de les blâmer sévèrement puisqu'ils m'ont rendu le plus grand service que jamais des gens aient rendu. En attendant, avant notre départ de Wells, il y a deux nuits, j'ai saisi l'occasion de dire quelques mots à ce sujet à Maître Derrick et de l'avertir de ne comploter aucune trahison contre elle, s'il tenait à sa vie.

      – Et comment a-t-il accueilli cette bienveillante sommation?

      – Comme un rat accueille un piège à rat. Il a grogné quelques mots de haine dévote et s'est esquivé.

      – Sur ma vie, mon garçon, dis-je, vous avez eu autant d'aventures de votre côté que moi du mien. Mais nous voici au sommet de la hauteur, avec une perspective aussi étendue qu'on peut le souhaiter.

      Juste au-dessous de nous courrait l'Avon, traversant en longues courbes un pays boisé et renvoyant les rayons du soleil tantôt sur un point, tantôt sur un autre.

      On eût dit une rangée de soleils minuscules sur une corde d'argent.

      De l'autre côté, le pays paisible, aux teintes variées, montait et descendait en ondulations, qui présentaient à la vue champs de blés et vergers, et s'étendait au loin pour finir en une lisière de forêts, sur les collines lointaines de Malvern.

      À

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