Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier. Аристофан

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Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier - Аристофан

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Silence!

DIKÆOPOLIS

      Non, par Apollôn! je ne me tais pas, à moins que les Prytanes ne délibèrent sur la paix.

LE HÉRAUT

      Les Envoyés revenant d'auprès du Roi!

DIKÆOPOLIS

      De quel roi? J'en ai assez des Envoyés, des paons et des fanfaronnades.

LE HÉRAUT

      Silence!

DIKÆOPOLIS

      Ah! ah! par Ekbatana, quel équipage!

UN DES ENVOYÉS

      Vous nous avez députés vers le Grand Roi, avec une solde de deux drakhmes par jour, sous l'arkhontat d'Euthyménès.

DIKÆOPOLIS

      Hélas! nos drakhmes!

L'ENVOYÉ

      Certes, nous avons peiné le long des plaines du Kaystros, errants, couchant sous la tente, mollement étendus sur des chariots couverts, mourant de fatigue.

DIKÆOPOLIS

      Et moi, j'étais donc bien à l'aise, couché sur la paille, le long du rempart?

L'ENVOYÉ

      Bien reçus, on nous forçait à boire, dans des coupes de cristal et d'or, un vin pur et délicieux.

DIKÆOPOLIS

      O cité de Kranaos, sens-tu bien la moquerie de tes Envoyés?

L'ENVOYÉ

      Les Barbares ne regardent comme des hommes que ceux qui peuvent le plus manger et boire.

DIKÆOPOLIS

      Et nous, les prostitués et les débauchés aux complaisances infectes.

L'ENVOYÉ

      Au bout de quatre ans, nous arrivons au palais du Roi; mais il était allé à la selle, suivi de son armée, et il chia huit mois dans les monts d'or.

DIKÆOPOLIS

      Et combien de temps mit-il à fermer son derrière?

L'ENVOYÉ

      Toute la pleine lune; puis il revint chez lui. Il nous reçut alors, et il nous servit des bœufs entiers, sortant du four.

DIKÆOPOLIS

      Et qui a jamais vu des bœufs cuits au four? Quelles bourdes!

L'ENVOYÉ

      Mais, de par Zeus! il nous fit servir un oiseau trois fois plus gros que Kléonymos, et dont le nom était «le hâbleur».

DIKÆOPOLIS

      Est-ce donc pour tes hâbleries que tu touchais deux drakhmes?

L'ENVOYÉ

      Et maintenant nous vous annonçons Pseudartabas, l'œil du Roi.

DIKÆOPOLIS

      Puisse un corbeau te crever le tien d'un coup de bec, toi, l'Envoyé!

LE HÉRAUT

      L'œil du Roi!

DIKÆOPOLIS

      Par Hèraklès! Au nom des dieux, dis donc, l'homme, ton œil est fait comme un trou de navire! Est-ce que, doublant le cap, tu regardes par où entrer en rade? Tu as une courroie qui retient ton œil par en bas.

L'ENVOYÉ

      Allons, toi, dis ce que le Roi t'a chargé d'annoncer aux Athéniens, Pseudartabas.

PSEUDARTABAS

      Iartaman exarxas apissona satra.

L'ENVOYÉ

      Avez-vous compris ce qu'il dit?

DIKÆOPOLIS

      Par Apollôn! je ne comprends pas.

L'ENVOYÉ

      Il dit que le Roi vous enverra de l'or. Allons, toi, prononce plus haut et plus clairement le mot or.

PSEUDARTABAS

      Tu n'auras pas d'or, Ionien au derrière élargi; non.

DIKÆOPOLIS

      Oh! le maudit homme! C'est on ne peut plus clair.

L'ENVOYÉ

      Que dit-il?

DIKÆOPOLIS

      Il dit que les Ioniens ont le derrière élargi, s'ils comptent sur l'or des Barbares.

L'ENVOYÉ

      Mais non, il parle de larges médimnes d'or.

DIKÆOPOLIS

      Quels médimnes? Tu es un grand hâbleur. Mais va-t'en: à moi tout seul, je vais les mettre à l'épreuve. (A Pseudartabas.) Voyons, toi, réponds clairement à l'homme qui te parle; autrement je te baigne dans un bain de teinture de Sardes. Le Grand Roi nous enverra-t-il de l'or? (Pseudartabas fait signe que non.) Alors nous sommes dupés par les Envoyés. (Pseudartabas fait signe que oui.) Mais ces gens-là font des signes à la façon hellénique; il n'y a pas de raison pour qu'ils ne soient pas d'ici. Des deux eunuques, j'en reconnais un: c'est Klisthénès, le fils de Sibyrtios. Oh! son chaud derrière est épilé. Comment, singe que tu es, avec la barbe dont tu t'es affublé, viens-tu nous jouer un rôle d'eunuque? Et l'autre, n'est-ce pas Stratôn?

LE HÉRAUT

      Silence! Assis! Le Conseil invite l'œil du Roi à se rendre au Prytanéion.

DIKÆOPOLIS

      N'y a-t-il pas là de quoi se pendre? Après cela dois-je donc me morfondre ici? Jamais la porte ne se ferme au nez des étrangers. Mais je vais faire quelque chose de hardi et de grand. Où donc est Amphithéos?

AMPHITHÉOS

      Me voici!

DIKÆOPOLIS

      Prends-moi ces huit drakhmes, et fais une trêve avec les Lakédæmoniens pour moi seul, mes enfants et ma femme. Vous autres, envoyez des députations, et ouvrez la bouche aux espérances.

LE HÉRAUT

      Place à Théoros qui revient de chez Sitalkès.

THÉOROS

      Me voici!

DIKÆOPOLIS

      Encore un hâbleur appelé par la voix du Héraut.

THÉOROS

      Nous ne serions pas restés longtemps en Thrakè…

DIKÆOPOLIS

      Non, de par Zeus! si tu n'avais touché un gros salaire.

THÉOROS

      S'il n'avait neigé sur toute la Thrakè, et si les fleuves n'eussent gelé vers le temps même où Théognis faisait ici jouer ses drames. Dans ce même temps je buvais avec Sitalkès. En vérité, il est passionné pour Athènes; c'est pour nous un amant véritable, au point qu'il a écrit sur les murs: «Charmants Athéniens!» Son fils, que nous avons fait Athénien, brûlait de manger des andouilles aux Apatouries, et conjurait son père de venir au secours de sa nouvelle patrie. Celui-ci jura sur une coupe de venir à notre secours avec une armée si nombreuse, que les Athéniens s'écrieraient: «Quelle nuée de sauterelles!»

DIKÆOPOLIS

      Que je meure de male mort, si je crois un mot de ce que tu dis, hormis tes sauterelles!

THÉOROS

      Et maintenant il vous envoie la peuplade la plus belliqueuse de la Thrakè.

DIKÆOPOLIS

      Voilà, au moins, qui est clair.

LE HÉRAUT

      Paraissez, Thrakiens que Théoros amène.

DIKÆOPOLIS

      Quel est ce fléau?

THÉOROS

      L'armée des Odomantes.

DIKÆOPOLIS

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