Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier. Аристофан
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C'est donc comme cela, misérable, infâme? Vil mendiant, tu oses nous parler ainsi! Et s'il y a ici quelque sykophante, tu l'outrages!
Par Poséidôn! tout ce qu'il dit est justement dit, et il ne ment pas d'un mot.
Si c'est juste, fallait-il le dire? Mais tu n'auras pas à te réjouir de l'audace de tes paroles.
Où cours-tu donc? Ne bouge pas. Si tu frappes cet homme, je te ferai danser.
O Lamakhos, ô toi dont les regards lancent des éclairs, viens-nous en aide; toi dont l'aigrette est une Gorgôn, parais, ô Lamakhos, mon ami, citoyen de ma tribu. S'il y a là un taxiarkhe, un stratège, des défenseurs des remparts, venez vite à notre aide; on porte la main sur moi.
Quel cri de bataille me frappe l'oreille? Où faut-il courir à l'aide? Où dois-je lancer l'épouvante? Qui tire ma Gorgôn de son étui?
O Lamakhos, héros redoutable par tes aigrettes et par tes bataillons!
O Lamakhos, cet homme n'en finit pas d'outrager notre ville tout entière.
C'est toi, mendiant, qui as l'audace de tenir ce langage?
O Lamakhos, grand héros, pardonne à un mendiant qui, en prenant la parole, a dit quelque sottise.
Qu'as-tu dit de nous? Parleras-tu?
Je n'en sais plus rien. La peur des armes me donne le vertige. Mais, je t'en prie, éloigne de moi cette Mormo.
C'est fait.
Maintenant mets-lui la face contre terre.
Elle y est.
Donne-moi à présent une plume de ton casque.
Voilà la plume.
Maintenant prends-moi la tête, pour que je vomisse: les aigrettes me donnent la nausée.
Hé! l'homme! que veux-tu faire? Tu veux te faire vomir à l'aide de cette plume?
C'est une plume, en effet. Dis moi, de quel oiseau est-elle? Est-ce du fanfaron? Est-ce du «kompolâkythos» (fanfaron)?
Ah! tu vas y passer!
Non, Lamakhos: il ne s'agit pas de force. Puisque tu es fort, pourquoi ne pas me circoncire? Tu es bien armé?
Un mendiant parler ainsi à un stratège!
Moi, un mendiant?
Qu'es-tu donc?
Ce que je suis? Un bon citoyen, exempt d'ambition, et, depuis le commencement de la guerre, un bon soldat, tandis que toi tu es, depuis le commencement de la guerre, un général gagé.
On m'a élu.
Oui, trois coucous. Et moi, indigné de ce fait, j'ai conclu une trêve, voyant des hommes à cheveux blancs dans les rangs des soldats, et des jeunes comme toi se dérobant au service, les uns en Thrakè, pour une solde de trois drakhmes, des Tisaménos, des Phænippos, et ce coquin d'Hipparkhidas; les autres auprès de Kharès; ceux-ci en Khaonie, Gérés, Théodoros, et ce vantard de Diomée; ceux-là à Kamarina, à Géla, à Katagéla.
On les a élus.
Et pourquoi les salaires vont-ils toujours à vous, et à eux rien? Dis-moi, Mariladès, toi dont les cheveux blanchissent, as-tu jamais eu une pareille mission? Il fait signe que non. Il est cependant prudent et actif. Et vous, Drakyllos, Euphoridès, Prinidès, quelqu'un de vous connaît-il Ekbatana ou les Khaoniens? Ils disent que non. C'est affaire au fils de Kœsyra et à Lamakhos, qui ne pouvaient hier encore payer leur écot ou leurs dettes, et à qui tous leurs amis, comme font le soir les gens qui jettent dehors leurs bains de pieds, criaient: Gare!
O démocratie! est-ce tolérable?
Non certes, si Lamakhos n'était pas bien payé.
Mais moi, je veux faire une guerre éternelle à tous les Péloponésiens, jeter partout le désordre, sur mer et sur terre, et de la bonne sorte.
Et moi, je déclare à tous les Péloponésiens, aux Mégariens, aux Bœotiens, qu'ils peuvent vendre et acheter chez moi; mais Lamakhos, non.
Cet homme a la parole triomphante, et il va convaincre le peuple au sujet de la trêve. Mais changeons notre habit contre des anapestes.
Depuis que notre directeur préside à des chœurs trygiques, il ne s'est point encore avancé sur le théâtre pour parler de son talent. Mais diffamé par ses ennemis auprès des Athéniens au jugement hâtif, comme ridiculisant la ville et outrageant le peuple, il faut qu'il se disculpe maintenant auprès des Athéniens au jugement réfléchi. Notre poète dit donc qu'il est digne de tous biens, en vous empêchant d'être trop dupés par les discours des étrangers ou séduits par la flatterie, vrais citoyens de la ville des sots. Jadis les envoyés des villes commençaient, afin de vous tromper, par vous appeler les gens aux couronnes de violettes. Et aussitôt que le mot de couronnes était prononcé, vous n'étiez plus assis que du bout des fesses. Si un autre, d'un ton flatteur, parlait de la «grasse Athènes», il obtenait tout pour ce mot «grasse», dont il vous honorait comme des anchois. En agissant de la sorte, le poète a été pour vous la cause de grands biens, ainsi qu'en faisant voir au peuple des autres villes ce qu'est une démocratie. Voilà pourquoi, lorsque les envoyés de ces villes viendront vous apporter leur tribut, ils désireront voir le poète éminent qui ne craint pas de dire aux Athéniens ce qui est juste. Aussi le bruit de son audace s'est-il déjà répandu si loin, que le Roi, questionnant un jour les envoyés de Lakédæmôn, après leur avoir demandé quel était le peuple le plus puissant par ses vaisseaux, les interrogea ensuite sur ce poète et sur ceux dont il disait tant de mal; et il ajouta que ces hommes étaient devenus de beaucoup meilleurs, et qu'à la guerre, ils seraient tout à fait victorieux, en ayant un tel conseiller. C'est pour cela que les Lakédæmoniens vous proposent la paix et redemandent Ægina, non que de cette île ils aient grand souci,