Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier. Аристофан

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Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier - Аристофан

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dans vos maisons? Il s'en faut de beaucoup. Vous auriez aussitôt mis trois cents vaisseaux à la mer: voilà la ville pleine du bruit des soldats, de clameurs au sujet du triérarkhe, des distributions de la solde, du redorage des Palladia, de bousculades sous les portiques, de mesures de vivres, d'outres, de courroies à rames, d'achats de tonneaux, de gousses d'ail, d'olives, d'oignons dans des filets, de couronnes, de sardines, de joueuses de flûte, d'yeux pochés: l'arsenal est rempli de bois à fabriquer des avirons, de chevilles bruyantes, de garnitures de trous pour la rame, de flûtes à signal, de fifres, de sifflets. Je sais que c'est cela que vous auriez fait. Et ne croyons-nous pas que Téléphos eût fait de même? Donc nous n'avons pas de sens commun.

PREMIER DEMI-CHŒUR

      C'est donc comme cela, misérable, infâme? Vil mendiant, tu oses nous parler ainsi! Et s'il y a ici quelque sykophante, tu l'outrages!

DEUXIÈME DEMI-CHŒUR

      Par Poséidôn! tout ce qu'il dit est justement dit, et il ne ment pas d'un mot.

PREMIER DEMI-CHŒUR

      Si c'est juste, fallait-il le dire? Mais tu n'auras pas à te réjouir de l'audace de tes paroles.

DEUXIÈME DEMI-CHŒUR

      Où cours-tu donc? Ne bouge pas. Si tu frappes cet homme, je te ferai danser.

PREMIER DEMI-CHŒUR

      O Lamakhos, ô toi dont les regards lancent des éclairs, viens-nous en aide; toi dont l'aigrette est une Gorgôn, parais, ô Lamakhos, mon ami, citoyen de ma tribu. S'il y a là un taxiarkhe, un stratège, des défenseurs des remparts, venez vite à notre aide; on porte la main sur moi.

LAMAKHOS

      Quel cri de bataille me frappe l'oreille? Où faut-il courir à l'aide? Où dois-je lancer l'épouvante? Qui tire ma Gorgôn de son étui?

PREMIER DEMI-CHŒUR

      O Lamakhos, héros redoutable par tes aigrettes et par tes bataillons!

DEUXIÈME DEMI-CHŒUR

      O Lamakhos, cet homme n'en finit pas d'outrager notre ville tout entière.

LAMAKHOS

      C'est toi, mendiant, qui as l'audace de tenir ce langage?

DIKÆOPOLIS

      O Lamakhos, grand héros, pardonne à un mendiant qui, en prenant la parole, a dit quelque sottise.

LAMAKHOS

      Qu'as-tu dit de nous? Parleras-tu?

DIKÆOPOLIS

      Je n'en sais plus rien. La peur des armes me donne le vertige. Mais, je t'en prie, éloigne de moi cette Mormo.

LAMAKHOS

      C'est fait.

DIKÆOPOLIS

      Maintenant mets-lui la face contre terre.

LAMAKHOS

      Elle y est.

DIKÆOPOLIS

      Donne-moi à présent une plume de ton casque.

LAMAKHOS

      Voilà la plume.

DIKÆOPOLIS

      Maintenant prends-moi la tête, pour que je vomisse: les aigrettes me donnent la nausée.

LAMAKHOS

      Hé! l'homme! que veux-tu faire? Tu veux te faire vomir à l'aide de cette plume?

DIKÆOPOLIS

      C'est une plume, en effet. Dis moi, de quel oiseau est-elle? Est-ce du fanfaron? Est-ce du «kompolâkythos» (fanfaron)?

LAMAKHOS

      Ah! tu vas y passer!

DIKÆOPOLIS

      Non, Lamakhos: il ne s'agit pas de force. Puisque tu es fort, pourquoi ne pas me circoncire? Tu es bien armé?

LAMAKHOS

      Un mendiant parler ainsi à un stratège!

DIKÆOPOLIS

      Moi, un mendiant?

LAMAKHOS

      Qu'es-tu donc?

DIKÆOPOLIS

      Ce que je suis? Un bon citoyen, exempt d'ambition, et, depuis le commencement de la guerre, un bon soldat, tandis que toi tu es, depuis le commencement de la guerre, un général gagé.

LAMAKHOS

      On m'a élu.

DIKÆOPOLIS

      Oui, trois coucous. Et moi, indigné de ce fait, j'ai conclu une trêve, voyant des hommes à cheveux blancs dans les rangs des soldats, et des jeunes comme toi se dérobant au service, les uns en Thrakè, pour une solde de trois drakhmes, des Tisaménos, des Phænippos, et ce coquin d'Hipparkhidas; les autres auprès de Kharès; ceux-ci en Khaonie, Gérés, Théodoros, et ce vantard de Diomée; ceux-là à Kamarina, à Géla, à Katagéla.

LAMAKHOS

      On les a élus.

DIKÆOPOLIS

      Et pourquoi les salaires vont-ils toujours à vous, et à eux rien? Dis-moi, Mariladès, toi dont les cheveux blanchissent, as-tu jamais eu une pareille mission? Il fait signe que non. Il est cependant prudent et actif. Et vous, Drakyllos, Euphoridès, Prinidès, quelqu'un de vous connaît-il Ekbatana ou les Khaoniens? Ils disent que non. C'est affaire au fils de Kœsyra et à Lamakhos, qui ne pouvaient hier encore payer leur écot ou leurs dettes, et à qui tous leurs amis, comme font le soir les gens qui jettent dehors leurs bains de pieds, criaient: Gare!

LAMAKHOS

      O démocratie! est-ce tolérable?

DIKÆOPOLIS

      Non certes, si Lamakhos n'était pas bien payé.

LAMAKHOS

      Mais moi, je veux faire une guerre éternelle à tous les Péloponésiens, jeter partout le désordre, sur mer et sur terre, et de la bonne sorte.

DIKÆOPOLIS

      Et moi, je déclare à tous les Péloponésiens, aux Mégariens, aux Bœotiens, qu'ils peuvent vendre et acheter chez moi; mais Lamakhos, non.

LE CHŒUR

      Cet homme a la parole triomphante, et il va convaincre le peuple au sujet de la trêve. Mais changeons notre habit contre des anapestes.

      Depuis que notre directeur préside à des chœurs trygiques, il ne s'est point encore avancé sur le théâtre pour parler de son talent. Mais diffamé par ses ennemis auprès des Athéniens au jugement hâtif, comme ridiculisant la ville et outrageant le peuple, il faut qu'il se disculpe maintenant auprès des Athéniens au jugement réfléchi. Notre poète dit donc qu'il est digne de tous biens, en vous empêchant d'être trop dupés par les discours des étrangers ou séduits par la flatterie, vrais citoyens de la ville des sots. Jadis les envoyés des villes commençaient, afin de vous tromper, par vous appeler les gens aux couronnes de violettes. Et aussitôt que le mot de couronnes était prononcé, vous n'étiez plus assis que du bout des fesses. Si un autre, d'un ton flatteur, parlait de la «grasse Athènes», il obtenait tout pour ce mot «grasse», dont il vous honorait comme des anchois. En agissant de la sorte, le poète a été pour vous la cause de grands biens, ainsi qu'en faisant voir au peuple des autres villes ce qu'est une démocratie. Voilà pourquoi, lorsque les envoyés de ces villes viendront vous apporter leur tribut, ils désireront voir le poète éminent qui ne craint pas de dire aux Athéniens ce qui est juste. Aussi le bruit de son audace s'est-il déjà répandu si loin, que le Roi, questionnant un jour les envoyés de Lakédæmôn, après leur avoir demandé quel était le peuple le plus puissant par ses vaisseaux, les interrogea ensuite sur ce poète et sur ceux dont il disait tant de mal; et il ajouta que ces hommes étaient devenus de beaucoup meilleurs, et qu'à la guerre, ils seraient tout à fait victorieux, en ayant un tel conseiller. C'est pour cela que les Lakédæmoniens vous proposent la paix et redemandent Ægina, non que de cette île ils aient grand souci,

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