Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier. Аристофан

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Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier - Аристофан

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de mon champ pour nous oindre d'huile, toi et moi, aux Noumènia.

UN HÉRAUT

      Écoutez, peuple. A la façon de vos pères, buvez dans les coupes au son de la trompette. Celui qui l'aura vidée le premier recevra une outre faite comme Ktésiphon.

DIKÆOPOLIS

      Enfants, femmes, n'avez-vous pas entendu? Que faites-vous? N'entendez-vous pas le Héraut? Faites bouillir, rôtissez, retournez et enlevez ces lièvres prestement; tressez les couronnes… Apporte les broches, pour enfiler les grives.

LE CHŒUR

      J'envie ta prudence, mon cher homme, et encore plus ta bonne chère actuelle.

DIKÆOPOLIS

      Que sera-ce, quand vous verrez rôtir ces grives?

LE CHŒUR

      Je crois que tu dis juste encore sur ce point.

DIKÆOPOLIS

      Attise le feu.

LE CHŒUR

      Entends-tu avec quelle habileté culinaire, avec quelle science et avec quelle entente de gourmet il se fait servir?

UN LABOUREUR

      Malheureux que je suis!

DIKÆOPOLIS

      Par Hèraklès! quel est cet homme?

LE LABOUREUR

      Un homme infortuné.

DIKÆOPOLIS

      Suis ton chemin devant toi.

LE LABOUREUR

      O cher ami, puisque la trêve est pour toi seul, cède-moi un peu de pain, ne fût-ce que de cinq ans.

DIKÆOPOLIS

      Que t'est-il arrivé?

LE LABOUREUR

      Je suis ruiné, j'ai perdu deux bœufs.

DIKÆOPOLIS

      Comment?

LE LABOUREUR

      Les Bœotiens les ont pris à Phyla.

DIKÆOPOLIS

      O trois fois malheureux! Et tu es encore vêtu de blanc?

LE LABOUREUR

      Ces deux bœufs, par Zeus! me nourrissaient de leur fumier.

DIKÆOPOLIS

      Que te faut-il donc, maintenant?

LE LABOUREUR

      J'ai perdu la vue à pleurer mes bœufs. Mais si tu prends intérêt à Derkélès de Phyla, frotte-moi vite les deux yeux avec de la poix.

DIKÆOPOLIS

      Mais, malheureux, je ne suis pas en situation de rendre service à tout le monde.

LE LABOUREUR

      Allons, je t'en conjure, peut-être retrouverais-je mes bœufs.

DIKÆOPOLIS

      Impossible. Va-t'en pleurer auprès des disciples de Pittalos.

LE LABOUREUR

      Rien pour moi qu'une seule goutte de poix, verse-la dans ce chalumeau.

DIKÆOPOLIS

      Pas un fétu! Va-t'en gémir ailleurs!

LE LABOUREUR

      Infortuné que je suis; plus de bœufs de labour!

LE CHŒUR

      Cet homme, avec son traité, s'est fait une vie douce, et il ne semble vouloir partager avec personne.

DIKÆOPOLIS

      Toi, arrose les tripes avec du miel; fais griller les sépias.

LE CHŒUR

      Entends-tu ses éclats de voix?

DIKÆOPOLIS

      Grillez les anguilles!

LE CHŒUR

      Tu vas nous faire mourir, moi de faim, et les voisins de fumée et de ta voix, en criant de la sorte.

DIKÆOPOLIS

      Rôtissez cela, et que la couleur en soit dorée!

UN PARANYMPHE

      Dikæopolis! Dikæopolis!

DIKÆOPOLIS

      Quel est cet homme?

LE PARANYMPHE

      Un jeune marié t'envoie ces viandes de son repas de noces.

DIKÆOPOLIS

      Il fait bien, quel qu'il soit.

LE PARANYMPHE

      Il te prie, en échange de ces viandes, pour ne pas aller à la guerre et pour rester à caresser sa femme, de lui verser dans cette fiole un verre de poix.

DIKÆOPOLIS

      Remporte, remporte les viandes et ne me les donne pas, je ne verserais pas de la poix pour mille drakhmes. Mais quelle est cette femme?

LE PARANYMPHE

      C'est la meneuse de la noce: elle demande à te parler de la part de la mariée, à toi seul.

DIKÆOPOLIS

      Voyons, que dis-tu? Par les dieux! elle est plaisante la demande de la mariée! Elle désire que la partie essentielle du marié reste à la maison. Allons! qu'on apporte la trêve; je lui en donnerai à elle seule; elle est femme; elle ne doit pas souffrir de la guerre. Femme, approche; tends-moi la fiole. Sais-tu la manière de s'en servir? Dis à la mariée, quand on fera une levée de soldats, d'en frotter la nuit la partie essentielle de son mari. Qu'on remporte la trêve. Vite, la cruche au vin, pour que j'en verse dans les coupes!

LE CHŒUR

      Mais voici un homme aux sourcils froncés: il se presse comme pour annoncer un malheur.

UN PREMIER MESSAGER

      O fatigues, lames en bataille, Lamakhos!

LAMAKHOS

      Quel bruit résonne autour de mes demeures étincelantes d'airain?

LE MESSAGER

      Les stratèges t'ordonnent de prendre sur-le-champ tes cohortes et tes aigrettes, et d'aller garder la frontière, malgré la neige. Car on leur annonce qu'au moment de la fête des Coupes et des Marmites, des bandits bœotiens vont faire une invasion.

LAMAKHOS

      O stratèges, plus nombreux qu'utiles! n'est-il pas dur pour moi de ne pouvoir être de la fête?

DIKÆOPOLIS

      O armée polémolamaïque!

LAMAKHOS

      Malheur à moi! Tu ris de mon infortune!

DIKÆOPOLIS

      Veux-tu combattre contre un Géryôn à quatre ailes?

LAMAKHOS

      Hélas! hélas! quelle nouvelle m'apporte ce second messager?

UN SECOND MESSAGER

      Dikæopolis!

DIKÆOPOLIS

      Qu'est-ce?

LE SECOND MESSAGER

      Viens vite au banquet, et apporte ta corbeille et ta coupe. Le prêtre de Dionysos t'y invite. Mais hâte-toi, tu retardes le repas. Tout est prêt: lits, tables, coussins, tapis, couronnes, parfums, friandises, courtisanes, galettes, gâteaux, pains de sésame, tartes, belles danseuses, l'air bien-aimé de Harmodios. Ainsi, accours au plus vite.

LAMAKHOS

      Infortuné que je suis!

DIKÆOPOLIS

      C'est que tu as pris pour emblème cette grande Gorgôn. Fermez la porte, et qu'on apprête le repas.

LAMAKHOS

      Esclave,

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