L'Enfer C'Est Lui. Lambert Timothy James
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Après ça, jâai investi du temps, de lâargent et de lâénergie pour analyser concrètement les problèmes des individus de par le monde. Dans ce but, Tara et moi avons voyagé autant que nous le pouvions, avons lu abondamment et sommes restés scotchés des heures à la télévision pour regarder des documentaires. Lâune de mes croisades nous a conduits à travers les pays dâAfrique subsaharienne et nous avons été surpris par les nombreux défis qu'ils affrontent et qui dépassent largement leurs frontières. La principale caractéristique des pays de cette région est un mamba exotique à deux têtes : la corruption et la répression. On pourrait tenir les gouvernements de ces pays pour responsables des difficultés quâils rencontrent. En réalité, ils sont utilisés par quelques familles dirigeantes afin de consolider leur pouvoir et leurs richesses. Pour faire court, les services publics de cette région du monde sont dans un état catastrophique.
De nombreux doigts pointent le chaos qui règne dans le coin ; de très mauvaises pratiques de gestion sont décidées par les pays eux-mêmes, mais aussi par dâautres pays, avec je le pense, lâobjectif de ralentir le développement interne et régional. Alors que je visitais dâautres villes de lâhémisphère Ouest, jâai remarqué que la même gangrène ronge lâAfrique et des pays dâAmérique latine. On aurait pu croire que lâIllinois était une province du Nigeria lorsque lâancien gouverneur Rod Blagojevich a été envoyé derrière les barreaux pour avoir essayé de vendre le siège de sénateur du 44ème président des Ãtats-Unis, Barack Obama. Dâautres scandales rapportés dans les pays du BRIC (Acronyme désignant Brésil, Russie, Inde et la Chine) prennent des proportions énormes. Je ne suis pas un grand fan de football, mais je mâattends à ce que les entrepreneurs brésiliens tournent en ridicule la coupe du monde de football 2014, avec des stades et des ouvrages dâart hors de prix qui sâeffondreront avant et pendant les festivités. Et je ne sais pas quoi dire du scandale de la ville de Hengyang au sud de la Chine qui a entraîné la démission de la quasi-totalité des dirigeants de lâassemblée populaire de la ville. La prédominance dâune mauvaise gestion des ressources et la décadence des dirigeants ont engendré un gaspillage financier sans précédent.
« Une promenade décontractée dans un asile d'aliénés montre que la foi ne prouve rien. »
Wilhelm Nietzsche
Lors de mon road trip au cÅur de la pauvreté, jâai rencontré des étudiants occidentaux dévoués qui étaient partis, ou étaient sur le point de partir, pour une mission humanitaire en vue dâaméliorer leurs CV ou pour augmenter leurs chances dâêtre admis dans des établissements universitaires prestigieux. Je me suis surpris à être complètement ailleurs, les yeux dans le vide, devant de belles photos des célébrités les plus en vue du cinéma américain, ou devant celle dâun porte-parole dâune Åuvre caritative qui souhaitaient tous, profondément, « sauver le peuple » (même si parfois les animaux étaient plus importants que les hommes). Pourtant, la folie nâest rien, comparée aux cours sur la démocratie participative ou le développement économique que jâai suivis dans la meilleure partie du globe où jâai rencontré des personnes qui pensaient être des faiseurs de miracles et des bienfaiteurs des pays du tiers-monde. Pour aussi talentueux quâils puissent être, il y a une faille dans leur approche théorique, laquelle correspond à leur vision sectaire des défis et challenges des pays peu développés. Ils ont pensé leurs modèles de développement à travers leur passion tenace pour le capitalisme. Cet état dâesprit me fait penser à cet aphorisme « si le seul outil que vous avez est un marteau, alors tout commence à ressembler à un clou. »
Il convient de souligner quâau fil des années, une société dominante sâest toujours faite l'étendard du prestigieux statut « dâexceptionnalisme ». Jâapplaudirais à cette audace et bravoure si leurs économistes assumaient la responsabilité de leurs leaders de disséquer avec précision le monde qui nous entoure et, en accord avec cela, de prescrire les interventions efficaces qui nous permettraient de nous en sortir. Quâavons-nous actuellement ? Un furieux désordre global où la rentabilité et le Produit Intérieur Brut (un moyen dément de mesurer le développement) sont au centre dâinitiatives principales. Je dois aussi mettre en évidence le prétexte trop souvent utilisé de la « mondialisation », qui a depuis ajouté des éléments dâenvergure et accéléré sa vitesse de propagation. Que dire de lâhumanité lorsque, encore et toujours, des nations dirigeantes ferment les yeux sur l'utilisation de pratiques inhumaines, que lâon appelait il y a quelques siècles esclavage, et aujourdâhui auto-esclavage ? A qui profite le crime ?
Je mâénerve lorsque les Occidentaux sont surpris que ces programmes, avec lesquels on submerge les pays rencontrant des problèmes, ne fournissent pas les résultats attendus et prophétisés. Je mâénerve un peu plus encore, lorsque des solutions aux besoins des citoyens sont traitées de manière intégrée, depuis les bureaux à Washington DC et quand des druides économiques font le ménage dans les données et développent des modèles simplifiés qui résument la complexité de la réalité observable. Des études critiques menées par rien de moins que le FMI et la Banque Mondiale ont dû sâépancher avec perplexité sur lâefficacité des programmes proposés par les principales institutions financières internationales. Ces consciences coupables dénoncent la façon dont lâévanouissement économique dâun pays est diagnostiqué comme coma, puis envoyé aux urgences dâune organisation internationale et enfermé dans des incubateurs financiers débranchés, shooté par une overdose dâaides financières, agressé et abusé par des nécrophiles frénétiques, et utilisé comme terrain dâessai pour des programmes expérimentaux de réformes irrationnels. Dieu nous en garde, si un pays diagnostiqué en état comateux montre quelques signes de retour à la vie après toutes ces opérations à cÅur ouvert inutiles, comme lâArgentine par exemple, il sera alors à la merci de féroces vautours qui essayeront de lui manger les yeux et les intestins.
Quel est le remède habituel injecté à une nation une fois le diagnostic de « pays en échec » établi ? Par exemple, prenons le cas dâHaïti, après que lâouragan Sandy ait dévasté cette nation vaudou qui chancelait déjà depuis un siècle. Dans un premier temps le pays a été mis en quarantaine et sous curatelle internationale. La deuxième étape revient aux puissantes nations, qui ont imposé en douceur (avec des élections démocratiques) à des millions dâillettrés, un bouffon charismatique dont la meilleure idée a été dâorganiser un carnaval dans une petite bourgade de lâîle dâHispaniola, pendant quâau même moment les décisions importantes étaient prises exclusivement par des émissaires de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International. Haïti est loin dâêtre un cas isolé. Les fonds apportés par l'aide internationale sont utilisés pour obtenir certaines concessions de la part de pays en ruine.