L'Enfer C'Est Lui. Lambert Timothy James
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Si la Nouvelle Orléans n'inclut pas ce dernier souhait dans sa liste au Père Noël, Theodoro Nguema Obiang, le fils du président de la Guinée équatoriale, est, lui, bel et bien persona non grata en France et dans la plupart des pays civilisés. La France, exaspérée par l'opulence du prince nègre, a décidé en 2012 de se servir d'un précédent judiciaire à son égard porté par divers groupes d'activistes pour lui retirer quelques-uns de ses jouets. Les babioles en question, exposées dans plusieurs magazines français, surpassaient toutes mes attentes en matière de folie des grandeurs : des voitures de luxe (deux Bugatti Veyrons, une Maybach, une Aston Martin, une Ferrari Enzo, une Ferrari 599 GTO, une Rolls-Royce Phantom et une Maserati MC12), des bouteilles de Château Pétrus (un des vins les plus chers du monde), et une horloge à 3,7 millions de dollars.
Déterminés à faire mieux que les Français, les Américains essayèrent alors de grignoter une partie encore plus importante des possessions du fils Obiang à coup de procès lui réclamant 70 millions de dollars. La liste des biens confisqués incluait un avion Gulfstream, les gants de Michael Jackson, et une villa à Malibu en Californie. Mais le jeune héritier, un temps le plus gros client individuel de la Riggs Bank avec un compte estimé à 700 millions de dollars, est toutefois toujours libre de se déplacer aux Ãtats-Unis, même après les scandales qui ont forcé sa banque à mettre la clef sous la porte. Le Département de la Justice ne l'a jamais inquiété pour cela. Signalons que le très jeune Teodoro Nguema Obiang, ministre de l'Agriculture de la Guinée équatoriale, ne gagnait officiellement que 100 milles dollars par an pour sa fonction.
La Guinée équatoriale est un des pays les moins libres d'Afrique, et aussi l'un des plus pauvres si on considère la proportion de Guinéens qui vivent avec moins d'un dollar par jour. Ce pays de sept cent mille habitants est à la fois très pauvre et très riche en pétrole. Sur Internet, on trouve facilement des photos frappantes exposant le paradoxe de ce pays, où les immeubles en verres et les manoirs présidentiels côtoient des cabanes en tôle rouillée. A Malabo, la capitale du pays, les quelques riches zigzaguent en Mercedes Benz à travers les taudis en essayant d'éviter les dizaines de nids-de-poule qu'on trouve au mètre carré. Le chef de la police du pays, un proche du président, se vante d'avoir Yves Saint Laurent pour couturier officiel. Des fenêtres du nouvel hôtel de luxe de la ville, on peut voir des familles entières s'entasser dans des baraques où une seule personne serait déjà à l'étroit.
Et pendant que je déterrais davantage de faits, découvrant Guinée équatoriale un enfant sur cinq meurt avant son cinquième anniversaire et que moins de 50 % d'entre eux ont accès à l'eau potable, je fus sidéré de découvrir quâau Swaziland, un petit pays situé au centre de la Nation Arc-en-ciel de Nelson Mandela, le commissaire général de la police s'est récemment excusé au nom du tyran pervers et cupide qu'il sert, pour une histoire de valise contenant deux millions dâeuros qui auraient été volée lors d'une fête dans la villa Swazilandaise du fils Obiang. Et quelle a été la punition du petit Teodoro pour avoir sali l'image de la Guinée équatoriale en trempant dans cette affaire plus que louche ? Ãtre le fils d'un des plus vieux dictateurs d'Afrique a décidément beaucoup d'avantages : son père a fait de lui le deuxième vice-président du pays, une position qui le protège de toutes poursuites judiciaires internationales.
« Je suis pour qu'on aide les pauvres, mais en ce qui concerne les moyens, j'ai une opinion différente de la plupart. Selon moi, le meilleur moyen d'aider les pauvres n'est pas de soulager leur condition, mais d'essayer de les en sortir. »
Benjamin Franklin
Noé était un homme bon, mais il a ruiné mes tentatives d'échapper de mon enfer étant enfant. Après l'accident terrible d'un copain dans notre jardin, j'avais peur de sortir jouer à Rambo. Je pense que Noé avait quelque chose à voir avec cela, et la lecture de ses exploits ne fait que confirmer ma pensée. J'ai lu différentes versions de l'histoire de l'Arche de Noé, que l'on peut résumer ainsi : quand Dieu décida de punir l'humanité par le Déluge, Noé sauva sa vie, sa famille et une petite partie des animaux de ce monde. Enfant, j'étais choqué que cet idiot ait autorisé la présence à bord d'animaux tels que les vautours, les rats, les crocodiles, et surtout la Némésis d'Adam et Eve, à cause duquel je passais mes étés enfermés : les serpents.
Tout comme Noé, Nelson Mandela était un homme bon. Et pourtant, lui aussi a ruiné quelque chose qui m'était cher. J'ai longtemps rêvé de passer ma retraite en Afrique du Sud, le pays le plus riche et le plus imposant du continent, parmi d'autres Africains noirs qui ont réussi dans la vie. Ces dernières années, il me semblait que Mandela avait quelque chose à voir avec le ternissement progressif de ce rêve, mais je ne savais pas vraiment quoi. Quand j'ai finalement mis de côté le fait qu'il avait passé 27 ans dans un camp de travail pour son combat contre l'Apartheid, et que j'ai examiné objectivement ce qu'il avait fait en tant que président, c'est devenu clair comme de l'eau de roche. Je fais partie de ce petit groupe d'hommes et de femmes qui tentent de cartographier des territoires inconnus, et qui n'ont pas suffisamment fait entendre leurs voix avant la mort de « Madiba ». Oserons-nous dire à présent que les malheurs socio-économiques de l'Afrique du Sud ont continué à cause de ses « négociations en vue d'un compromis » ? Je n'ai aucun doute sur le fait que Mandela s'est arrangé pour que la plus grosse part du gâteau soit pour lui, pour l'ANC et une petite minorité blanche riche, lorsque ce vieux raciste de F.W. de Klerk â alias Dieu en quelque sorte â n'a eu d'autre choix que de mettre fin à l'Apartheid dans les années 1990, suite aux protestations grandissantes de la classe moyenne blanche et des grandes entreprises.
Comme le répétait ma grand-mère, on juge les gens en fonction de leurs actes. Il y a deux faits incontestables qui remettent en question la force de caractère de Mandela. « Madiba » s'est efforcé de satisfaire l'intelligentsia de l'Apartheid en passant un accord avec des juges racistes, certains des plus grands contrevenants aux droits de l'homme, les équipes de kidnappeurs et de meurtriers Afrikaners, et ceux qui ont sponsorisé l'Apartheid et protègent désormais les intérêts de l'élite de la nation arc-en-ciel : les corporations minières et financières. Et que dire d'un homme qui, lors d'une interview avec le journaliste australien John Pilger, montra le plus profond désintérêt pour les trente années de dictature en Indonésie et se justifia d'avoir donné en 1997 la plus haute distinction honorifique d'Afrique du Sud, l'ordre de Bon Espoir, au boucher de Jakarta, le général Suharto ?
Je n'arrive pas à accepter le fait que l'ANC et ses alliés gagnent toutes les élections présidentielles depuis la fin de l'Apartheid et que, malgré cela, un Apartheid économique de facto se maintienne intact. Les noirs sud-africains restent terriblement pauvres, de façon relative comme absolue. à mes yeux, l'ANC a abusé de la confiance des noirs, qui s'entassent toujours dans des taudis comme ceux de Dimbaza et Alexandria, et ces townships ultra-violents commencent à porter le poids de la colère du peuple. Les preuves abondent quant au fait que l'ANC a été très gentille envers les blancs. En échange de l'admission de quelques noirs de l'ANC au sein de leur très chic cercle fermé (afin de faire revenir des sous dans les poches des membres du parti), les blancs d'Afrique du Sud ont la possibilité de jouir discrètement, protégés par des murs immenses, de la richesse amassée grâce à l'exploitation inhumaine des noirs pendant l'Apartheid.