Un Règne de Fer . Морган Райс

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Un Règne de Fer  - Морган Райс L'anneau Du Sorcier

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le long de la route, menant le convoi de gens qui serpentait lentement vers l’est, loin de la Cour du Roi. Gwendolyn était satisfaite de l’évacuation, qui avait été ordonnée jusqu’à présent, et satisfaite de la progression de son peuple. Elle détestait laisser sa cité derrière elle, mais elle était assurée qu’au moins ils auraient gagné assez de distance pour que son peuple soit en sécurité, bien avancé sur la voie de leur ultime mission : traverser le Passage Occidental du Canyon, embarquer sur sa flotte de navires sur les rivages des Tartuviens, et de franchir le grand océan vers les Isles Boréales. C’était la seule manière, elle le savait, de garder son peuple en sécurité.

      Pendant qu’ils marchaient, des milliers de ses gens à pied tout autour d’elle, des milliers d’autres ballottant dans leurs charrettes, le bruit des sabots de chevaux emplissait les oreilles de Gwen, le son du mouvement régulier des charriots, de l’humanité. Gwen se retrouva à se perdre dans la monotonie du périple, tenant Guwayne contre sa poitrine, le berçant. À côté d’elle étaient assis Steffen et Illepra, l’accompagnant tout le long du chemin.

      Gwen regarda dehors vers la route devant elle et tenta de s’imaginer ailleurs que là. Elle avait travaillé si dur pour reconstruire son royaume, et à présent elle était là, fuyant loin de lui. Elle exécutait son plan d’évacuation de masse à cause de l’invasion des McCloud – mais plus important, en raison de toutes les anciennes prophéties, des allusions d’Argon, à cause de ses propres rêves et du sentiment d’une tragédie en suspens. Mais si, se demanda-t-elle, elle avait tort ? S’il s’agissait seulement d’un rêve, juste d’inquiétudes dans la nuit ? Et si tout allait bien dans l’Anneau ? Si c’était une réaction exagérée, une évacuation inutile ? Après tout, elle pouvait évacuer son peuple vers une autre cité à l’intérieur de l’Anneau, telle Silésia. Elle n’était pas obligée de les mener de l’autre côté d’un océan.

      Sauf si elle pressentait une destruction complète et totale de l’Anneau. Pourtant d’après tout ce qu’elle avait lu et entendu et ressenti, cette destruction était imminente. Évacuer était le seul moyen, s’assurait-elle.

      Alors que Gwen contemplait l’horizon, elle souhaita que Thor puisse être là, à son côté. Elle leva les yeux et scruta le ciel, se demandant où il était maintenant. Avait-il trouvé le Pays des Druides ? Avait-il trouvé sa mère ? Reviendrait-il à elle ?

      Et se marieraient-ils un jour ?

      Gwen abaissa le regard dans les yeux de Guwayne, et elle vit Thor le lui rendre, vit ses yeux gris, et elle tint son fils plus fermement. Elle essaya de ne pas penser au sacrifice qu’elle avait dû faire dans les Limbes. Tout allait-il se réaliser ? Le destin serait-il si cruel ?

      « Ma dame ? »

      Gwen sursauta en entendant la voix ; elle se tourna et vit Steffen, se tournant dans le charriot, pointant quelque chose dans le ciel. Elle remarqua que, tout autour d’elle, son peuple s’arrêtait, et elle sentit soudainement son propre attelage tressauter et s’arrêter. Elle fut perplexe quant à la raison pour laquelle le cocher pourrait s’arrêter sans son ordre.

      Gwen suivit le doigt de Steffen, et là, à l’horizon, elle fut surprise de voir trois flèches tirées haut dans les airs, toutes enflammées, puis retomber dans une courbe, chutant vers le sol comme des étoiles filantes. Elle fut choquée : trois flèches enflammées ne pouvaient signifier qu’une chose : c’était le signe des MacGils. Les serres d’un faucon, utilisées pour annoncer la victoire. C’était une marque utilisée par son père et son père avant lui, un signe conçu seulement pour les MacGils. Il n’y avait pas d’erreur possible : cela indiquait que les MacGils avaient gagné. Ils avaient repris la Cour du Roi.

      Mais comment était-ce possible ? se demanda-t-elle. Quand ils étaient partis, il n’y avait aucun espoir de victoire, encore moins de survie, sa chère cité envahie par les McClouds, sans personne pour monter la garde.

      Gwen aperçut, dans l’horizon lointain, une bannière en train d’être hissée, de plus en plus haut. Elle plissa les yeux, et là encore il n’y avait pas d’erreur : c’était la bannière des MacGils. Cela ne pouvait que signifier que la Cour du Roi était à présent de retour dans le giron des MacGils.

      D’un côté, Gwen se sentit transportée de joie, et souhaitait y retourner à l’instant même. De l’autre, alors qu’elle considérait la route qu’ils avaient parcourue, elle pensa aux prédictions d’Argon, aux parchemins qu’elle avait lus, à ses propres prémonitions. Elle sentait, profondément en elle, que son peuple devait toujours être évacué. Peut-être les MacGils avaient-ils repris la Cour du Roi ; mais cela n’impliquait pas que l’Anneau soit sûr. Gwendolyn était encore certaine que quelque chose de pire approchait, et qu’elle devait emmener son peuple loin de là, le mettre e, sûreté.

      « Il semble que nous ayons gagné », dit Steffen.

      « Une raison pour festoyer ! », s’exclama Aberthol, approchant son attelage.

      « La Cour du Roi est à nouveau notre ! » s’écria un homme du peuple.

      Une grande clameur s’éleva parmi ses gens.

      « Nous devons faire demi-tour immédiatement ! » cria un autre.

      Une autre acclamation monta dans les airs. Mais Gwen secoua la tête catégoriquement. Elle se leva et fit face à son peuple, et tous les yeux se tournèrent vers elle.

      « Nous ne ferons pas demi-tour ! » tonna-t-elle à son peuple. « Nous avons commencé l’évacuation, et nous devons nous y tenir. Je sais qu’un grand danger attend l’Anneau. Je dois vous mettre en sécurité tant que nous en avons encore le temps, pendant qu’il reste encore une chance. »

      Son peuple grogna, mécontent, et plusieurs manants s’avancèrent, pointant vers l’horizon.

      « Je ne sais pas pour le reste d’entre vous », brailla l’un d’eux, « mais la Cour du Roi est mon foyer ! C’est tout ce que je connais et aime ! Je ne suis pas sur le point de traverser un océan vers une île étrange pendant que notre cité est intacte et aux mains des MacGils ! Je retourne à la Cour du Roi ! »

      Une grande clameur s’éleva, et comme il partait, s’en retournant, des centaines de personnes se mirent en rang et le suivirent, tournant leurs attelages, se dirigeant sur la route menant à la Cour du Roi.

      « Ma dame, devrais-je les arrêter ? » s’enquerra Steffen, paniqué, loyal jusqu’à la fin.

      « Vous entendez la voix du peuple, ma dame », dit Aberthol, montant à côté d’elle. « Vous seriez insensée de le leur dénier. De plus, vous ne le pouvez pas. C’est leur foyer. C’est tout ce qu’ils connaissent. N’affrontez pas votre propre peuple. Ne les menez pas sans raisons. »

      « Mais j’ai une bonne raison », dit Gwen. « Je sais que la destruction est en chemin. »

      Aberthol secoua la tête.

      « Et pourtant ils l’ignorent », répondit-il. « Je ne doute pas de vous. Mais les reines prévoient, pendant que les masses agissent à l’instinct. Et une reine est aussi puissante que le peuple veut bien lui permettre d’être. »

      Gwen se tint là, brûlant de frustration tandis qu’elle observait son peuple défier ses ordres, regagnant la Cour du Roi. C’était la première fois qu’ils se rebellaient ouvertement, qu’ils la défiaient ostensiblement. Elle n’aimait pas la sensation. Est-ce que cela présageait des choses

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