Une Joute de Chevaliers . Морган Райс
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Читать онлайн книгу Une Joute de Chevaliers - Морган Райс страница 7
Mains sur les hanches, Erec se retourna et plissa les yeux, étudiant les terres abandonnées de l’Empire de chaque côté, s’étendant à l’infini, un sol de sable sec et de rocs, dépourvu d’arbres, dépourvu d’un quelconque signe de civilisation. Erec scruta les berges de la rivière et fut reconnaissant, au moins, de ne repérer aucun fort ou bataillon de l’Empire positionnés le long du cours d’eau. Il voulait faire remonter ses bateaux le long de la rivière vers Volusia aussi vite que possible, trouver Gwendolyn et les autres, et les libérer – et sortir de là. Il les transporterait ensuite à nouveau à travers les mers vers la sûreté des Îles Méridionales, où il pouvait les protéger. Il ne voulait pas de distractions en route.
Mais de l’autre côté, le silence menaçant, le paysage désolé, le laissaient aussi inquiet : l’Empire se cachait-il là, attendant en embuscade ?
Il y avait un danger encore plus grand, Erec le savait, qu’une attaque en suspens par l’ennemi, et c’était mourir de faim. C’était une affaire bien plus pressante. Ils traversaient ce qui était essentiellement une étendue désertique, et toutes leurs provisions en dessous étaient presque épuisées. Tandis qu’Erec se tenait là, il put sentir le gargouillement de son ventre, s’étant rationné, lui et les autres, à un repas par jour depuis bien trop longtemps. Il savait que si un lieu d’abondance n’apparaissait pas dans le paysage rapidement, ils auraient un problème bien plus grand sur les bras. Cette rivière se terminerait-elle un jour ? s’interrogea-t-il. Et s’ils ne trouvaient jamais Volusia ?
Et pire : et si Gwendolyn et les autres n’étaient plus là ? Ou déjà morts ?
« Un autre ! » s’écria Strom.
Erec se tourna pour voir un de ses hommes tirer brusquement une ligne de pêche, un poisson d’un jaune vif à l’extrémité, s’agitant sur le pont. Le marin marcha dessus, Erec s’attroupa avec les autres autour et baissa les yeux. Il secoua la tête avec déception : deux têtes. C’était un autre des poissons empoisonnés qui semblait vivre en abondance dans cette rivière.
« Cette rivière est maudite », dit l’homme, lançant la canne à pêche.
Erec retourna au bastingage et étudia les eaux avec dépit. Il sentit une présence et se tourna pour voir Strom venir à côté de lui.
« Et si la rivière ne nous amène pas à Volusia ? » demanda Strom.
Erec remarqua l’inquiétude sur le visage de son frère, et il la partageait.
« Elle nous mènera quelque part », répondit Erec. « Et elle nous mène vers le nord. Si ce n’est pas à Volusia, alors nous traverserons la terre à pieds et combattrons en route. »
« Devrions-nous abandonner nos navires alors ? Comment pourrons-nous fuir cet endroit ? Retourner dans les Îles Méridionales ? »
Erec secoua lentement la tête et soupira.
« Il se pourrait que nous ne le puissions pas », répondit-il avec honnêteté. « Aucune quête d’honneur n’est sûre. Et est-ce que cela nous a déjà arrêtés, toi ou moi ? »
Strom se tourna vers lui et sourit.
« C’est ce pour quoi nous vivons », répondit-il.
Erec sourit et se tourna pour voir Alistair venir de l’autre côté, tenant le bastingage et regardant au loin la rivière, qui se rétrécissait pendant qu’ils naviguaient. Ses yeux étaient vitreux et avaient un air distant, et Erec pouvait sentir qu’elle était perdue dans un autre monde. Il avait remarqué que quelque chose d’autre avait changé à propos d’elle, aussi – il n’était pas sûr de quoi, comme s’il y avait un secret qu’elle retenait. Il mourait d’envie de lui demander, mais il ne voulait pas s’immiscer.
Un chœur de cors sonna, et Erec, alarmé, se tourna et regarda en arrière. Son cœur s’arrêta en voyant ce qui se profilait.
« EN APPROCHE RAPIDE ! » cria un marin depuis le sommet du mât, pointant du doigt frénétiquement. « LA FLOTTE DE L’EMPIRE ! »
Erec courut à travers le pont, retourna à la poupe, accompagné par Strom, se précipitant à travers tous ses hommes, tous prêts à se battre, apprêtant leurs arcs, se préparant mentalement.
Erec atteignit la poupe, agrippa le bastingage puis regarda au loin, et vit que c’était vrai : là, à un méandre de la rivière, à seulement quelques centaines de mètres, se trouvait une rangée de navires de l’Empire, déployant leurs voiles noires et dorées.
« Ils ont dû trouver notre piste », dit Strom à côté de lui.
Erec secoua la tête.
« Ils nous suivaient pendant tout ce temps », dit-il, en s'en rendant compte. « Ils attendaient juste pour se montrer. »
« Attendaient quoi ? » demanda Strom.
Erec se tourna et regarda par-dessus son épaule, vers le haut de la rivière.
« Ça », dit-il.
Strom pivota et étudia le cours d’eau qui se rétrécissait.
« Ils ont attendu jusqu’au point le plus étroit de la rivière », dit Erec. « Jusqu’à ce que nous soyons obligés de naviguer en une seule ligne et trop avancés pour pouvoir faire demi-tour. Ils nous ont exactement là où ils nous veulent. »
Erec regarda à nouveau la flotte, et tandis qu’il se tenait là, il éprouva une incroyable concentration, comme souvent quand il menait ses hommes et se trouvait dans un temps de crise. Il sentit un autre sens s’activer et, comme cela se produisait souvent à des moments similaires, une idée lui vint à l’esprit.
Erec se tourna vers son frère.
« Occupe-toi de ce navire à côté de nous », ordonna-t-il. « Reprends l’arrière de notre flotte. Fais en sortir chaque homme – fais les embarquer sur le navire à côté. Tu m’entends ? Vide ce navire. Quand ce sera fait, tu seras le dernier à le quitter. »
Strom le dévisagea, confus.
« Quand le navire sera vide ? » répéta-t-il. « Je ne comprends pas. »
« Je projette de provoquer son naufrage. »
« De lui faire faire naufrage ? » demanda Strom, sidéré.
Erec opina.
« Au point le plus étroit, où les berges de la rivière se rejoignent, tu mettras le navire de travers et l’abandonnera. Cela créera un blocage – le barrage dont nous avons besoin. Personne ne sera capable de nous suivre. Maintenant pars ! » cria Erec.
Strom se mit en action, suivant les ordres de son frère, à son crédit, qu’il soit d’accord avec ou non. Erec plaça son navire le long des autres et Strom bondit d’un bastingage à l’autre. Quand il eut