Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин

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Jane Austen: Oeuvres Majeures - Джейн Остин

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      Sir Georges avait été très pressant pour que les habitantes de la Chaumière vinssent passer toute la journée le lendemain au Parc. Madame Dashwood avait là-dessus sa petite fierté, et ne se souciait pas de dîner au Parc plus souvent qu’on ne dinait à la Chaumière ; elle refusa donc absolument pour elle, et laissa ses filles maîtresses de faire ce qui leur ferait plaisir. Mais elles n’avaient plus de curiosité de voir rire madame Palmer, bâiller son mari, et d’entendre les éternelles histoires de madame Jennings ; elles essayèrent aussi de s’en dispenser. Le temps était incertain ; elles ne voulaient pas quitter leur mère. Sir Georges avait réponse à tout, et ne voulut entendre aucune excuse. Miss Emma resterait ; il enverrait son carosse. Mesdames Jennings et Palmer se joignirent à ses supplications ; lady Middleton même les pressa de venir. Ils avaient tous l’air de craindre également de rester en famille. Elles furent obligées de céder.

      — Ils sont persécutans, dit Maria, lorsqu’ils furent partis. Le loyer de la Chaumière est bas, mais en vérité, nous payons trop cher encore s’il faut aller amuser tous ceux qui viennent chez eux, ou leur mener tous ceux qui viennent chez nous. Ils pourraient avoir telles visites que vous seriez bien aise de voir, dit Elinor, et nous ne pouvons reconnaître leurs bontés pour nous que par notre complaisance.

      CHAPITRE XX.

       Table des matières

      Le lendemain il pleuvait des torrens ; Elinor et Maria espéraient que ce temps les dispenserait du dîner du Parc ; mais de très bonne heure arriva l’équipage de sir Georges ; il fallut bien aller. Toutes les deux auraient mieux aimé rester à leurs occupations et à leurs pensées habituelles.

      À peine furent-elles entrées au salon, que la petite madame Palmer, aussi joyeuse que la veille, vint à elles les bras ouverts comme si elles eussent été amies intimes, et riant aux éclats : elle leur exprima de sa manière affable et triviale, sa joie de les revoir. Elle s’assit entr’elles deux, et leur prenant à chacune une main : Que je suis enchantée que vous soyez venues, leur dit-elle ; j’en désespérais quand j’ai vu ce temps, et puis j’ai pensé que c’était une raison de plus pour ne pas rester seules chez soi à regarder tomber la pluie. À votre âge le temps ne fait rien quand il s’agit de s’amuser, et nous nous amuserons beaucoup. Il aurait été bien cruel que vous ne fussiez pas venues, car nous repartons demain à ce que M. Palmer vient de me dire ; je croyais rester au moins quatre jours, et j’en étais charmée. Je ne me doutais pas de ce voyage ci ; M. Palmer me dit tout-à-coup l’autre matin : Charlotte, je vais à Barton, voulez vous y venir ? Il est si drôle M. Palmer, jamais il ne me dit rien qu’au moment même. Ce matin il m’a dit en se levant : Charlotte, nous repartons demain. Vous ne sauriez croire combien il est enchanté d’avoir fait votre connaissance ; moi, je suis désolée de vous quitter déjà, mais nous nous retrouverons cet hiver à Londres. (Et sa désolation s’exprima par un éclat de rire).

      Mesdemoiselles Dashwood lui dirent qu’elles n’iraient sûrement pas à la ville.

      Ne pas venir à la ville ! Rester à la campagne après Noël ! Mais c’est impossible, il faut absolument y venir ; je vous arrêterai une charmante maison tout près de la nôtre en Hanovre Square, je vous servirai de chaperon partout où vous voudrez aller quand votre maman voudra rester ; vous savez que les femmes mariées ont ce privilège : et un éclat de rire suivit cette remarque.

      Elles la remercièrent et répétèrent leur intention positive de ne point aller à Londres.

      M. Palmer entra avec sa mine importante et renfrognée. Ah ! mon amour, lui dit sa femme, venez vous joindre à moi pour persuader à ces dames d’aller cet hiver à Londres ; on ne peut rien vous refuser.

      Son amour ne fit aucune réponse, salua légèrement ; puis allant à la fenêtre, il regarda les nuages en étendant les bras et bâillant. Quel horrible temps, dit-il, il fait paraître tout insupportable ! La pluie à cet excès est aussi ennuyeuse en-dedans qu’en dehors : Aussi pour quoi diable ! sir Georges n’a-t-il pas un billard dans sa maison ? que veut-il qu’on fasse chez lui quand il pleut ? À quoi veut-il qu’on s’amuse ? Combien peu de gens savent s’arranger chez eux. Sir Georges est aussi désagréable que le temps. Il s’enfonça dans un fauteuil avec l’air de très mauvaise humeur.

      Le reste de la compagnie entra. Je crains, mademoiselle Maria, lui dit sir Georges, que vous n’ayez pas pu faire aujourd’hui votre pélerinage à Altenham.

      Elle prit un air de dignité et ne répondit rien.

      — Ah ne soyez pas si mystérieuse avec nous, chère Maria, dit madame Palmer, nous savons tout je vous assure, et j’admire votre bon goût, car il est très bel homme, notre terre n’est pas très loin de la sienne, pas plus de neuf milles, je crois.

      — Beaucoup plus de trente, dit son mari.

      — Oh bien c’est à-peu-près de même. Je n’ai jamais vu sa maison, mais on dit qu’elle est très jolie.

      — C’est la plus laide et la plus abominable maison que j’aie vue en ma vie, dit monsieur Palmer.

      Maria garda le silence, mais toute sa contenance trahissait l’intérêt qu’elle prenait à cet entretien.

      — Mon amour, dit madame Palmer en riant, vous êtes en humeur de contredire aujourd’hui.

      — Aujourd’hui comme toujours, répondit-il, quand on dit devant moi des bêtises ou des faussetés.

      Charlotte éclata de rire. Il était impossible d’avoir une gaîté plus soutenue, d’être plus décidée en dépit de tout de se trouver parfaitement heureuse ; l’indifférence étudiée de son mari, son insolence, son mécontentement, son dédain ne lui donnaient aucun chagrin : plus il était dur avec elle, plus elle riait de bon cœur.

      — M. Palmer est si plaisant, disait-elle à voix basse à Elinor, il est toujours de mauvaise humeur.

      Certainement il ne se montrait pas d’une manière aimable ; mais sous cette apparence rude et grossière, Elinor, dont le tact était parfait pour démêler le fond des caractères, crut remarquer par plusieurs petites observations qu’il n’était ni aussi rude, ni aussi mal élevé qu’il voulait le paraître. Son caractère s’était peut-être aigri en découvrant, après quelques mois de mariage, qu’il était enchaîné pour la vie avec une femme assez jolie, très bonne enfant, mais n’ayant pas une idée, et niaise dans toute l’étendue du terme. Son rire éternel finissait par l’impatienter à ne pouvoir le cacher. Il avait de plus cet amour-propre qu’on retrouve chez plusieurs hommes, et souvent même à côté de l’esprit, quoiqu’il n’en soit pas une preuve, et qui lui persuadait qu’il était très supérieur à la plupart de ceux qu’il rencontrait. Sa supériorité sur sa femme était trop décidée pour qu’on pût la contester. Il s’accoutuma bientôt à l’étendre sur tous ceux qu’il voyait ; et c’est là ce qui produisait cet air de dédain et d’ennui de tout, qu’il portait dans le monde. Il croyait se distinguer par là des autres hommes, et c’était son plus ardent désir. Mais Elinor n’en fut pas moins convaincue que s’il pouvait consentir à se laisser aller à son naturel, il pourrait être fort aimable. Elle sentit déjà qu’elle préférait l’inégalité de son humeur, qui n’était pas sans originalité, à la bonne humeur de sa femme, à ses éclats de rire sans sujet qui revenaient à chaque instant, à son ton commun, et à son manque total d’esprit et de tact.

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